Au tout début des années 90, Palcom Software et Konami lancent en Europe le jeu vidéo officiel des Tortues Ninja sur NES. Pour le plus grand bonheur des fans ? Pas sûr...
LE jeu Tortues Ninja de notre enfance ?
Au début des années 1990, nous étions tous (oui oui, même toi) fans d'un dessin animé emblématique : Tortues Ninja. En plus de la série animée et des figurines, nous pouvions alors nous délecter d'un « vrai » film, réalisé par Steve Barron, et qui vient d'ailleurs de fêter ses 30 ans (le film, pas Steve Barron).
Bien sûr, la série a également été déclinée en jeu vidéo, avec Teenage Mutant Ninja Turtles... ou plutôt, Teenage Mutant Hero Turtles. Tiens...?
En effet, pour la petite anecdote, en Europe, le jeu a été rebaptisé afin d'éviter le terme « Ninja », alors jugé peu adapté à un jeune public.
Je pense que nombreux sont ceux qui, comme moi, n'ont eu plus qu'une seule et unique envie après avoir déballé leur NES flambant neuve, accompagnée de ce TMHT... JOUER ! En effet, quoi de plus excitant pour les fans que nous étions à l'époque que de pouvoir incarner Leonardo, Donatello, Michelangelo ou Raphael dans le jeu vidéo officiel Tortues Ninja !
À l'époque, on était ainsi (très) nombreux à jouer à ce Teenage Mutant Hero Turtles, et notamment son premier niveau, qui reste aujourd'hui encore ancré dans les mémoires de beaucoup d'entre nous. Le niveau se concluait d'ailleurs par un double combat de boss, puisqu'il fallait trucider à la fois Bebop et Rocksteady.
Mais revenons aux bases : Teenage Mutant Hero Turtles est un jeu en 2D, au défilement plutôt classique bien qu'entaché par de nombreux bugs visuels, clignotements et autres ralentissements... Mais qu'importe, on s'amuse à éradiquer tout ce qui apparaît à l'écran à coups de katana, de bo ou de nunchakus. C'est tout ce qu'on voulait !
Au départ, si Teenage Mutant Hero Turtles n'est pas extraordinaire de technique ou de précision, il nous permettait malgré tout de nous glisser dans la peau de nos tortues favorites (pas Raphael donc), ce qui était déjà suffisant pour en faire un « bon jeu » à nos yeux !
Mais tout cela, c'était avant le drame bien entendu... Avant que l'on ne plonge du haut du barrage pour découvrir le niveau aquatique.
Le niveau de l'angoisse ?
En effet, comment oublier cette inertie dans les contrôles ? Ces pièges électriques qui vous touchent quasiment à chaque fois ? Ces algues électriques que vous ne pouvez éviter à cause de l'inertie dans les contrôles ?! Et cette musique angoissante qui intervient après avoir perdu trop de vie, à cause des algues électriques qui vous touchent quasiment à chaque fois à cause de l'inertie dans les contrôles ?!! Aarrrgh... !!!À cela s'ajoutent évidemment des bombes à désamorcer dans un temps imparti, avec là encore, une musique ultra-stressante qui se déclenche lorsque le compte à rebours approche dangereusement de zéro.
Et bien sûr, inutile de compter à l'époque sur une map (de type « lisible ») ou sur une quelconque indication à l'écran pour signaler l'emplacement des bombes... Nous sommes aujourd'hui encore très (trop) nombreux à avoir connu un horripilant « game over » à quelques mètres seulement de la dernière bombe...
Sans oublier qu'en cas d'échec, années 90 oblige, pas de mot de passe, pas de sauvegarde, seulement un « continue ? » permettant de recommencer un niveau depuis le début...Opter pour « game over » nous renvoyait directement à l'écran de démarrage du jeu...
Même pas de « thank you for playing », juste un retour immédiat vers l'écran titre, renvoyant par la même occasion sa médiocrité au visage du joueur... et ça fait mal (
Des souvenirs traumatisants ?
Alors, si Teenage Mutant Hero Turtles brille par certains passages résolument cultes, il évoque forcément quelques mauvais souvenirs auditifs. En effet, comment oublier ce son insupportable qui se déclenche lorsque notre héros est à court d'énergie ?D'autant plus qu'il était alors vain d'espérer un quelconque passage par la case « Options » pour modifier les réglages audio... On avait donc droit à ce « BIP BIP BIP BIP » traumatisant, jusqu'à récupérer, enfin, une part de pizza salvatrice (pour les oreilles).
Bien sûr, la solution consistait à changer de héros lorsque la barre d'énergie diminuait trop, pour éviter une mort certaine et définitive... À moins que tous les héros ne soient à court d'énergie : angoisse assurée... Ceux qui ont joué au jeu (et qui ont passé le barrage) se souviennent aussi forcément de ces sauts millimétrés que l'on loupait une fois sur deux, nous obligeant à recommencer le stage au niveau inférieur.
Des traumatismes vidéoludiques auxquels s'ajoutent encore une hitbox très particulière, des ennemis totalement improbables, des phases en extérieur horribles, des éléments (feu, pics...) qui tuent nos tortues en un coup, des ennemis qui, on l'évoquaient précédemment, réapparaissent à l'infini... Raaaaaaaah !
Toutefois, malgré les (très) nombreuses rages provoquées par ce Teenage Mutant Hero Turtles, le jeu reçoit la précieuse distinction de « Jeu de l'Année 1989 », décernée par le magazine Nintendo Power. Au début des années 1990, le titre est en effet (et contrairement à ce que l'on pourrait penser aujourd'hui) ultra-populaire, s'écoulant à plus de 4 millions d'exemplaires, bien aidé par une belle mise en avant de la part de Nintendo, puisque fourni en bundle avec la console du constructeur.
Deux suites sur NES, avant un opus Super Nintendo mythique !
Son accueil est tel que Teenage Mutant Hero Turtles a connu pas moins de deux suites, toujours sur NES, avec notamment The Arcade Game, l'adaptation fidèle (toute proportion gardée) de la version arcade de l'époque. Les joueurs américains et japonais ont également pu jouer à un troisième opus, sous-titré The Manhattan Project, qui n'a toutefois jamais vu le jour en Europe.Deux opus qui adoptaient alors un côté « beat'em all » nettement plus agréable que le style de Teenage Mutant Hero Turtles, et qui préfiguraient un certain TMNT: Turtles in Time, paru quelques années plus tard sur Super Nintendo, et qui figure aujourd'hui encore comme l'un des meilleurs titres du genre.
Mais si Teenage Mutant Hero Turtles est bourré de défauts, j'apprécie (étrangement finalement) le relancer à intervalles réguliers, pour la beauté du geste sans doute, et pour criser encore et toujours face à certains passages, comme j'ai pu le faire au début des années 90. C'est sans doute un peu ça aussi, la nostalgie, non ?