Cela a déjà commencé. Fin juillet, BlackBerry a signé son premier rachat depuis deux ans et demi, celui de l'allemand Secusmart. Cette société est connue pour sécuriser le smartphone (BlackBerry) de la chancelière allemande Angela Merkel - qui avait été mise sur écoute par la NSA. Ainsi l'ambition du fabricant est d'équiper les responsables politiques à travers le monde et de contrecarrer les plans du Blackphone.
L'entreprise a été reliftée
En janvier, BlackBerry réalisait un investissement dans un centre de recherche aux Etats-Unis, dédié à la sécurité. Une opération qui selon John Chen « permettra de favoriser la création de partenariats pérennes et d'instaurer un dialogue durable, dans le but de créer de meilleurs produits et règles d'utilisation ».Pour remettre BlackBerry sur pieds, le PDG a également revendu des actifs non stratégiques comme par exemple, en début d'année, la majorité de ses biens dans le secteur de l'immobilier commercial. Plus récemment, le canadien s'est séparé de son centre de recherche et développement en Allemagne. BlackBerry essaie également d'optimiser sa chaîne de production grâce à un partenariat avec l'assembleur Foxconn.
Cet accord, quinquennal, porte sur le développement et la fabrication de téléphones pour plusieurs marchés considérés comme étant en forte croissance. Foxconn devrait également gérer les stocks du groupe et permettre d'abaisser le coût de production des smartphones de BlackBerry. Citons enfin la levée de fonds menée par Fairfax (qui devait racheter la société) à l'automne 2013 d'un montant d'un milliard de dollars.
John Chen est « confiant »
C'est à cette période que John Chen a pris la direction de BlackBerry, succédant à Thorsten Heins. Il avait alors déclaré avoir trouvé l'entreprise dans un pire état que ce qu'il avait imaginé. Il faut rappeler qu'en 2009, le canadien occupait le deuxième rang mondial des fabricants de smartphones derrière Nokia et devant Apple. Au deuxième trimestre 2014, BlackBerry a vu sa part de marché tomber à 0,6% selon Strategy Analytics.Pendant ce temps, les finances du groupe continuent de sombrer. Sur l'exercice fiscal 2014, clos en début d'année, BlackBerry a enregistré une perte nette de 5,9 milliards de dollars, neuf fois plus que l'année d'avant. Rattraper le retard sur Android et iOS est devenu impossible, et le canadien ne s'y essaiera pas. Focalisé sur la sécurité mobile, BlackBerry délaisse aussi peu à peu la fabrication de matériel, qui ne comptait plus que 37% de son chiffre d'affaires au dernier trimestre, contre 56% pour les services aux entreprises.
John Chen est connu pour avoir redressé l'éditeur de logiciels Sybase dans les années 1990 puis l'avoir revendu à SAP. Ces derniers mois, il a d'ailleurs recruté plusieurs artisans de cette transformation pour l'aider dans celle de BlackBerry. Maintenant que l'entreprise a « la bonne structure », le patron se dit confiant dans sa capacité à renouer avec la croissance et à sortir du rouge en 2015, mais n'a « plus le droit à l'erreur ». En cas d'échec, John Chen pourrait revendre ou scinder la messagerie BBM, valorisée à 3,6 milliards de dollars.
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