En vente, l'anglais ARM pourrait être racheté par NVIDIA pour plus de 30 milliards de dollars selon les informations de Bloomberg. Un rachat qui a du sens pour NVIDIA, mais qui serait une pure catastrophe pour l'industrie. C'est du moins l'avis d'Hermann Hauser, co-fondateur d'ARM.
En négociation, mais encore loin d'être acté, le rachat d'ARM par NVIDIA pourrait avoir trouvé l'un de ses plus fervents opposants en la personne d'Hermann Hauser. Dans le cadre d'une interview accordée à la BBC, le co-fondateur du géant anglais a indiqué sans détour être opposé à ce projet. Selon lui, un tel rachat fragiliserait l'industrie en mettant un terme à la neutralité d'ARM sur le marché. Hauser estime finalement que l'acquisition d'ARM par NVIDIA n'aboutira pas.
De l'importance de ne pas compromettre la « neutralité » d'ARM
« Pouvoir vendre à tout le monde est l'une des doctrines fondamentales du modèle commercial d'ARM », a expliqué Hermann Hauser au micro de la BBC avant d'évoquer le cas de l'actuel propriétaire d'ARM, le japonais Softbank. « L'avantage de Softbank est qu'il ne s'agit pas d'une entreprise de fabrication de puces, et qu'elle reste neutre vis-à-vis d'ARM. Si ARM devient une partie de NVIDIA, la plupart des marques [profitant des licences ARM] chercheront une alternative, car elles sont concurrentes de NVIDIA ».
En l'occurrence, Hauser fait allusion à Intel, Apple, Qualcomm, TSMC, et Samsung; entre autres… mais il fait aussi un raccourci : toutes ces marques ne sont en effet pas en concurrence directe avec NVIDIA.
Le gouvernement britannique bientôt actionnaire ?
Pour Hermann Hauser, une solution au problème consisterait à impliquer le gouvernement britannique dans ce projet de rachat. Il explique : « La grande opportunité que représente les besoins en liquidités de la Softbank est de ramener ARM à la maison (le Royaume-Uni, ndlr.) et de permettre à l'entreprise d'entrer en bourse, avec le soutien du gouvernement britannique ».
Et pour cause, en permettant à ARM (actuellement détenue de manière privée par Softbank) d'entrer en bourse, la firme pourrait s'ouvrir à une multiplicité d'investisseurs, ce qui garantirait son indépendance. Le gouvernement britannique pourrait alors choisir de devenir actionnaire du groupe afin d'en retirer, par exemple, des bénéfices en matière de création d'emplois en Grande Bretagne. En cas d'entrée en bourse, Apple, NVIDIA, Intel, Google et potentiellement bien d'autres entreprises pourraient être intéressées à l'idée d'acquérir des parts d'ARM.
La cession du groupe anglais prendrait alors la même tournure que la vente de la division mémoire de Toshiba, en 2018. Cette dernière avait été acquise par un consortium constitué notamment d'Apple, Dell, Kingston Technology ou encore Seagate.
Source : Tom's Hardware / BBC