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Pourtant régulièrement accusée de laxisme en la matière, la modération de Facebook s'est d'abord montrée inflexible en ce qui concerne les contenus parfois violents postés par des opposants au régime de Téhéran.

La décision de la maison mère de Facebook de censurer un post montrant une caricature d'Ali Khamenei, dirigeant religieux du régime iranien, accompagnée d'un appel à le tuer, a été largement critiquée en Iran. Le conseil d'administration de l'entreprise a annoncé ce mardi s'être réuni pour réfléchir à peut-être apporter des exceptions à sa politique de contenu interdisant les appels à la violence. La décision concernant le post en question a été annulée, il est donc à nouveau disponible sur Facebook.

Les réseaux sociaux, instruments stratégiques de la contestation iranienne

Utiliser les moyens de communication modernes, Internet et les réseaux sociaux en tête, pour critiquer les gouvernements autoritaires est depuis des années devenu la norme. Ces canaux servent notamment à organiser la contestation, même quand les régimes critiqués font tout pour contrôler l'accès au Web de leurs populations. Cette tendance a véritablement explosé au début des années 2010, lorsqu'une vague de révolutions dans les pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient a tenté, avec plus ou moins de réussite, de renverser les régimes en place. Et la formidable contestation populaire qui est née en Iran le mois dernier n'échappe pas à la règle.

Le 16 septembre, lorsque Mahsa Amini, une jeune Iranienne de 22 ans, a été arrêtée, puis tuée par la police des mœurs de son pays pour avoir mal porté son hijab, c'est apparemment la goutte de trop pour beaucoup d'Iraniens. Depuis, cela fait près de trois semaines que la contestation du régime des ayatollahs grandit dans la population. Le black-out décidé par ledit régime rend difficile l'assertion de la situation, mais il est établi que des dizaines de manifestants ont déjà trouvé la mort au cours de ces manifestations.

Meta revient sur sa décision

Le post qui appelait au meurtre de Khamenei avait été posté en juillet, donc avant le début de ces événements. Suivant sa politique en ce qui concerne les appels à la violence, a fortiori quand les cibles sont des leaders politiques, la modération de Facebook l'a initialement censuré. Mais cette décision, déjà contestée à l'époque, a réellement suscité une levée de boucliers à la mort de Mahsa Amini et a été révoquée après examen. Dans un communiqué, l'entreprise a expliqué : « Le conseil d'administration n'a pas la possibilité de traiter toutes les décisions en appel, mais il se concentre sur les cas ayant potentiellement le plus d'effets à travers le monde, ou qui ont une importance critique dans le débat public. »

Si une politique de contenu interdisant les appels à la violence est en théorie difficilement critiquable, la pratique a démontré que cette question était bien plus complexe. En effet, ce n'est pas la première fois que Meta est amenée à revenir sur ce type de décision. Depuis l'invasion de l'Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine, la modération de Facebook a ainsi censuré de nombreux posts dans lesquels des Ukrainiens souhaitaient ouvertement la mort du dirigeant russe. Une semaine de contestations de la part de ces derniers avait finalement rendu possible ce type de discours. Toutefois, l'entreprise de Mark Zuckerberg, face à ces deux entorses notables et autorisées à sa politique de contenu, pourrait bien être contrainte d'en revoir les grandes lignes.