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Parfois, l'argent est décisionnaire dans une entreprise. Alors quand une assemblée d'actionnaires s'organise pour demander à Microsoft d'améliorer la réparabilité de ses appareils, l'entreprise se tait et prend des notes.

Lundi dernier, Microsoft et l'association de défense des investisseurs As You Sow sont parvenues à un accord concernant le droit à la réparabilité de ses appareils, et donc notamment de ses consoles Xbox, de ses ordinateurs Surface ou de ses smartphones Surface Duo.

Évaluer l'impact positif

En juin, As You Sow proposait à l'assemblée d'actionnaires de Microsoft « d'évaluer les bénéfices environnementaux et sociaux » qu'engendrerait l'amélioration de la réparabilité des appareils que commercialise l'entreprise. Et quelques mois plus tard, la firme de Redmond a décidé d'accéder à cette requête.

D'ici la fin de l'année prochaine, Microsoft s'est donc engagée à étudier l'impact qu'aurait un meilleur accès aux pièces détachées de ses appareils dans la réduction de son empreinte carbone, et à donner suite en mettant en place des actions concrètes — si les conclusions de l'étude sont favorables.

Concrètement, Microsoft promet d'engager un consultant indépendant pour mener cette étude, et à publier un résumé de ses conclusions début mai 2022. Suite à cela, d'ici la fin 2022, elle mettra à disposition de son réseau de réparations de nouvelles pièces détachées et de la documentation supplémentaire pour faciliter la remise en marche des appareils. 

Un horizon encore lointain donc, qui mérite toutefois qu'on en parle en cela qu'il s'agit d'une première dans l'industrie. Comme l'écrit le média américain Grist, « c'est la première fois qu'un constructeur américain accepte de changer sa politique de réparations suite à la pression d'investisseurs. » Une action analogue est d'ailleurs en train d'être menée sur Apple par Green Century, une société de fonds de placement respectueux de l'environnement.

Éviter de consommer neuf

On comprend facilement pourquoi les entreprises sont aussi rétives à permettre à leurs clients de réparer leurs produits facilement. Un appareil réparable n'a pas besoin d'être remplacé ; c'est donc autant d'argent en moins dans les caisses de Microsoft et consorts. Mais à l'heure où les GAFAM enchaînent les beaux discours sur la protection de l'environnement, la déclaration de Microsoft fait date.

D'abord parce que l'entreprise fait ainsi directement le lien entre la possibilité de réparer ses appareils et sa responsabilité environnementale. En effet, l'essentiel des émissions de carbone intervient pendant la phase de production d'appareils neufs. Dans le cas de l'iPhone 13 d'Apple, par exemple, cette étape représente 81 % des émissions, selon un Product Environmental Report de la Pomme.

Ensuite, parce que cette annonce somme comme un désaveu des précédentes tentatives de faire capoter des textes de loi visant à préserver le status quo. Kelly McBee, coordinatrice du programme antigaspi pour As You Sow, raconte en effet que son premier contact avec Microsoft sur ce sujet s'est soldé par un échec. « Nous ne voyons aucune connexion entre amélioration de la durabilité et la réparabilité », lui auraient rétorqué les avocats de l'entreprise. Mais une fois que l'association a capté l'attention des investisseurs, la partition a changé du tout au tout, pour le résultat évoqué plus haut dans cet article.

De son côté, Kerry Sheehan, déléguée américaine à la réparation du site iFixit, s'est félicitée de l'annonce de Microsoft, tout en recommandant la prudence. « C'est un pas dans la bonne direction, dit-elle, mais nous allons surveiller [la mise en place de ces mesures, NDLR] de près ».

Source : Grist