Intel est dans la tourmente, et la situation ne semble pas près de s'arranger. Selon la très bien renseignée agence de presse Reuters, les tests menés sur son processus de gravure 18A n'ont pas été concluants.
Cette technologie fait partie intégrante des ambitions d'Intel, qui a lancé sa division de fonderie en 2021 pour se repositionner comme un leader mondial des puces. C'est d'ailleurs la stratégie phare de son P.-D.G. Pat Gelsinger.
Des sommes colossales ont été mises en jeu dans ce projet. Le fabricant s'est engagé à investir environ 100 milliards de dollars dans l'expansion et la construction de nouvelles usines, uniquement aux États-Unis. Mais visiblement, tout ne se passe pas comme prévu…
Un processus pas viable pour la production de masse
En effet, les tests de son processus de fabrication 18A, menés en partenariat avec Broadcom, n'ont pas été fructueux. Selon les ingénieurs, il n'est pas encore viable pour passer à une production de masse.
En sachant que la fabrication d'une puce avancée s'avère très complexe, avec plus de 1 000 étapes sur environ 3 mois, les répercussions sur les activités d'Intel pourraient être désastreuses, d'autant plus que la firme se trouve déjà dans une position délicate.
Elle a annoncé des pertes importantes de 7 milliards de dollars dans sa division de fonderie et a récemment mené une importante vague de licenciements. Dans quelques jours, Pat Gelsinger prévoit même de dévoiler ses mesures pour réorganiser les dépenses de l'entreprise et réduire ses actifs inutiles.
Conséquences potentiellement désastreuses
La société sait que son réajustement dans le secteur de la fonderie, qui consiste à fabriquer des processeurs pour d'autres entreprises, représente un travail de longue haleine. Elle s'attend à ce que sa division dédiée devienne rentable en 2027, mais ce défaut dans le processus de fabrication, crucial dans sa stratégie, assombrit ses perspectives.
Il pourrait dissuader des clients potentiels de faire confiance à Intel pour leurs besoins en fabrication. Or, le groupe a besoin d'attirer des collaborateurs importants, à l'instar de NVIDIA ou d'Apple, pour faire fructifier ses efforts. Outre des pertes financières encore plus conséquentes, l'incapacité d'Intel à maîtriser rapidement son processus 18A risque de creuser encore davantage l'écart technologique avec ses concurrents.
Interrogée par Reuters, l'entreprise se montre sereine : « Intel 18A est sous tension, en bonne santé, et donne de bons résultats, et nous restons sur la bonne voie pour commencer la fabrication en grande quantité l'année prochaine. » Il n'est pas certain que la direction soit aussi rassurée qu'elle ne le prétend…
Source : Reuters