Des scientifiques du MIT ont réussi à lire une missive datant de 1697 en la gardant pliée et scellée. Ils se sont pour cela servis d’un scan supporté par un algorithme d'intelligence artificielle.
Cette expérience pourrait constituer une avancée considérable pour la manipulation et la lecture de documents anciens.
Un origami numérique inversé
Une équipe composée de chercheurs, restaurateurs d'objets anciens, historiens et autres spécialistes de l'imagerie s'est livrée à une sorte de jeu d’origami inversé et numérique. Leur objectif : arriver à lire quatre courriers, sans les ouvrir ni les décacheter. Ceux-ci sont issus d’une vieille malle du XVIIe siècle renfermant des lettres jamais remises à leur destinataire, dont environ 500 n'ont jamais pu être ouvertes.
Les lettres de cette collection sont pliées selon une technique qui assurait la confidentialité du courrier. Faisant tout à la fois office d’enveloppe, elles étaient ainsi fermées de façon parfois étrange et cachetées avec un sceau. Impossible de les ouvrir sans les abimer donc.
En mettant en commun ses savoir-faire, l’équipe pluridisciplinaire
a pourtant réussi à lire une de ces lettres sans l’abimer. Une technique de microtopographie aux rayons X a d’abord été utilisée afin de scanner la missive. Cette méthode utilisée notamment par les dentistes consiste à reconstituer une image en volume à partir d’une radiographie sur 360 degrés. Et ici, « les scans sont exceptionnels », a déclaré Amanda Ghassaei, chercheuse indépendante et membre de l’équipe.
Ensuite, un algorithme a permis d’« ouvrir » la lettre, partant de la reconstitution numérique de la lettre pour parvenir à l'aplanir. Un développement réalisé grâce à l’étude préalable de 250 000 lettres historiques, qui a permis de cataloguer différentes techniques de verrouillage de ces missives. À noter que l’algorithme est en accès libre sur GitHub.
Une missive datant de 1697 signée Jacques Sennacques
Cette méthode a permis d’accéder à de véritables moments de vie. L’équipe a ainsi pu lire une lettre de 1697, où un certain Jacques Sennacques demande à son cousin une copie certifiée conforme du certificat de décès d’une tierce personne. L’usage de ces nouvelles techniques permettrait de développer notre compréhension sur cette époque, et la manière dont étaient « verrouillées » les lettres au fil du temps.
Ce travail interdisciplinaire pourrait aussi permettre aux historiens d’étudier, sans risquer de les abimer, des documents endommagés,
ou difficilement manipulables.
Source : Scientific American