La filiale française du groupe va être amputée de plus de 1 200 emplois, et subir son quatrième plan social depuis 2016.
Nokia s'apprête à licencier autant de salariés en un plan que lors des trois derniers réunis. Dans un communiqué de presse publié ce lundi 22 juin, la société finlandaise a annoncé la suppression de 1 233 emplois issus de sa filiale française, Alcatel-Lucent International. Cela représente un tiers des effectifs hexagonaux de l'entreprise, et vient briser une promesse faite en 2015.
Des salariés « écœurés », qui se sentent « trahis »
Il y a quelques jours, nous apprenions qu'à la date du 22 juin 2020 se tiendrait une session extraordinaire du Comité social et économique en présence des syndicats et de la direction du groupe. Celle-ci a débouché, comme redouté, sur un important plan de suppression d'emplois français de l'équipementier finlandais.
Dans le détail, le groupe compte supprimer 831 postes à Nozay (Essonne), sur les 2 895 que comptait le site à la fin du mois d'avril, et 402 des 772 emplois du site situé à Lannion (Côtes-d'Armor), un plan qui « condamne » ce dernier site, selon un membre de l'intersyndicale CFDT, CFE-CGC, CGT et CFTC d'Alcatel-Lucent.
« Les salariés sont écœurés et se sentent trahis », se laisse aller l'intersyndicale. « Ils sont restés mobilisés pendant le confinement, les charges de travail sont importantes dans toutes les activités, les résultats économiques sont bons, la trésorerie se redresse, les clients pour la 4G/5G sont présents », a-t-elle réagi. En n'omettant pas de préciser que les deux sites étaient particulièrement actifs en recherche et développement sur la 5G.
Nokia change de P-.D.G.
L'État met la pression sur Nokia, friable sur la 5G
Pour Alcatel-Lucent, qui fut autrefois un fleuron industriel français, il s'agit du quatrième plan social depuis le rachat par Nokia en 2016, faisant fi totalement de la promesse initiale faite en 2015 par Rajeev Suri, le patron du groupe, à Emmanuel Macron, alors ministre de l'Économie de François Hollande. Pourtant, en marge du rachat, Nokia avait annoncé la suppression de plus de 1 000 postes. Au total, et malgré l'embauche de 500 personnes en R&D ces dernières semaines, et depuis 2016, ce sont plus de 1 200 emplois qui ont été supprimés au sein de la filiale, le groupe Nokia, lui, totalisant 5 138 salariés en France.
Un peu plus récemment, en janvier 2019, l'actuel ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, avait demandé le maintien de la branche recherche et développement en France et l'assurance de la pérennité des deux sites français. Vexé, Bercy invite Nokia à améliorer son plan et pourrait lui faire des contre-propositions.
Nokia semble en tout cas payer une concurrence féroce sur la 5G qui a fragilisé ses finances ces dernières années et qui lui a fait prendre du retard sur ses rivaux Ericsson et Huawei. En parts de marché, Nokia (18,8%) serait désormais à la traîne sur ses deux concurrents (26,6% pour Ericsson, 33% pour Huawei) sur le marché de la 5G, en plus d'être en proie à un potentiel rachat.