L'association de consommateurs a annoncé jeudi matin avoir déposé plainte contre Samsung qui, selon elle, s'adonne à du fairwashing, une pratique qui consiste en une franche dissonance entre sa communication éthique et la réalité.
Pour l'UFC-Que Choisir, Samsung a menti. L'association de consommateurs a annoncé, jeudi 10 septembre, avoir déposé plainte contre Samsung Electronics France et sa société-mère, Samsung Electronics Co, Ltd, devant le Tribunal judiciaire de Paris. L'organisation accuse l'entreprise de pratiques commerciales trompeuses et de vanter une politique sociale sur le papier irréprochable alors que ses ouvriers travailleraient, pour une partie d'entre eux, dans des conditions inhumaines.
Quand les apparences sont trompeuses
Dans sa plainte, l'UFC-Que Choisir rappelle qu'avant elle d'autres organisations (ONG, journalistes etc.), comme China Labor Watch et Amnesty International, avaient dénoncé les conditions de travail inhumaines des ouvriers de Samsung et de ses fournisseurs. En Chine, les employés doivent faire avec des cadences de travail infernales et des soupçons de travaux forcés d'une minorité ethnique. En République démocratique du Congo, des enfants seraient exploités dans des mines de cobalt tandis que dans le pays d'origine de l'entreprise, la Corée du Sud, des salariés seraient exposés à des produits chimiques toxiques.
Les faits évoqués ne correspondent pas vraiment aux valeurs de Samsung et à la vision de la société, qui se dit déterminée « à devenir une entreprise citoyenne socialement et environnementalement responsable dans toutes ses communautés, de par le monde » et vante « un système de gestion transparent et responsable qui engage toutes les parties prenantes de la chaîne logistique ».
L'UFC-Que Choisir le rappelle très justement : les produits vendus et les prix proposés par une société ne suffisent pas à guider les consommateurs dans leurs choix d'achats finaux. Une enquête menée en 2018 par le cabinet Denjean et Associés montrait que 90 % des personnes interrogées apprécient davantage une entreprise qui donne vie à une politique de responsabilité sociale par rapport à celles qui n'en ont pas.
L'UFC-Que Choisir veut « faire cesser cette mascarade »
Ce désir de « bien paraître » aux yeux des consommateurs et clients potentiels poussent certaines sociétés à communiquer sur leur politique de responsabilité sociale, sur ce qu'elles entreprennent pour améliorer la société dans son ensemble. Parfois, certains groupes communiquent trop, et mal. Lorsqu'on abuse de la pratique, celle-ci se transforme en fairwashing, que certains apparentent à du blanchiment d'éthique.
L'UFC-Que Choisir note que Samsung est régulièrement épinglée en la matière, « pour le décalage entre les valeurs affichées par ses filiales et les conditions de travail au sein de la chaîne logistique ». L'association française appelle d'ailleurs le groupe coréen à « ne pas se retrancher derrière ses fournisseurs ». Désormais, l'organisation veut « faire cesser cette mascarade ».
Avant que l'UFC-Que Choisir ne porte plainte pour pratiques commerciales trompeuses contre Samsung, l'ONG SHERPA et la fédération ActionAid France - Peuples Solidaires avaient déjà déposé plainte, en 2013 et en 2018. Il s'agissait d'ores et déjà de soulever la contradiction entre les engagements éthiques prônés et les violations constatées. L'entreprise n'a pas encore officiellement réagi.
Source : UFC-Que Choisir