Qualcomm a mis les petits plats dans les grands pour la sortie de ses nouveaux processeurs pour smartphones : les Snapdragon 8 Elite seraient nettement plus performants que la concurrence.
« Aujourd'hui, Qualcomm a dévoilé le Snapdragon 8 Elite Mobile Platform, la puce mobile la plus puissante et la plus rapide au monde » : tels sont les termes employés dans le communiqué de presse envoyé par Qualcomm.
Dans la foulée de ses annonces pour ordinateurs portables, la firme américaine a donc décidé de mettre les bouchées doubles du côté des smartphones afin de concurrencer sans ambiguïté Apple.
Qualcomm profite à son tour du TSMC N3E
« Avec des capacités CPU, GPU et NPU de pointe, le Snapdragon 8 Elite offre des améliorations spectaculaires en matière de performance et d'efficacité énergétique. » Non, décidément, on ne mâche pas ses mots, chez Qualcomm.
À l'occasion du Snapdragon Summit, c'est par la voix de Chris Patrick, vice-président senior et directeur général des téléphones mobiles, que Qualcomm a donc dévoilé la nouvelle puce pour smartphones de la firme américaine. Une puce qui doit permettre à la marque de revenir dans la course et de profiter à son tour du meilleur de la gravure TSMC, le fondeur taïwanais.
Avec le Snapdragon 8 Elite, Qualcomm peut lui aussi se targuer « d'être gravé » en 3 nm, et cela lui permet bien sûr d'entasser davantage de transistors dans ce minuscule SoC. En l'occurrence, c'est le procédé N3E de TSMC qui est ici utilisé, le même qu'emploient déjà Apple et MediaTek.
Oryon, Adreno et Hexagon sont dans un bateau
Qualcomm ne s'est évidemment pas contentée « d'entasser » des transistors, et ce passage au Snapdragon 8 Elite est l'occasion d'introduire l'architecture Oryon, qu'elle avait imaginée pour ses puces à destination du monde PC.
Histoire de faire bonne mesure, ce sont deux cœurs Oryon qui sont même intégrés à ce Snapdragon 8 Elite, des cœurs que l'on peut pousser jusqu'à 4,32 GHz et qui doivent être jusqu'à 46 % plus efficaces que leurs homologues sur les puces PC, smartphone oblige. En revanche, il n'est cette fois plus du tout question d'intégrer de « petits » cœurs basse consommation comme on pouvait en trouver sur le Snapdragon 8 Gen 3. Compte tenu des optimisations dans la gestion des cœurs, ce ne serait plus nécessaire.
Les deux cœurs Oryon ne sont cependant pas seuls, et 6 cœurs hautes performances les accompagnent. Si Qualcomm reste relativement discrète sur leur conception, ces derniers doivent être en mesure d'atteindre jusqu'à 3,53 GHz, et Qualcomm n'hésite pas à parler de 45 % de performances en plus sur un seul cœur comme en multi-core grâce, notamment, au cache combiné de 24 Mo, le plus important sur ce type de puces.
CPU + GPU + NPU : la recette d'un SoC moderne
Il n'est bien sûr plus question de se contenter de cœurs CPU, et le Snapdragon 8 Elite est un SoC moderne qui intègre donc ce qu'il faut de puissance GPU et NPU pour se plier à toutes les exigences.
Qualcomm n'y va d'ailleurs pas avec le dos de la cuillère en annonçant des performances de +40 % pour le GPU et de +45 % pour le NPU par rapport à la génération précédente de ses puces. Bien sûr, il faut toutefois noter qu'à chaque fois, on parle de « jusqu'à +X % ». Il faudra attendre les tests pour en avoir le cœur net, mais Qualcomm souligne que même l'ISP (processeur d'image) profite de gains notables, « jusqu'à +33 % ».
Ce dernier est d'ailleurs en mesure de gérer jusqu'à 3 flux de caméras de 48 Mpix tout en gardant une fluidité de 30 images par seconde. Sur un simple flux de caméra, on peut même atteindre 108 Mpix @ 30 ips, alors que la capture photo grimpe de son côté jusqu'à 320 Mpix.
De l'IA, mais en conservant l'autonomie
Nous le disions, le GPU n'est pas en reste. La solution graphique est toujours un Adreno pour lequel Qualcomm parle d'une nouvelle organisation en « tranches » (slices) pour, bien sûr, des performances toujours plus importantes.
Là, si on parle de « jusqu'à +40 % », comme nous le disions précédemment, on retient aussi qu'à la manière de NVIDIA, Qualcomm aime parler de ray tracing. Sa solution graphique serait ainsi bien plus à l'aise face à ce type de rendu, avec un traitement plus performant de 35 %. Qualcomm précise aussi qu'elle est la première à prendre en charge l'Unreal Engine 5 Nanite, que nous connaissons bien dans le monde du PC.
C'est bien sûr très à la mode, Qualcomm a longuement insisté sur les capacités de son unité neuronale (NPU). Nous avons déjà évoqué les « jusqu'à +45 % » de performances. Pour ce faire, la firme s'appuie sur son architecture Hexagon, laquelle doit permettre la conception de smartphones particulièrement à l'aise dans tout ce qui a trait à l'intelligence artificielle, avec les LLM (large language model) en ligne de mire.
Bien sûr, il ne sera pas question de remplacer les plus puissantes IA, qui se reposent sur d'énormes structures, mais avec le Snapdragon 8 Elite, Qualcomm ambitionne de nous offrir des LLM accessibles « en local », depuis notre smartphone avec une réactivité et une adaptabilité plus importante. Problème, l'IA est connue pour être vorace, mais Qualcomm ne s'en inquiète pas et avance une sobriété remarquable pour sa puce.
Le Snapdragon 8 Elite ne torpillerait donc pas l'autonomie des smartphones. À charge équivalente et performances équivalentes, sa partie CPU serait 44 % moins gourmande en énergie que la génération précédente, et on parle encore d'une sobriété 40 % supérieure pour la partie GPU. Reste à juger sur pièces avec les premiers modèles de chez ASUS, Honor, OnePlus, OPPO, Samsung, Vivo et Xiaomi, pour reprendre les partenaires cités par Qualcomm.