Le géant de la carte graphique ne mettra donc pas la main sur celui qui est présent dans une grande majorité de smartphones.
Ce feuilleton qui nous aura tenu en haleine pendant un peu plus de dix-huit mois semble devoir s'achever, et pas de la meilleure des manières pour NVIDIA qui renonce à ce rachat estimé à 40 milliards de dollars.
L'Américain voulait racheter le Britannique au Japonais
Dès le mois de juillet 2020, nous avions relayé les premières rumeurs d'une offre formulée par NVIDIA pour le rachat d'ARM. Il était alors seulement question de « discussions avancées », mais on évoquait déjà une offre supérieure à 32 milliards de dollars faite à SoftBank.
L'entreprise japonaise détient effectivement la société britannique depuis juillet 2016. À l'époque, elle en avait fait l'acquisition pour la coquette somme de 31 milliards de dollars, mais semble n'avoir jamais été en mesure de profiter de son acquisition.
À l'époque, les autorités de la concurrence n'avait émis aucune objection. En effet, ni client ni fournisseur sur le marché des smartphones, le cœur de métier d'ARM, SoftBank était considéré comme « neutre » sur ce secteur particulièrement concurrentiel.
La crainte d'une manipulation des prix
Les choses sont évidemment bien différentes pour NVIDIA, et seulement quelques semaines après l'officialisation de sa volonté de racheter ARM en septembre 2020, l'Américain a rencontré de multiples oppositions. En premier lieu, ce sont des entreprises comme Microsoft, Google ou Qualcomm qui ont fait part de leurs inquiétudes.
Ces inquiétudes ont ensuite été reprises par les régulateurs britanniques avant que la Federal Trade Commission (FTC) annonce carrément le lancement de poursuites dans le but de bloquer le rachat d’ARM par NVIDIA. La FTC craint effectivement qu'une fois le marché conclus, NVIDIA soit en mesure de restreindre l'accès à la technologie ARM pour certains concurrents et de manipuler les tarifs.
Les avocats de NVIDIA comme ceux de SoftBank ont évidemment tenté d'opposer leur propre point de vue, mais les choses n'avançaient clairement pas en faveur d'une validation de l'opération. En tout début d'année, NVIDIA semblait d'ailleurs résigné et avait informé ses partenaires que l'affaire ne serait jamais validée.
Vers une ouverture d'ARM au public
Aujourd'hui, The New York Times confirme que les négociations sont effectivement stoppées et que NVIDIA a finalement décidé de reculer face aux contraintes. Il s'agit bien sûr d'un sérieux coup d'arrêt pour NVIDIA, mais aussi pour son cofondateur et dirigeant, Jensen Huang.
Ce dernier mise depuis plusieurs années sur la diversification de son entreprise afin d'aller au-delà des solutions graphiques. L'intelligence artificielle et le Cloud sont quelques-uns de ses chevaux de bataille. Mettre la main sur ARM et faire un grand pas en direction du marché des smartphones en était un autre.
NVIDIA n'a encore fait aucune déclaration officielle, mais The New York Times évoque déjà la réaction de SoftBank. La compagnie japonaise envisage toujours de se séparer d'ARM, et puisque le rachat n'aura pas lieu, elle se tournerait vers une ouverture au public, 24 ans après la première introduction en Bourse d'ARM, en 1998.
Source : The New York Times