Les radars météorologiques de Plabennec et de Saint-Nizier-d'Azergues ont subi des perturbations durant les dernières semaines, révèle l'ANFR, qui rappelle que le brouillage constitue une sanction pénale.
Généralement, les radars météorologiques de Météo-France utilisent la bande de fréquences 5 GHz pour collecter des données, ce qui leur permet de localiser les zones de précipitations (pluie, grêle ou neige) dans un rayon pouvant dépasser les 100 kilomètres. Cette bande de fréquences est censée avoir une porte plus courte et subir moins d'interférences, avec un débit ininterrompu, que la fréquence de 2,4 GHZ, utilisée par les ordinateurs par exemple.
Une mauvaise utilisation de la bande 5 GHz peut brouiller les radars de Météo-France
Deux radars météorologiques ont subi des perturbations au cours des dernières semaines, ce qui a, à chaque fois, nécessité l'intervention de l'Agence nationale des fréquences (ANFR). La faute à une utilisation non conforme de la bande 5 GHz par les liaisons sans-fil (Wi-Fi/RLAN). Celle-ci peut effectivement entraîner une altération des données collectées par les radars et avoir des conséquences sur les prévisions des précipitations futures.Ce fut d'abord le cas pour le radar de Plabennec, dans le Finistère. À la fin du mois de janvier, celui-ci a subi une importante perturbation, « sur un large secteur d'observation allant de 350° à 10° », nous indique l'ANFR. La grande ampleur du brouillage a mis la puce à l'oreille aux agents locaux du régulateur, qui ont pensé que l'émission perturbatrice devait être proche du radar.
À raison puisqu'en procédant à une mesure dans le centre-ville, près de l'église de la commune, les agents ont pu identifier de nombreuses liaisons Wi-Fi émettant dans la fréquence du radar météo. Les brouillages provenaient du système de vidéoprotection de la commune, basé sur des liaisons sans-fil de type Wi-Fi. Pour définitivement s'assurer de l'origine du brouillage, les prestataires de la mairie ont coupé le système de vidéosurveillance un temps, ce qui a confirmé les doutes.
L'ANFR a alors demandé à la municipalité de vérifier que les bornes RLAN (réseau local sans-fil) disposent d'un système de sélection dynamique de fréquences (DFS) fonctionnel. Ce qui fut le cas, puisque la perturbation a pris fin dans la foulée.
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Un brouillage pouvant être pénalement sanctionné
Un peu plus tard, au début du mois de février, les agents de l'ANFR ont été alertés par Météo-France pour des perturbations touchant son radar installé à Saint-Nizier-d'Azergues, une toute petite commune située dans les monts du Beaujolais, dans le Rhône. Une émission perturbatrice de type RLAN fut alors mesurée, « avec une puissance maximale dans l'azimut 74,5° », précise le régulateur, qui a suivi la direction proche de l'azimut pertinent.Le signal ayant causé le brouillage fut finalement localisé à... 125 kilomètres du radar. Il provenait d'un équipement Wi-Fi fonctionnant sur le canal 121, utilisé par un opérateur d'Internet sans-fil, à Mijoux, dans l'Ain. Comme pour le cas breton, l'ANFR a demandé à l'opérateur de faire le nécessaire pour que le brouillage cesse. Météo-France n'a, depuis, plus constaté de gêne.
L'Agence nationale des fréquences, bien que les brouillages évoqués ne furent pas intentionnels, rappelle que le responsable d'une perturbation risque une condamnation pénale pouvant aller jusqu'à six mois d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende, comme le prévoit le code des postes et des communications électroniques (CPCE).
L'utilisation de fréquences dans la bande de 5 GHz reste libre en France, mais elle est soumise à certaines conditions, comme la limitation de la puissance de sortie maximale, le scan en continu pour vérifier qu'il n'y a pas de radar météo qui utilise la même fréquence, et l'utilisation de la sélection de fréquences dynamique (DFS), qui permet à l'équipement RLAN d'adapter sa fréquence, pour éviter toute confusion.
Source : ANFR