© Boguslaw Mazur / Shutterstock
© Boguslaw Mazur / Shutterstock

Face à la hausse du volume de matériel pédopornographique sur Internet, l'UE veut accroître la surveillance en ligne, quitte à ce qu'il y ait des conséquences sur le respect de la vie privée.

Constatant une augmentation conséquente des contenus pédopornographiques en ligne, notamment depuis le début de la pandémie, l'Union européenne se dote de règles temporaires pour tenter d'endiguer le phénomène.

Une mesure temporaire en attendant une loi permanente

Les députés européens ont adopté par 537 voix pour, 133 contre et 24 abstentions une nouvelle directive destinée à « mieux protéger les enfants contre les abus et l’exploitation sexuels lorsqu’ils utilisent des services de courrier électronique, de conversation en ligne et de messagerie ».

Il s'agit d'une dérogation temporaire à l’article 5, paragraphe 1, et à l’article 6, paragraphe 1, de la directive 2002/58/CE, qui prévoit de protéger la confidentialité des communications et des données relatives au trafic.

D'une durée de trois ans, cette dérogation permet aux fournisseurs de service de lutter plus efficacement contre la pédopornographie en ligne. Néanmoins, cette surveillance accrue doit se faire sur la base du volontariat et en ayant recours aux technologies les moins intrusives possibles, précise le texte.

Un risque pour la vie privée ?

Le Parlement européen explique que les nouvelles règles ne s'appliquent pas aux communications audio : les plateformes ne reçoivent donc pas l'autorisation de nous écouter. Elles peuvent toutefois recourir au hachage informatique pour analyser des images et des vidéos, ainsi qu'à des classificateurs et à l’intelligence artificielle pour analyser du texte ou des données relatives au trafic.

« Cet accord est un compromis qui permet de détecter les abus sexuels d’enfants en ligne et de protéger les données à caractère personnel des utilisateurs. Ce n’est peut-être pas parfait, mais c'est une solution temporaire viable pour les trois prochaines années », estime Birgit Sippel députée européenne allemande et rapporteur de cette législation.

Elle souligne en revanche l'urgence qu'a la Commission européenne de proposer une solution à long terme. Elle souhaite entre autres que les systèmes mis en place ciblent de manière plus précise l’analyse des communications privées afin de garantir la protection des données.

Certaines voix commencent déjà à s'élever contre ce projet, considéré comme pouvant devenir une porte ouverte à une future surveillance de masse.