La nouvelle était attendue depuis quelques semaines : le Premier ministre croate Andrej Plenković a confirmé vendredi 28 mai que la force aérienne croate allait acquérir 12 avions de combat Rafale, prélevés sur les effectifs de l’Armée de l’Air française. S’il s’agit d’un petit marché, il n’en reste pas moins historique, à plus d’un titre.
Après un premier achat par la Grèce et une nouvelle commande égyptienne, ce devrait être la troisième vente à l’exportation cette année.
2021 : année faste pour le Rafale
À l’automne dernier, la Grèce confirmait son intention d’acheter 18 Rafale à la France, dont 12 appareils d’occasion et 6 avions neufs. Cette commande aura finalement été validée en début d’année. Plus récemment, c’est l’Egypte qui confirmait une commande de 30 appareils neufs, venant compléter ses deux douzaines de Rafale acquis en 2015. Or comme l’Inde et le Qatar, les deux autres clients étrangers du Rafale, la Grèce et l’Egypte sont des acheteurs historiques de l’avionneur Dassault Aviation, et des utilisateurs satisfaits du Mirage 2000 français.
Avec cette vente à la Croatie, la France positionne pour la première fois le Rafale auprès d’un nouveau client. En effet, les seuls chasseurs croates actuels sont d’antiques MiG-21 de l’ère soviétique. Confronté au Gripen suédois, taillé sur mesure pour le remplacement des MiG-21, ainsi qu’au F-16V Viper américain, qui a largement séduit ces dernières années en Europe de l’Est, les autorités françaises ont su convaincre en proposant un appareil d’occasion à prix réduit, mais qui reste encore très performant.
Zagreb devra tout de même débourser près d’un milliard d’euros pour son nouvel escadron de combat. Les appareils étant issus des effectifs de l’Armée française de l’Air et de l’Espace, ils pourront être livrés entre fin 2023 et début 2025, pour peu que le contrat soit signé cette année.
À noter que la vente est réalisée par le gouvernement français, et non par Dassault Aviation. Mais cela reste une bonne opération pour l’avionneur, qui dispose d’un nouveau client à l’heure où il cherche à séduire de nouveaux clients, dont la Finlande, la Suisse et l’Indonésie, qui ne sont pas non plus des utilisateurs du Mirage 2000.
Le mauvais jeu de Washington
Techniquement, le Rafale au standard F3R a de quoi séduire par ses qualités propres. Très fiable, il peut être équipé d’un radar à balayage électronique actif (AESA), du missile air-air à très longue portée METEOR, et d’une nacelle de reconnaissance AREOS (RECO-NG) particulièrement performante.
Mais ici, l’offre française a bénéficié d’un coup de pouce inattendu… de Washington. Initialement, la Croatie avait bel et bien cherché à s’équiper en F-16 américains. Mais pour des questions de coût, Zagreb s’était tourné vers l’achat de chasseurs d’occasion israéliens. Une vente pour laquelle l’administration Trump avait posé son véto en 2019.
Si la nouvelle administration a usé de toutes les pressions possibles pour convaincre la Croatie d’acheter des F-16V neufs, bien plus chers que les Rafale d’occasion, il semble bien que Zagreb n’ait pas apprécié les manœuvres de son principal allié d’outre-Atlantique.
Source : Le Monde