Le sommet du G8, qui se tient depuis lundi à Dublin, est l'occasion pour les États-Unis de placer ses pions en matière de cyberdéfense. Barack Obama et Vladimir Poutine ont en effet conclu un accord sur le sujet, annonce le Washington Post sur son site internet.
Ce pacte vise à réduire les risques de cyberconflits et à mettre en place un système de contact en temps réel entre les autorités de cyberdéfense américaines et leurs homologues russes. La lutte contre le terrorisme et les armes de destruction massive figureraient également dans le processus.
« Nous reconnaissons que les menaces relatives à l'usage des technologies informatiques comprennent des enjeux politico-militaires, criminels et terroristes, et représentent l'un des challenges concernant la sécurité nationale et internationale les plus sérieux auxquels nous ayons fait face au cours du 21ème siècle », ont déclaré les deux chefs d'État dans un communiqué commun. « Nous voyons cette coopération comme essentielle pour assurer la sécurité de nos pays », ont-ils ajouté.
Un groupe de travail lancé en juillet
L'accord prévoit la mise en service d'une ligne téléphonique directe et sécurisée entre les autorités de cyberdéfense des deux pays pour leur permettre d'échanger instantanément en cas de crise. Outre ce « téléphone rouge 2.0 », le pacte devrait permettre aux deux puissances d'échanger directement des données. Ces dernières seront néanmoins débarrassées de toute possibilité d'identification personnelle. Il s'agira par exemple de communiquer des adresses IP renvoyant vers des machines suspectées d'abriter des activités illicites.
Enfin, un groupe de travail commun devrait être créé le mois prochain pour entamer les discussions concernant les menaces les plus vives en matière de cyberdéfense et lancer les premières pistes pour les mettre à mal.
Ce n'est pas la première fois que les États-Unis cherchent à collaborer avec une puissance étrangère en matière de cyberdéfense. Le 7 juin dernier, Barack Obama avait ainsi rencontré à Rancho Mirage en Californie son homologue chinois, Xi Jinping pour parler notamment de cyberdéfense. Les États-Unis souhaiteraient lancer un cycle de négociations et de discussions régulières sur le sujet.
Les tensions restent vives entre les deux pays, chacun accusant l'autre d'user massivement de cyberattaques. La Chine a ainsi affirmé détenir « des tonnes de preuves » révélant des cyberattaques américaines. De son côté, le Pentagone a clairement pointé du doigt les agissements de Pékin, l'accusant de tenter de récupérer des informations sur les moyens de défense américains et de nombreuses entreprises.
Dans le cas de la Chine comme de la Russie, il y a un travail diplomatique de surface qui laisse présager une coopération grandissante entre les États. Reste que de nombreux soupçons demeurent dans une logique plus souterraine. En 2011, la Russie avait ainsi été soupçonnée d'avoir fomenté une attaque Ddos à l'encontre de la plateforme de blogs LiveJournal, par l'intermédiaire d'un groupe de hackers nationalistes issus de la jeunesse poutinienne Nashi. L'un d'entre eux avait par ailleurs affirmé avoir contribué aux cyberattaques perpétrées contre l'Estonie en 2007.