Si 2020 a été marquée par l'adoption du Wi-Fi 6, 2021 – et plus encore 2022 – devraient être les années du Wi-Fi 6E et ce alors que des routeurs compatibles sont déjà disponibles à l'achat.
En France comme ailleurs on ne plaisante pas avec l'ouverture des bandes de fréquences. Reste que voilà, c'est fait, les dispositions légales permettant l'exploitation du Wi-Fi 6E ont été publiées au Journal Officiel du 1er décembre après une décision prise le 14 octobre 2021.
L'objectif est on ne peut plus clair : il s'agit de rendre utilisable une nouvelle bande de fréquences – comprises entre 5 945 et 6 425 MHz – par les industriels, les entités commerciales comme les particuliers afin d'élargir un peu « le champ des possibles » côté Wi-Fi.
Quelques rappels sur le Wi-Fi 6
En principe, si vous suivez un minimum les technologies sans-fil, le Wi-Fi 6 vous connaissez. Il fait bien sûr suite au Wi-Fi 5 qui a lui même complété le Wi-Fi 4… encore que ces dénominations ont été données rétroactivement, mais peu importe, cela ne change rien à l'affaire.
Aujourd'hui, il est donc question de Wi-Fi 6E, avec un « E » qui vient pour « extended » ou « étendu » dans la langue Shakespeare. En toute logique, cette nouvelle norme doit capitaliser sur les forces de la précédente dont elle ne semble être qu'une simple évolution.
On retrouve donc les points clés du Wi-Fi 6 comme le « MU-MIMO », cette fonctionnalité multi-utilisateur qui autorise la communication simultanée entre les appareils connectés, quand le Wi-Fi 5 se limitait à la réception. Mieux, elle le fait avec un maximum de huit appareils par canal dédié.
L'OFDMA est une technique de multiplexage et de codage des données qui autorise la division d'un unique canal de communication en divers sous-canaux. L'idée est alors de permettre à encore plus d'appareils de trouver un moyen de se connecter.
L'emploi de la technique de modulation du signal 1 024 QAM renforce la bande passante, donc les débits. Enfin, le BSS Coloring vient limiter les interférences : ce Basic Service Set Coloring vient très schématiquement attribuer une « couleur » aux données transitant sur le même canal, mais provenant d'appareils différents.
Et alors « extended » dans quelle mesure ?
Nous l'avons dit, le « E » du Wi-Fi 6E est là pour « extended ». En ce sens, la nouvelle norme se doit donc d'apporter des progrès par rapport à l'encore très récent Wi-Fi 6, que la plupart d'entre vous n'a peut-être même pas encore eu le temps de maîtriser.
En premier lieu et c'est là tout le sens de la publication au Journal Officiel, le Wi-Fi 6E vient mettre à disposition une nouvelle plage de fréquences sur la bande des 6 GHz. Celle-ci s'ajoute aux bandes historiques des 2,4 GHz et 5 GHz largement employées par les précédentes normes.
La bande libérée concerne les fréquences de 5 945 à 6 425 MHz, c'est nettement en-deçà de la bande totale des 6 GHz qui va jusque 7 125 MHz, et c'est de fait une largeur de fréquences bien moindre qu'aux États-Unis par exemple où sont disponibles 1 200 MHz.
Dans un premier temps, on se contenterait en France – ainsi qu'en Europe – de « seulement » un tout petit peu moins de 500 MHz, mais on profitera en revanche du « calme » de cette bande de fréquence : sur le 2,4 GHz par exemple, il fallait cohabiter avec les micro-ondes ou le Bluetooth.
Le découpage de cette nouvelle bande de fréquences se fera en six canaux de 80 MHz et trois canaux de 160 MHz permettant logiquement de désengorger les réseaux sans-fil dans les zones de peuplement les plus denses, les blocs de 160 MHz étant particulièrement pratiques.
De meilleures connexions malgré les contraintes
Vous l'aurez compris, en élargissant la bande passante disponible, le Wi-Fi 6E augmente considérablement le « champ des possibles ». De base, on pense logiquement à des débits plus élevés et c'est vrai… en partie. En effet, le Wi-Fi 6E doit permettre d'atteindre des débits théoriques de 11 Gb/s grâce à cette troisième bande de fréquence des 6 GHz.
Dans les faits, c'est un peu plus compliqué. Tout d'abord, ce débit n'est que théorique et on sait bien qu'entre théorie et pratique, il y a toujours un bel écart. Mais surtout, ce débit combine les différentes bandes de fréquence. Ainsi, grâce au Wi-Fi 6E, il faut plutôt envisager des débits maximum de 2 Gb/s sur le canal 160 MHz de la bande des 6 GHz.
En réalité, d'autres points semblent aujourd'hui plus importants. Le premier ne vous concernera pas directement, mais il reste clé : le nombre de connexions qu'il est possible d'établir simultanément. Par exemple, sur les 20 MHz, la bande des 2,4 GHz n'autorisait que 3 canaux et 25 sur celle des 5 GHz quand la bande des 6 GHz atteint 59 canaux !
Reste que toutes ces données techniques sont généralement obtenues dans des conditions idéales qui ne tiennent pas compte ici de l'épaisseur d'un mur, là d'un matériau particulièrement isolant. Broadcom par exemple souligne toutefois que le Wi-Fi 6E sur les 6 GHz sera capable d'atteindre des débits de 1,4 Gbps sur une distance de 7 mètres, peu importe les obstacles. Nous sommes évidemment curieux de pouvoir le vérifier.
Il est urgent d'attendre ?
Autre avantage du Wi-Fi 6E, une meilleure organisation des appareils en fonction de leurs capacités bien sûr, mais aussi et surtout de leurs besoins. Il n'est par exemple pas question d'embouteiller la bande de fréquences des 6 GHz si seul un très faible débit est nécessaire.
En toute logique, on devrait donc assister à une meilleure répartition « des tâches » ou plutôt des bandes de fréquences. Quand les 2,4 GHz seront dédiés aux appareils les plus anciens, les 5 GHz serviront d'intermédiaires et les 6 GHz destinés aux appareils tout à la fois modernes et exigeants : on pense bien sûr aux ordinateurs portables et aux smartphones.
Reste que comme toute innovation technologique, le Wi-Fi 6E implique bien sûr des appareils « au goût du jour ». Il y a quelques semaines, nous soulignions qu'en l'absence d'appareils compatibles, il n'était peut-être pas indispensable de foncer sur les routeurs compatibles Wi-Fi 6E si vous n'avez, aujourd'hui, aucun périphérique pour l'exploiter.
Gardez toutefois à l'esprit qu'il est rigoureusement impossible que, par la suite, votre routeur Wi-Fi 6 puisse basculer vers le Wi-Fi 6E. De fait, vous pourriez être « coincés » quand vous aurez troqué votre smartphone ou votre ordinateur portable pour un modèle plus évolué. Bien sûr, qui peut le plus peut le moins et un tel smartphone « 6E » pourra se connecter au routeur Wi-Fi 6 « tout simple », mais sans observer le moindre gain.
Comme toujours, tout est donc une question de budget et de tranquillité pour l'avenir. Acheter dans quelques semaines un routeur Wi-Fi 6E sera logiquement plus onéreux, mais il vous laissera envisager le futur plus sereinement. Une chose reste certaine, il n'y a pas d'urgence et il convient d'attendre les premiers tests pour vérifier toutes ces belles promesses.
Source : LégiFrance, NextInpact, 01Net