Reseau 5G

L'association de consommateurs met en demeure trois des quatre opérateurs télécoms de proposer aux abonnés et utilisateurs des cartes plus transparentes.

Depuis le mardi 15 décembre et le lancement officiel de la 5G chez Free, tous les opérateurs proposent désormais au public leurs forfaits de cinquième génération. L'UFC-Que Choisir, elle, n'a pas perdu de temps pour scruter les cartes de couverture 5G mises en ligne par Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free. L'association de consommateurs, qui a procédé à leur analyse, leur reproche un « manque de transparence et de pertinence ». Et leur met la pression.

L'UFC-Que Choisir déplore la commercialisation d'une 5G qui utilise en grande partie des technologies 4G

Nous avons eu l'occasion de l'écrire sur notre site ces dernières semaines au rythme des annonces de lancement des opérateurs : tous soutiennent un déploiement de la 5G à l'aide de fréquences issues de la… 4G, soit dans la bande 2,1 GHz, pour Orange, SFR et Bouygues Telecom, soit dans la bande 700 MHz pour Free.

Ces choix ont pour conséquence de livrer aux premiers utilisateurs français de la 5G des débits moindres que ceux qui pourraient être proposés à l'aide de la bande cœur de la technologie, portée par la bande de fréquences 3,4 - 3,8 GHz, pour le moment très peu utilisée, dans l'ensemble, par les acteurs des télécoms. C'est l'un des reproches faits par l'UFC-Que Choisir.

« Ces fréquences (…) ne justifient donc pas à elles seules la souscription d'abonnements 5G souvent plus chers, ni l'achat dédié de smartphones compatibles 5G », déplore l'association. Elle appelle par ailleurs le régulateur des télécoms, l'ARCEP, à imposer des règles s'agissant de ces fameuses cartes, « afin de permettre aux consommateurs de comprendre aisément les subtilités de la 5G ». Et là, l'UFC soulève un lièvre, car en effet, si l'ARCEP encourage bien le déploiement, la tenue et la transparence de cartes, il ne s'agit ici que d'une recommandation, au sens juridique du terme. Pas de mesure contraignante pour les opérateurs, donc.

Un manque de transparence dénoncé sur la différence de débits entre les fréquences

L'UFC-Que Choisir dénonce par exemple les couches subtiles et difficilement interprétables de la carte de couverture 5G de SFR, qui ne permet pas avec précision de différencier les zones couvertes sur la bande 3,5 GHz de celles couvertes en 2,1 GHz.

Capture d'écran de la carte 5G de SFR (© UFC-Que Choisir, le 15 décembre 2020)
Capture d'écran de la carte 5G de SFR (© UFC-Que Choisir, le 15 décembre 2020)

Bouygues Telecom, de son côté, opère bien une distinction de couleurs entre la 5G 3,5 GHz et la 5G 2,1 GHz, mais celle-ci est difficilement perceptible, et surtout, l'opérateur semble sous-entendre qu'il existe une équivalence dans la qualité des débits, puisque les deux bandes sont rassemblées sous le même qualificatif, celui de « bandes hautes ». Avec des données qui pourraient être échangées en 5G « à l'extérieur des bâtiments dans la plupart des cas », dixit l'opérateur. Pour l'association, « dès lors, les consommateurs ne sont pas en mesure de comprendre qu’en souscrivant un abonnement 5G dans une zone prétendue couverte, ils pourraient parfaitement ne bénéficier d’aucun saut qualitatif en termes de débit par rapport à leur actuel abonnement 4G ».

Du côté de Free, le problème est encore différent. Certes, l'opérateur distingue bien sur sa carte les deux types de fréquences, mais il n'explique pas à ses utilisateurs la différence (très importante) de débits entre les zones couvertes en 700 MHz, débits bien plus proches de la 4G, et celles couvertes en « vraie 5G », en 3,5 GHz.

S'agissant d'Orange, l'UFC-Que Choisir salue le fait que la carte 5G de l'opérateur historique ne fait apparaître que les zones exclusivement couvertes en 3,5 GHz. « En revanche, se pose la question de la pertinence du débit maximal de 2,1 Gbit/s annoncé par l'opérateur », soulève l'organisation, qui appelle Orange à clarifier sa communication.

SFR, Bouygues Telecom et Free mis en demeure

En marge de ses constatations, l'UFC-Que Choisir annonce mettre en demeure trois des quatre opérateurs, Bouygues Telecom, Free Mobile et SFR, « de modifier la présentation de leurs cartes de couverture, pour y faire apparaître de manière visible les différences de qualité de la 5G selon la fréquence utilisée ».

Quant à Orange, l'association lui demande de fournir des précisions techniques appuyant sa communication « sur le débit maximal théorique dans les zones où l'opérateur exploite uniquement la fréquence 3,5 GHz ».

L'UFC-Que Choisir en appelle, enfin, au gouvernement et à l'ARCEP pour poser une réglementation qui viendrait plus strictement encadrer la communication des opérateurs sur la technologie de cinquième génération, « pour garantir aux consommateurs une information fiable, compréhensible, et pertinente ».

Qu'en pense-t-on chez Clubic ?

L'UFC-Que Choisir, nous le disions, soulève un lièvre. Les opérateurs, et notamment Free, qui fait tourner 96% de sa 5G sur une fréquence 4G (700 MHz), nous évoquent des débits ultra-rapides et historiques. Une promesse très tentante sur le papier. Sauf qu'au-delà du peu de zones couvertes, les débits ne seront pas tout de suite partout supérieurs aux 2 Gbit/s que certains professionnels pouvaient annoncer, le nombre d'antennes en 3,5 GHz étant encore très faible sur le territoire. Tout cela pour dire que la patience est de mise. La 5G est une technologie « à 10 ans », et son déploiement à pleine capacité prendra plusieurs années.