Un nouvel obstacle semble se dresser sur le chemin de NVIDIA, qui a annoncé sa volonté de racheter ARM il y a bientôt un an.
Acquisition monumentale estimée à plus ou moins 40 milliards de dollars, le rachat d'ARM à Softbank par le géant de la carte graphique, NVIDIA, ne semble pas encore près d'être finalisé… si seulement il se fait un jour !
Une atteinte à la sécurité nationale ?
En septembre dernier, NVIDIA avait annoncé ses intentions, et plusieurs acteurs tels Microsoft, Google ou Qualcomm ne donnaient pas l'impression d'être enchantés par la nouvelle. L'opération semblait toutefois ravir le Japonais Softbank, détenteur d'ARM, et ce n'est que plusieurs mois plus tard que les premiers obstacles sont apparus.
Courant avril, le régulateur britannique s'était montré particulièrement réticent. Il n'était alors pas question de blocage, mais Oliver Dowden, secrétaire d'État au Numérique, à la Culture, aux Médias et aux Sports, avait demandé un rapport à la Competition and Markets Authority (CMA), l'autorité britannique de la concurrence.
L'idée était alors de déterminer si l'accord pouvait être considéré comme anticoncurrentiel et de préparer un résumé des problèmes de sécurité nationale soulevés par diverses parties.
Comme prévu, ledit rapport a été livré il y a quelques jours, et à en croire Bloomberg, il évoque « d'inquiétantes implications pour la sécurité nationale ». De fait, le Royaume-Uni serait plutôt enclin à rejeter la prise de contrôle d'ARM par NVIDIA. Bloomberg souligne qu'aucune décision finale n'a pour l'heure été prise et que le Royaume-Uni pourrait encore donner son feu vert… sous certaines conditions.
Semi-conducteurs : sujet de plus en plus sensible
À en croire nos confrères, la balle est dans le camp d'Oliver Dowden qui doit décider si l'acquisition nécessite une enquête approfondie de la part du Royaume-Uni et de son autorité de la concurrence. Une information qui n'a cependant pas traumatisé les investisseurs : l'action NVIDIA est plutôt orienté à la hausse alors que la baisse enregistrée par Softbank est relativement modeste.
Un porte-parole de NVIDIA a souligné la nécessité de poursuivre le projet : « Nous continuons à travailler sur le processus réglementaire avec le gouvernement britannique. Nous attendons leurs questions et espérons résoudre tous les problèmes qu'ils pourraient avoir. » Au contraire, ni la CMA ni le gouvernement britannique n'ont souhaité faire de commentaire.
Située à Cambridge, la société ARM ne bat cependant plus pavillon britannique depuis déjà un petit moment, puisqu'elle a été rachetée par le Japonais Softbank en 2016. La question se pose donc aujourd'hui de savoir en quoi ce nouveau changement de nationalité, du Japon vers les États-Unis, constituerait une menace plus grande encore pour la sécurité nationale du Royaume-Uni.
Une chose est cependant certaine, depuis 2016, le contexte international a changé. Alors que le secteur des semi-conducteurs n'a jamais été aussi sensible et que les pénuries succèdent aux pénuries, l'heure n'est plus à la mondialisation effrénée. Le Royaume-Uni étudie d'ailleurs actuellement le cas de Newport Wafer Fab Ltd., au Pays de Galles, alors que la vente à une entreprise chinoise avait été validée.
Alors que l'examen du dossier ARM par la Commission européenne n'a même pas encore débuté (il devrait démarrer en septembre), on voit que la route est encore longue pour NVIDIA.
Source : Bloomberg