Intel continue son plan de redressement © Ascannio / Shutterstock
Intel continue son plan de redressement © Ascannio / Shutterstock

Le plan de redressement du géant américain Intel semble devoir se faire sur le dos de l'expansion européenne du groupe.

Pas une semaine ne peut s'écouler sans que des nouvelles nous parviennent autour de la délicate situation d'Intel. Entreprise majeure du monde du semi-conducteur, l'Américaine tente de se repenser.

Le temps presse pour Intel, qui a publié des résultats financiers fort peu rassurants au deuxième trimestre de son exercice fiscal. Comme promis, son patron Pat Gelsinger a tenu à clarifier ses plans pour l'avenir du groupe.

Un nouveau plan d'action sur les rails

À la suite de la publication des (mauvais) résultats financiers d'Intel, Pat Gelsinger avait résumé la situation en deux chiffres frappants. Entre 2020 et 2024, les revenus d'Intel ont baissé de 24 milliards de dollars, alors que, dans le même temps, le nombre d'employés a progressé de 10 %.

Une façon pour le P.-D.G. de souligner l'importance d'un plan de licenciement massif, le plus important de l'histoire du groupe, qui va conduire Intel à se séparer d'environ 15 000 personnes, soit 15 % de sa force de travail. Une solution radicale, mais loin d'être suffisante pour remettre Intel sur la voie du succès, tandis que de colossaux investissements avaient été engagés.

Ces investissements ont, pour la plupart, été largement subventionnés, et ce, que l'on parle des nouvelles structures en Allemagne, en Pologne ou aux États-Unis (Arizona, Nouveau-Mexique, Ohio et Oregon). Le conseil d'administration d'Intel se devait d'agir.

Le nouveau plan d'action décidé par l'entreprise a été publié hier au travers d'une longue lettre de Pat Gelsinger à ses employés, et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce plan ne va pas faire que des heureux… surtout du côté de l'Union européenne, clairement la grande perdante.

Intel Lexlip, l'usine du groupe américain en Irlande © Intel
Intel Lexlip, l'usine du groupe américain en Irlande © Intel

Les nouvelles fabs européennes « sur pause »

Sans qu'il soit (encore ?) question de se séparer de l'activité de fonderie à la manière de ce qu'avait pu faire AMD en 2008, Intel a tout de même acté la création d'une entreprise distincte, Intel Foundry, quoique toujours intégrée au groupe. Cette entreprise, consacrée à la fonderie, dispose de son propre pôle décisionnel et publiant ses propres résultats financiers. Une manière de ne pas plomber les comptes du reste du groupe.

Parallèlement à cela, et c'est là que les grimaces apparaissent, Intel a tout simplement décidé de mettre « sur pause » les investissements en Allemagne et en Pologne sur les usines qui devaient sortir de terre après avoir déjà reçu de larges subsides européens. Plus gênant encore, Intel a indiqué que les chantiers des États-Unis, eux, se poursuivront, alors que le Chips Act a aussi dégagé d'importants fonds pour Intel. Deux poids, deux mesures, comme on dit.

Contrairement à ce que certaines rumeurs avaient avancé, il est toujours question de licencier autour de 15 000 personnes d'ici la fin de l'année, et non 18 000, pendant que le projet de cession d'Altera reste de mise. Enfin, comme pour mieux faire passer la pilule, Pat Gelsinger a insisté sur la collaboration d'Amazon Web Services avec Intel Foundry, un contrat de plusieurs milliards de dollars sur plusieurs années afin de concevoir et produire de nouvelles puces Xeon en 18A (soit 18 angströms, ou 1,8 nm).

D'importantes décisions sont donc prises par le conseil d'administration d'Intel, mais il est encore difficile d'en percevoir la portée exacte. La scission des activités n'est pas au niveau de celle réalisée par AMD, et Intel semble avoir du mal à se faire à l'idée de perdre sa division fonderie.

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