Durant le mois de décembre dernier, le piratage du serveur de Sony Pictures et les fuites d'informations confidentielles qui ont suivi ont fait les gros titres. Il en a été de même des accusations du gouvernement américain à l'encontre de la Corée du Nord, ouvertement présentée comme étant à l'origine de cette attaque.
De nombreux médias et analystes ont émis des réserves concernant les accusations proférées par Barack Obama lui-même, et plusieurs théories évoquant des coupables potentiels autres que la Corée du Nord ont alors fait surface. Comment le gouvernement américain pouvait être sûr et certain, aussi peu de temps après l'attaque, de la culpabilité du régime de Pyongyang ? Des éléments de réponses semblent se trouver du côté de la NSA, à en croire un document (PDF) dévoilé par le journal allemand Der Spiegel, et relayé par le New York Times avec des témoignages complémentaires.
En passant par la Chine...
On découvre que la NSA a mis le réseau nord-coréen sur écoute en surveillant les connexions chinoises qui servent d'ouverture vers le monde extérieur à Pyongyang, tandis que la Corée du Sud a apporté sa collaboration pour surveiller le réseau à l'intérieur du pays. Un travail de longue haleine, qui a permis, à partir de 2010, de surveiller les communications de la Corée du Nord à l'aide de logiciels malveillants déployés sur les machines permettant de communiquer à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Le principal service de renseignement du pays, qui disposerait d'une unité secrète dédiée au piratage, aurait été ainsi épié pendant de longues années.Parmi les informations récoltées se trouveraient des preuves de la culpabilité de la Corée du Nord dans l'affaire du piratage de Sony Pictures. Des informations qui auraient rapidement convaincu Barack Obama d'accuser le pays de Kim-Jung Un et d'amorcer des sanctions économiques rapidement. « M. Obama est généralement prudent avant de tirer des conclusions à partir d'informations de ce type. Mais dans ce cas, il n'y avait aucun doute » explique un responsable des forces américaines au New York Times.
Ces nouvelles informations soulèvent de nouvelles questions, notamment concernant la capacité de la NSA à anticiper des attaques. On peut se demander pourquoi les services secrets n'ont rien fait pour empêcher le piratage d'avoir lieu s'ils avaient en main des indices concernant une attaque imminente. Par ailleurs, ces révélations risquent de ne pas calmer Pyongyang, déjà très agressif suite aux accusations du gouvernement américain.
Le piratage des serveurs de Sony semble désormais bien loin d'être la principale préoccupation dans cette affaire, qui pourrait prendre une tournure de plus en plus politique, et raviver massivement les tensions autour du cyberespionnage.
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