ARM passe à la vitesse supérieure et menace tout bonnement Qualcomm d'annuler sa licence pour l'exploitation de son architecture. Une telle initiative serait catastrophique pour le fabricant américain.
Le rachat de Nuvia par Qualcomm en 2021 est au cœur du conflit. Cette start-up disposait elle aussi d'une licence d'exploitation avec ARM. Pour le géant britannique, l'opération aurait donc dû s'accompagner d'une renégociation des accords existants. Si les droits d'utilisation de Nuvia ont été révoqués en février 2023, et qu'un procès est même prévu pour ce mois de décembre, ARM a visiblement décidé d'aller plus loin en interdisant à son partenaire historique l'exploitation de sa technologie dans l'ensemble de ses processeurs.
Le timing de cette annonce, au même moment que le Qualcomm Snapdragon Summit, semble parfaitement léché. La firme vient tout juste d'y dévoiler son nouveau processeur pour smartphone, le Snapdragon 8 Elite. Il intègre le design de Nuvia, baptisé Oryon…
Qualcomm dispose d'un mois pour agir
Qualcomm dispose désormais d'un mois pour résoudre ce litige, soit en renégociant les termes de son contrat d'exploitation, soit en détruisant les designs ARM de Nuvia datant d'avant le rachat.
L'entreprise dénonce des « menaces infondées conçues pour forcer la main à un partenaire de longue date, interférer avec nos processeurs à la pointe de la performance et augmenter les taux de redevance sans tenir compte des droits étendus que nous confère notre licence d'architecture ».
Il faut dire qu'elle risque très gros. Chaque année, Qualcomm distribue des centaines de millions de processeurs Snapdragon, qui équipent la majorité des smartphones Android. À tel point que ces ventes représentent une grande partie de ses revenus.
« Alors que le procès approche à grands pas en décembre, le stratagème désespéré d'ARM semble être une tentative de perturber le processus juridique, et sa demande de résiliation est totalement dénuée de fondement. Nous sommes convaincus que les droits de Qualcomm dans le cadre de son accord avec ARM seront confirmés. La conduite anticoncurrentielle d'ARM ne sera pas tolérée », fustige un porte-parole du géant des puces.
De partenaires à concurrentes
Cet avertissement intervient alors que Qualcomm et ARM, qui entretiennent une relation commerciale étroitement liée, deviennent également concurrentes sur d'autres marchés. En effet, la société américaine cherche de plus en plus à développer ses propres designs et s'étend vers des domaines comme l'informatique ou l'automobile, également convoités par ARM. D'ailleurs, les travaux de Nuvia sur la conception de microprocesseurs sont essentiels pour les puces PC de Qualcomm axées sur l'intelligence artificielle.
Voir ARM mettre ses menaces à exécution semble néanmoins peu probable, tant ses accords avec Qualcomm jouent un rôle déterminant dans son ambition d'équiper l'ensemble du marché du smartphone. Dans le cas contraire, d'énormes perturbations seraient à prévoir, non seulement dans le domaine du mobile, mais aussi dans les nouveaux PC d'IA, que Qualcomm développe avec Microsoft et HP.