Alors que le Game Boy de Nintendo vient tout juste de fêter ses 30 ans, voilà l'occasion de revenir sur un jeu relativement méconnu de la console de Nintendo : Kid Dracula. Véritable gage de qualité à l'époque, le titre était signé Konami, dont la besace était alors remplie de jeux extraordinaires, disponibles en arcade, mais également sur nos consoles de salon (et de poche, donc).
Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO•Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10ème art...
Une « parodie » de Castlevania ?
An de grâce 1993. La Super Nintendo fait, depuis quelques années déjà, le bonheur des amateurs de jeux vidéo, avec quelques hits comme Super Mario World ou Super Castlevania IV. La série phare de Konami, initiée sur Famicom Disk System en 1986, offre alors aux joueurs un opus 16 bits aujourd'hui encore assez inoubliable.Les années 90 sont également l'occasion pour Konami de laisser s'exprimer tout son sens de l'autodérision. On connaissait déjà le très loufoque shoot'em up Parodius, mais voilà que déboule en France, sur Game Boy, un certain Kid Dracula, déclinaison ou suite de poche du titre éponyme paru sur Famicom quelques années auparavant.
Un titre parodique et décalé faisant directement référence à Castlevania, qui reste culte aujourd'hui encore, et qui était alors particulièrement prisé (comprenez « très cher sur eBay ») sur la console portable de Nintendo.
Côté scénario, on l'a dit, ce Kid Dracula se veut une « parodie » de Castlevania, et fait donc la part belle à l'humour. La plaisanterie est ainsi omniprésente tout au long de l'aventure au cours de laquelle le jeune héros va devoir récupérer l'intégralité de ses pouvoirs, avant de pouvoir affronter le terrible Garamoth.
Si le premier niveau autorise uniquement la transformation en chauve-souris (logique pour un vampire), on pourra progressivement mettre la main sur des projectiles plus puissants, des bombes, un parapluie (!), des tirs téléguidés ou même un pouvoir permettant d'inverser la gravité. Pour passer d'un pouvoir à l'autre, il suffit simplement de presser cette bonne vieille touche Select.
Un vampire tout mignon, et des référence à gogo
La mise en scène, elle, est assurée par des petites saynètes plutôt amusantes dans l'ensemble, avec une Mort plus mignonne que jamais, une réplique d'un certain Jason Voorhees (le tueur de Vendredi 13), des simili-Aliens et même une version revisitée de Frankenstein.En ce qui concerne le gameplay, on retrouve ici un jeu d'action/plateforme dans la plus pure tradition des jeux Game Boy des années 1990.
Le jeu se révèle malgré tout relativement varié, avec tantôt des niveaux horizontaux classiques, tantôt des niveaux faisant la part belle à une certaine verticalité. Comme dans un Donkey Kong Country et ses séquences en chariot, on a même droit à quelques phases en plateformes mouvantes, plutôt intenses en émotions... Et en game over.
Graphiquement, Kid Dracula affiche des environnements très fins et détaillés (pour l'époque) profitant en prime d'une jolie variété, puisque huit niveaux assez différents attendent le joueur. Konami oblige, le jeu est bourré de petites références vidéoludiques et cinématographiques, avec quelques jolies surprises en arrière-plan.
Kid Dracula est donc un titre très original, doté de très bonnes références pour qui apprécie un peu le jeu vidéo et le cinéma d'horreur.
Comme nous l'évoquions, tout dans Kid Dracula est prétexte à la « mignonnerie la plus absolue ». En effet, notre petit héros n'est pas le seul à être mignon tout plein, il en va de même pour son acolyte, la Mort, mais aussi pour les différents ennemis rencontrés dans le jeu.
Il suffit par exemple de visualiser les premiers boss de niveaux pour tout saisir du côté décalé de cet épisode. De cette manière, Kid Dracula a su s'adapter aussi bien aux plus jeunes joueurs, qui ont adoré le côté mignon de l'ensemble, qu'aux plus anciens, qui profitaient de graphismes soignés et de quelques références indétectables pour les chères têtes blondes.
« En ce qui me concerne, j'étais particulièrement fan du look très super saiyan du petit héros à longues canines, et notamment de ses attaques chargées, ou encore du visage au bas de l'écran, qui changeait en fonction des actions réalisées dans le jeu »
À l'instar d'un Super Mario Land, le jeu propose également de récolter des pièces, qui permettront de profiter de divers mini-jeux entre les différents niveaux. Ces derniers, vous vous en doutez, s'avèrent forcément très décalés, allant de la chasse aux chauve-souris, au pétage de ballons, en passant par un ersatz de Pic Pirate avec un squelette dans un tonneau ou encore un bon vieux Pierre/Feuille/Ciseaux.
Un jeu de hasard est également de la partie, avec la possibilité de miser sur le résultat, comme à Vegas. Tout cela permet évidemment de collecter de précieuses vies, qui seront particulièrement utiles à la toute fin du jeu... Car oui, « années 90 » obligent, si Kid Dracula est mignon tout plein, il est également d'une difficulté assez atroce parfois.
« Si vous êtes un tant soit peu attiré par le retro-gaming, et accessoirement fan de la saga Castlevania, je ne saurais que trop vous conseiller de jeter un œil à ce Kid Dracula, digne représentant des "années folles" de Konami. Vous y retrouverez un jeu de plateforme bourré d'humour, à la réalisation plutôt soignée (quitte à imposer de très lourds ralentissements parfois...) et soutenu par une bande-son qui reste dans la tête pendant des années »
Kid Dracula aussi sur Famicom
Lancé en 1990, Kid Dracula était alors exclusif au marché nippon. Or, le titre était particulièrement compliqué à jouer en version japonaise, puisque malgré un très net penchant pour la plateforme, Kid Dracula propose pas mal de textes. Pire encore, un des boss ne peut être battu qu'en répondant correctement... À un quizz !Il faut savoir qu'à l'heure actuelle, Kid Dracula version Game Boy n'a fait l'objet d'aucune compilation, et que le jeu dans sa version d'origine est particulièrement rare.
La version Famicom en revanche, peut être trouvée au sein de la compilation Castlevania Collection, lancée il y a quelques mois. À noter que cette même compilation renferme également les trois Castlevania sur NES, les deux premiers opus sur Game Boy, sans oublier les épisodes Super Nintendo et Mega Drive.
Comme beaucoup de jeux d'époque, Kid Dracula (sur Game Boy comme sur Famicom) ne dispose pas d'une durée de vie phénoménale, puisque le jeu peut facilement se terminer en une petite heure une fois les pièges et les patterns des boss connus.
Toutefois, comme n'importe quelle production issue de cette époque bénie du jeu vidéo, l'intérêt était bien sûr de revivre l'aventure encore et encore, pour tenter de ne pas perdre la moindre vie, de mettre le moins de temps possible... Ou simplement par pur plaisir, comme on le faisait pour un Super Mario, un Sonic, un Streets of Rage ou un Mega Man.
La « belle époque » en somme, non ?