Pour graver en 7 nm, et afin d’éviter un nouveau report, Intel appellera peut-être le fondeur taïwanais à la rescousse.
En juillet dernier, le couperet tombait : Intel se voyait dans l'obligation de repousser ses processeurs gravés en 7 nm à 2022. Pour l’épauler dans la production de ces puces, ainsi que celle d’hypothétiques cartes graphiques, le géant de Santa Clara étudie plusieurs options. Parmi elles, une externalisation auprès de TSMC.
Intel, un géant de la conception et de la production
Contrairement à ses concurrents AMD et NVIDIA, qui externalisent la fabrication de leurs puces, faute de posséder leur propre appareil productif, Intel détient plusieurs usines (principalement aux États-Unis et en Israël), qui lui permettent de gérer entièrement sa production.
Cette double casquette concepteur / fondeur offre à l'entreprise de
nombreux avantages. Mais elle induit aussi un inconvénient majeur : si la
branche fonderie marque le pas et ne suit pas les innovations de la branche conception, cela impacte négativement tout le processus.
C’est le problème auquel doit faire face Intel depuis plusieurs années. D’abord confrontée à une pénurie sur le 14 nm, la société a ensuite eu du mal à passer au nœud 10 nm. Difficulté à concevoir des puces ou à les produire ? Difficile de trancher. Toujours est-il que technologiquement, Intel « fondeur » accuse aujourd’hui du retard sur des entreprises comme TSMC, leader mondial du secteur, ou Samsung. D’ailleurs, un important fonds d'investissement a récemment suggéré à la société de scinder ses activités.
La onzième génération de processeurs d’Intel, Rocket Lake-S, qui arrivera dans quelques semaines, est ainsi toujours basée sur un nœud de gravure en 14 nm. Chez la concurrence, notamment AMD, qui externalise déjà sa production auprès de TSMC, le 7 nm est la norme pour les processeurs grand public depuis les Ryzen 3000, pourtant lancés en juillet 2019. Bien que les nœuds ne soient pas exactement identiques (le 14 nm d’Intel est plus évolué que celui de TSMC) le retard est bien réel pour Intel.
Un 10 nm enfin lancé, mais des inquiétudes à propos du 7 nm
Pour le 10 nm, après des mois de tâtonnements, l’entreprise semble finalement avoir trouvé le bon rythme. Les lignes 10 nm de sa FAB 42 sont pleinement opérationnelles depuis octobre 2020. Intel a déjà des processeurs pour ordinateurs portables gravés en 10 nm dans son portefeuille ; pour les PC fixes, le 10 nm sera inauguré par la gamme Alder Lake-S, fin 2021.
En revanche, la situation semble mal engagée pour le 7 nm. Il y a quelques mois, Intel a officiellement reporté de plusieurs mois ses premiers processeurs gravés dans cette finesse ; désormais, ils ne sont pas prévus avant 2022.
Les raisons de ce report ne sont naturellement pas clamées sur les toits, mais la capacité de l’entreprise à produire des puces en 7 nm en ferait partie. Ainsi, en octobre, des rumeurs évoquaient la possibilité d’une externalisation de la production d'Intel auprès de Samsung ou de TSMC ; une première à grande échelle pour la firme.
À l’époque, Bob Swan, P.-D.G. d’Intel, précisait qu’une décision serait prise en début d’année. Nous y sommes, mais l’indécision serait toujours de rigueur. En l’état, selon un rapport de Bloomberg, Intel « garde l'espoir d'améliorations de dernière minute de ses propres capacités de production ».
TSMC a déjà livré un milliard de puces en 7 nm
La décision sera communiquée le 21 janvier
Pour pallier toutes éventualités, l’entreprise serait toutefois bel et bien en discussions avancées avec TSMC et Samsung pour externaliser une partie de sa production. La balance pencherait clairement en faveur du fondeur taïwanais, plus puissant et plus avancé que le coréen.
Cette décision concerne des produits (processeurs ou cartes graphiques) qui seront commercialisés, au mieux, début 2023. Les lignes 7 nm de TSMC, elles, sont bien remplies ; cependant, le fondeur va encore accroître sa capacité de production et propose déjà du 5 nm, ce qui désengorgera d’autres lignes.
Nous serons fixés d’ici 10 jours. Bob Swan assure que la décision d'Intel sera communiquée lors de la publication des résultats financiers, le 21 janvier.
Source : Bloomberg