Le vice-président en charge de la mobilité chez Intel, Anand Chandrasekher, a démissionné de ses fonctions hier. Il souhaite officiellement « poursuivre d'autres projets », mais les difficultés de l'Ultra Mobility Group à imposer les produits Intel dans les appareils nomades pourraient l'avoir aidé à trouver la sortie.
Pas la peine de chercher du côté d'Intel, il y aura peu d'explications officielles au départ d'Anand Chandrasekher, vice-président senior et responsable de l'Ultra Mobility Group, la division dédiée à la mobilité. Anand Chandrasekher quitte le groupe après 24 années passées chez Intel. La raison avouée de son départ : il souhaite « poursuivre d'autres projets ».
Une nouvelle qui sonne pourtant comme un coup de tonnerre et qui trahit mal un limogeage dans les règles. En effet, depuis des mois les officiels d'Intel ne cessent de se montrer rassurants quant à la stratégie du fondeur sur le marché de la mobilité. Mais les faits sont bien loin de ces discours de façade. Si le groupe a réussi à s'imposer sur le marché des ordinateurs portables avec la marque Intel Centrino dans le début des années 2000, et si Intel s'est également taillé la part du lion sur le marché des netbooks avec son Atom, le même Intel est totalement absent du marché des tablettes et des téléphones portables.
Une réalité qui fait mal, très mal. D'autant qu'Anand Chandrasekher s'est rendu célèbre au fil des ans en présentant des prototypes qui ne sortent jamais dans le commerce. Les fameux MID, ces dispositifs d'accès à l'Internet nomade tant mis en avant par Intel... c'était lui ! Les smartphones avec puce Intel c'était encore lui... Et pendant qu'Intel bataille ferme pour tenter d'imposer ses puces x86 sur les marchés très porteurs de l'ultra-mobilité, à savoir les tablettes et les smartphones, ARM lui équipe déjà la presque totalité des dispositifs concernés. La récente annonce de Microsoft, c'était au CES 2011, de développer une version Windows pour l'architecture ARM, complique encore plus la donne pour Intel qui se trouve maintenant menacé de voir apparaître des ordinateurs portables... équipés en ARM !
Véritable aveu d'échec, le départ d'Anand Chandrasekher ouvre le début d'une nouvelle ère. Ce sont désormais Mike Bell et Dave Whalen qui assureront la direction de l'Ultra Mobility Group, au moins temporairement. Ils sont tous deux vice-présidents de l'Intel Architecture Group (IAG), et chapeauteront donc les deux divisions. Leur nouvelle mission est claire : « Nous continuerons à faire les investissements nécessaires pour assurer la meilleure expérience utilisateurs sur les smartphones et les appareils nomades sur architecture Intel, et pour commercialiser un téléphone cette année, » selon David Perlmutter, vice-président exécutif et chef de l'IAG.
Pour Perlmutter, il n'y a pas lieu de polémiquer : le départ de Chandrasekher ne va rien changer, et Intel reste « engagé » en faveur du mobile. Reste à savoir si Intel parviendra à séduire ses partenaires avec ses prochaines générations de puces Atom pour les smartphones et tablettes. Il semble avéré que Moorestown fut un échec retentissant, reste à savoir si Medfield fera mieux. Et la question que ne tranche pas ce départ est de savoir si l'architecture x86 est effectivement adaptée au monde de l'ultra mobilité. Au vu des déboires d'Intel en la matière, nous émettons quelques sérieux doutes...