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La Commission européenne a ouvert, cette semaine, une « enquête approfondie » sur le projet de rachat de VMware par Broadcom, annoncé au printemps dernier. Qu'est-ce qui cloche ?

Le 26 mai 2022, le géant américain de l'électronique, Broadcom, qui fabrique des technologies à destination du monde des télécoms, annonçait avoir trouvé un accord avec VMware, référence de la virtualisation et du multi-cloud, pour racheter l'entreprise contre un chèque (fait de cash et d'actions) de 61 milliards de dollars. Bruxelles, qui dit craindre une restriction de la concurrence sur le marché de certains composants matériels interopérables avec les logiciels de l'Américain VMware, a ouvert une enquête et recensé plusieurs problèmes.

La Commission européenne se méfie des conséquences du rachat, entre deux entreprises dont les portefeuilles sont « largement complémentaires »

Pour comprendre les doutes exprimés par la Commission européenne, il est important de délimiter le périmètre de chacun des deux acteurs. D'un côté, nous avons Broadcom, une entreprise qui fabrique des cartes réseau, des contrôleurs hôtes de bus Fibre Channel (HBA FC) et des adaptateurs de stockage. De l'autre, nous avons VMware, fournisseur de logiciels qui propose des solutions de virtualisation qui se trouvent être interopérables avec de nombreux composants matériels, parmi lesquels les cartes réseau, les HBA FC et les adaptateurs de stockage, comme vous aurez pu le deviner. « Les portefeuilles de ces sociétés sont largement complémentaires », ajoute l'institution.

Sur ces marchés et produits, la Commission redoute que le rachat ne détériore l'interopérabilité des logiciels de virtualisation de serveurs de VMware avec les matériels de ses concurrents, au profit de ses propres matériels.

Elle craint aussi que le rachat par Broadcom n'évince les matériels de ses concurrents, en les empêchant tout simplement d'utiliser les logiciels de virtualisation de serveurs de VMware. Ou alors en détériorant leur accès à ces logiciels.

Tout cela pourrait alors avoir comme effet de faire grimper les prix, assorti d'une réduction du choix et d'une baisse de l'innovation pour les clients professionnels, et par voie de conséquence, pour les consommateurs.

Une décision prise avant le 11 mai prochain

La Commission entend aussi examiner si Broadcom est capable de perturber le développement de cartes réseau intelligentes par d'autres fournisseurs. Elle prend l'exemple du projet Monterey, lancé en 2020 par VMware en compagnie de NVIDIA, Intel et ADM Pensando, trois autres vendeurs de cartes réseau intelligentes. L'UE estime que Broadcom pourrait réduire la participation de VMware au projet, afin de préserver ses propres recettes issues des cartes réseau intelligentes, ce qui jouerait sur l'innovation, au désavantage des clients finaux.

Bruxelles se demande aussi si Broadcom est désormais susceptible de grouper la vente de ses propres logiciels avec celle des logiciels de virtualisation de VMware, et de mettre fin ainsi à la vente de ces produits VMware, en tant que produits autonomes. Une telle pratique mettrait à mal le choix proposé et aurait pour conséquence d'écarter les fournisseurs de logiciels concurrents.

La Commission se donne jusqu'au 11 mai 2023 pour prendre une décision.