La nouvelle loi portant sur les médias sur laquelle se sont mis d'accord les membres du Conseil européen va autoriser l'utilisation de spyware contre des journalistes.
L'Union européenne planche depuis un certain temps sur un European Media Freedom Act (EMFA) destiné à assurer le pluralisme des médias et à soutenir la liberté et l'indépendance des journalistes. Un objectif qui apparaît aujourd'hui assez paradoxal avec la validation de dispositions permettant l'utilisation de spyware pour surveiller lesdits journalistes.
C'est rien, c'est la sécurité nationale
Après les échanges tendus entre Thierry Breton et Elon Musk, un nouveau grand sujet de discussion concernant la liberté d'expression au niveau de l'Union européenne pourrait-il bien voir le jour ? C'est possible. Car le Conseil européen vient de valider la possibilité pour des États de surveiller les journalistes à l'aide de spyware, et ce pour des questions de « sécurité nationale ».
Des dispositions qui n'étaient pas initialement présentes au sein de l'EMFA, et qui ont été obtenues sur une demande de la France, suivie rapidement par l'Allemagne. Une décision d'autant plus préoccupante que cette autorisation n'est limitée par aucune garantie en matière de droits fondamentaux.
Les journalistes en colère
Et sans étonnement, les réactions négatives ont vite fusé. « Le Conseil prend des mesures dangereuses pour légaliser des formes inacceptables de surveillance des journalistes et de leurs sources. S'ils sont confirmés, ces changements anéantiront tout le potentiel dont dispose l'EMFA pour mettre un terme aux scandales liés aux logiciels espions dans l'UE. »
Dans le domaine, on se rappellera notamment du scandale Pegasus, du nom de ce logiciel espion qui a été utilisé par plusieurs pays européens, mais aussi de la plus récente apparition du logiciel « sans clic » QuaDream. Des nouvelles armes de surveillance auxquelles les journalistes du Vieux Continent restent donc pour le moment très exposés.
De son côté, la Fédération européenne des journalistes parle d'un « coup porté à la liberté des médias ». D'après les professionnels de l'information, cette législation mettrait un peu plus en danger les journalistes et leurs sources. Ils demandent en conséquence la suppression de ces dispositions d'exception. Le texte, validé par le Conseil européen, va maintenant arriver au Parlement de Strasbourg pour y être discuté. Et amendé ?
Source : Brussels Times