Runet, l'internet russe, va-t-il être prochainement lancé ? Une information mal interprétée a conduit à croire que le gouvernement russe a préparé sa sortie du réseau internet mondial le 11 mars dernier.
S'il s'agit avant tout de faire face aux milliers de cyberattaques en Russie dans le cadre du conflit en cours en Ukraine, Runet est néanmoins prêt à être employé.
Une mésinterprétation d'une lettre officielle émanant du gouvernement russe
Le 11 mars 2022 aurait pu constituer le jour où la Russie décidait de suivre les pas de la Chine en lançant son propre réseau internet. En réalité, il n'en est (pour l'instant) rien. À l'origine de la méprise, un tweet émanant du média biélorusse Nexta qui a diffusé une lettre provenant du vice-président de la Fédération de Russie délégué au Numérique, Andrei Chernenko. Or, contrairement à ce qui a été préalablement annoncé, celle-ci ne contient pas l'ordre d'engager une sortie de la Russie de l'internet mondial.
Plus précisément, M. Chernenko y demande un transfert de tous les sites d'État de la Fédération au sein de services d'hébergements russes pour le vendredi 11 mars 2022 au plus tard. Selon PrivacyHub, le vice-président délégué au Numérique ordonne également que « tout le code JavaScript téléchargé à partir de sources étrangères soit supprimé et d'opter pour des serveurs DNS situés en Russie ». Les réactions suscitées par une potentielle sortie de la Russie du réseau internet mondial traduisent néanmoins un enjeu de taille, surtout dans le contexte actuel.
En effet, Runet, le réseau internet russe, est prêt à être employé depuis maintenant trois ans. Le Kremlin a néanmoins communiqué qu'il n'avait aucune intention de quitter le réseau internet mondial : il a simplement décidé de renforcer ses défenses alors que le pays fait face à de multiples cyberattaques.
Face aux menaces et sanctions toujours plus nombreuses, Runet constitue une riposte idéale pour Moscou
Outre vouloir quitter le réseau internet mondial, Moscou peut trouver plusieurs intérêts à lancer Runet. Il pourrait par exemple s'agir d'un moyen pour la Russie de s'affranchir partiellement de la guerre d'information qu'elle peine à mener en dehors de ses frontières. En d'autres termes, en proposant ses propres services d'information ou encore ses propres réseaux sociaux en circuit fermé, le contrôle sur l'information de la population russe n'en serait que renforcé. Runet pourrait constituer un instrument de propagande plus efficace au service du pouvoir.
Enfin, si les demandes officielles de l'Ukraine de couper les accès russes au réseau internet mondial sont, pour l'instant, restées lettre morte, il n'y a aucune certitude que cela ne puisse pas advenir. Pour preuve, les sociétés Lumen et Cogent, deux fournisseurs de dorsales d'internet ont coupé les accès de la Russie à leur réseau. En conséquence, avec Runet, la Russie se tient prête à réagir en cas de nouvelles sanctions, mais pourrait aussi prendre les devants à sa guise.
Sources : ZDNet, PrivacyHub, Le Nouvel Obs, Usine Digitale