© Google
© Google

Le géant Google n'est, sur le principe, pas opposé à une nouvelle régulation, notamment les DSA et DMA, discutés au sein des instances européennes. Mais l'entreprise alerte sur les risques liés à cette future réglementation.

Jeudi, les ministres du Conseil de l'Union européenne se sont mis d'accord sur une réglementation visant à mieux encadrer et réguler l'activité des géants du numérique, parmi lesquels Google. Dans un entretien accordé à nos confrères des Échos, Matt Brittin, le patron de Google Europe et Afrique, a reconnu la pertinence des deux textes, le DSA et le DMA, qui seront bientôt discutés au Parlement européen, avant leur possible adoption. Et le dirigeant souhaite que celle-ci intervienne vite, « dans les douze prochains mois ». Il met tout de même quelques bémols à cette entreprise en indiquant qu'une réglementation fragmentée pourrait faire émerger en Europe un « Web de deuxième classe ».

Le nombre d'entreprises visées par le DSA et le DMA devrait être étendu, selon Matt Brittin

Il y a un an, Matt Brittin craignait que le DSA (Digital Services Act), le texte destiné à mieux encadrer les contenus des grandes plateformes, et le DMA (Digital Markets Act), visant à prévenir les abus de position dominante des géants du numérique, puissent nuire à l'innovation. Mais la pandémie est passée par-là, et à présent, le président de Google Europe affirme qu'il faut « avancer sur cette nouvelle régulation au plus vite » et aboutir à un résultat concluant dans les douze prochains mois, ce que souhaitent ardemment la France et Bruno Le Maire au passage.

« Avec des règles à jour, l'Europe pourra avoir les meilleurs outils, les meilleures compétences, les meilleures chances d'être un acteur compétitif dans ce monde numérique », poursuit le dirigeant.

La double réglementation prévue par l'Europe, qui pourrait être adoptée dans les prochains mois, ne vise que les plus grands services numériques, comme Google. Matt Brittin fait part de sa « préoccupation » à ce sujet. Selon lui, le fait que les deux textes ne concernent principalement que cinq grandes entreprises semble injuste. « Aujourd'hui, moins de 30 % des recherches pour un produit, une réservation d'hôtels ou de vols commencent par Google. D'autres sociétés sont largement influentes, dont certaines viennent de Chine », rappelle-t-il.

Le DMA pourrait constituer un frein à l'innovation, aux yeux de Google

Ce que redoute Google, c'est la possible suppression de services de base, avec l'entrée en vigueur du DMA. Se voir proposer une carte avec l'emplacement des restaurants environnants lorsque vous faites une recherche pour de la nourriture à emporter est un exemple. L'interdiction de coupler des services pourrait obliger Google à s'acquitter « de lourdes procédures administratives avant même de lancer quoi que ce soit », ce qui serait un frein à l'innovation à ses yeux.

Pour Brittin, l'entrée en vigueur des restrictions supposées du DMA pourrait aussi bien être positive que menaçante pour l'Europe, avec la possibilité de « se retrouver avec un Web de deuxième classe, au moment où ils (les Européens) ont besoin du meilleur pour se relever de la pandémie ».

Lors de son entretien, Matt Brittin a aussi évoqué la publicité ciblée, dont le Parlement européen souhaiterait une interdiction. Là-dessus, Brittin reconnaît la nécessité d'un contrôle sur le fonctionnement de la publicité et le fait qu'elle doive être plus rémunératrice pour l'éditeur. Privacy Sandbox et FLoC, de Google, font partie des pistes de travail pour le futur de l'outil publicitaire. Il affirme en parallèle qu'une suppression pure et simple de la publicité ciblée entraînerait un effondrement des recettes des éditeurs en ligne, à hauteur de 80 %.

Source : Les Échos