La filiale Cloud d’Amazon a présenté, cette semaine à Las Vegas, ses plans pour atténuer son impact carbone. Ils passent par une meilleure utilisation et redistribution de l’eau consommée dans ses data centers.
Welcome to Las Vegas, où était réunie cette semaine une partie des membres de l’imposante communauté mondiale du Cloud, pour assister aux conférences et autres spectacles de l’événement AWS re:Invent 2022, installé dans le plus grand hôtel de la ville du péché, au Venitian Resort. Une sorte de Disneyland à la sauce Sin City, où Amazon Web Services, l’un des gros poissons du Cloud, a fait des annonces majeures pour son futur, avec l’initiative Water Positive.
AWS veut mieux gérer l’amont et l’aval de sa consommation d’eau
L’eau est une ressource précieuse. En moyenne, Amazon Web Services utilise 0,25 litre d’eau par kilowattheure d’électricité dans ses centres de données et il n'est un secret pour personne que l'industrie du Cloud consomme aujourd’hui des milliards de litres d’eau. Inquiétant, alors que le réchauffement climatique pourrait aboutir à un déficit d’eau potable à hauteur de 50 % de la population mondiale, et ce, d’ici 2025.
Lors du AWS re:Invent, Amazon Web Services a pris l’engagement de restituer plus d’eau qu’elle n’en consomme, cela d’ici la fin de la décennie. Comment ? En menant à bien ce que la firme appelle l’initiative « Water Positive ».
AWS s'engage à rendre compte, chaque année, de sa mesure d’efficacité de l’utilisation de l’eau (WUE), ainsi que des efforts accomplis dans la réutilisation et le recyclage de l’eau utile à ses installations. « La rareté de l'eau est un problème majeur dans le monde et avec l'annonce positive d'aujourd'hui, nous nous engageons à faire notre part pour aider à résoudre ce défi en croissance rapide », expliquait cette semaine le patron d’AWS, Adam Selipsky. « D’ici 2030, on rendra plus d’eau aux communautés qu’on en consomme », nous confirme le directeur général d’AWS France, Julien Groues.
Pour réduire sa consommation d’eau, l’entreprise utilise ses services Cloud pour identifier en temps réel les fuites. Elle indique aussi avoir banni l’eau de refroidissement dans certains de ses centres de données, et ce, pendant une majeure partie de l’année. En Irlande et en Suède, deux pays au climat plutôt frais il est vrai, on sait qu’AWS n’utilise pas d’eau pour refroidir ses data centers pendant 95 % de l’année. Un système de traitement de l’eau sur site lui permet aussi d'utiliser l’eau plusieurs fois.
Une eau usée, certes, mais redistribuée à des acteurs locaux
Arrive ensuite la question des sources d’eau. AWS nous parle de « sources d’eau durables ». L’entreprise utilise de l’eau recyclée et collecte les eaux de pluie dès lors que cela est possible, sans plus de précisions. En Virginie du Nord, aux États-Unis, Amazon Web Services a collaboré avec Loudoun Water, la compagnie des eaux locale, pour devenir le premier opérateur de Cloud de l’État à être autorisé à utiliser de l’eau recyclée. Cette eau est sollicitée par les systèmes de refroidissement par évaporation directe. Ce ne sont pas moins de 20 data centers qui aujourd’hui utilise de l’eau recyclée. Et l’initiative Water Positive devrait contribuer à gonfler ce chiffre.
Se pose ensuite la question de l’utilisation, ou plutôt de la réutilisation de l’eau de ces centres de données par la communauté. Bien qu’usé, le liquide reste sans danger pour de nombreuses applications. C’est ainsi que dans l’Oregon, AWS fournit jusqu’à 96 % de l’eau de refroidissement aux agriculteurs. Ces derniers s’en servent, gratuitement, pour irriguer leurs champs de blé, de soja et de maïs.
Des initiatives partout dans le monde
Pour donner pleinement vie au processus de réapprovisionnement en eau, AWS entend contribuer à restaurer les bassins versants, en apportant des services d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène aux communautés qui ont des difficultés d’accès à l’eau. L’entreprise nous indique fournir chaque année 1,6 milliard de litres d’eau douce aux habitants de communautés situées en Inde, au Brésil, en Indonésie et en Afrique du Sud.
En Inde justement, AWS s’est associée à une ONG, Water.org, pour fournir à 250 000 personnes un accès à l’eau potable et à l’assainissement. Cinq systèmes d’eau courante ont déjà vu le jour. De nouveaux projets de recharge des eaux souterraines ont été lancés, pour alimenter de nouveaux foyers.
Au Royaume-Uni, AWS travaille avec deux associations pour créer deux zones humides sur un affluent de la Tamise, qui constitue l’un des bassins versants les plus importants outre-Manche. Les zones humides rechargeront plus de 587 millions de litres d’eau souterraine par an. Elles amélioreront ainsi la qualité de l’eau, en traitant les eaux de ruissellement qui ont été polluées par des fermes et des routes.
Enfin, AWS aidera à recharger, dès cet hiver et chaque année, quelque 189 millions de litres d’eau souterraine dans le district d’Omochumne-Hartnell (à Sacramento, en Californie) grâce à l’utilisation de l’eau d’hiver provenant de la rivière. L’eau pourra ainsi s’écouler à travers la nappe phréatique et revenir dans le bassin versant de Sacramento et de San Joaquin, en augmentant les débits d’eau lorsque nécessaire, pendant les mois d’été par exemple, particulièrement chauds et secs dans la région. L’initiative permettra d’abaisser la température de la rivière et d’augmenter les débits estivaux dans le delta de la baie de San Francisco, source d’approvisionnement majeure en Californie.
AWS, toujours plus verte ?
La question autour de la consommation colossale des data centers se pose. Et les initiatives menées par AWS ne nous empêchent pas de penser que l’entreprise (ainsi que ses concurrentes) consomme de plus en plus de données, et possède de plus en plus de data centers, qui accroissent le phénomène.
« Nos data centers sont cinq fois plus efficaces qu'un centre de données medium en Europe », explique Julien Groues à Clubic. « Basculer ses applications et ses données chez AWS, c'est s’assurer de 80 % de réduction de consommation d'énergie et d'émissions de CO2 », ajoute-t-il. « On peut contribuer à cet élan et aller vers la réduction de l'impact du numérique sur la planète ».
L'objectif d'Amazon est d’atteindre, d’ici 2040, la neutralité carbone. Soit 10 ans avant l’objectif fixé par l’Accord de Paris.