La Chine vient d'être condamnée devant l'OMC pour ses politiques de restrictions à l'export sur les matières premières, notamment celles utilisées par l'industrie technologique. Une décision qui arrive alors qu'une question similaire se pose sur les terres rares, particulièrement exposées par l'actualité en ce moment.
Décidément, certaines annonces arrivent à point nommé. C'est ce qu'a dû se dire l'Organisation mondiale du commerce (OMC) lorsque des chercheurs japonais ont annoncé récemment avoir découvert un gisement de terres rares - des métaux utilisés dans un certain nombre d'applications technologiques - qui pourrait bouleverser le marché mondial si jamais il s'avérait exploitable. Car après le vote d'hier à l'OMC, qui condamne la Chine pour abus de position dominante dans la commercialisation des matières premières utiles aux marchés des nouvelles technologies, c'est aux terres rares que l'organisation pourrait s'en prendre.
Désormais, les Etats qui ont porté plainte vont pouvoir se concentrer sur les terres rares, dont la production et la commercialisation sont verrouillées par la Chine. Elles sont indispensables pour certaines applications : rayonnement LED, batteries NiMH, etc. Tout ce que la terre compte de smartphones, tablettes, éoliennes, etc, comprend des terres rares, à 90% en provenance de Chine. Ce qui ne plaît pas aux Etats-Unis, à l'Union européenne, et au Mexique, ceux-là même qui ont porté plainte devant l'OMC sur la question des matières premières.
Selon les trois pays, des limites à l'export imposées par la Chine favorisent les entreprises nationales, au détriment des champions américains, européens ou asiatiques non-chinois. La Chine est en train d'étudier ses options, mais pourrait faire appel de ce qui constitue, selon le représentant américain Ron Kirk, « une victoire significative pour les fabricants et travailleurs des Etats-Unis et du reste du monde. » Il y a cependant de grandes chances pour qu'elle fasse appel de la décision de l'OMC.
Pour elle, les restrictions à l'export sont nécessaires pour ne pas épuiser trop vite les ressources naturelles, et lutter plus efficacement contre les gaz à effets de serre et la pollution en général. Sauf que la Chine n'est pas parvenue à en faire la démonstration, selon l'OMC.
Sur les terres rares, la situation est un peu différente, mais les enjeux sont les mêmes. La Chine contrôle et verrouille la commercialisation mondiale, et pourrait décider de réduire encore ses quotas, faisant monter d'autant les prix. L'arrivée du Japon comme gros producteur pourrait certes changer la donne, mais le grand rival de la Chine, même s'il est capable d'extraire ses terres rares du sous-sol du Pacifique, ne devrait pas être significatif sur le marché avant une dizaine d'années.