Inspirés par la mécanique naturelle des araignées, les chercheurs de l'Université de Rice à Houston mettent au point une pince construite à partir de leurs cadavres.
Au premier abord, ce projet peut sembler un peu macabre. Mais en réalité, l'utilisation de cadavres d'insectes et d'arachnides en robotique pourrait présenter de nombreux avantages.
Une pince faite d'un cadavre d'araignée
Les chercheurs ont commencé leurs travaux avec une simple observation : les araignées fonctionnent comme des pinces hydrauliques ou pneumatiques, elles « gonflent » leurs membres pour les étendre et se déplacer. Leur anatomie permet ce mécanisme grâce à un système de pression artérielle ajustable pour chaque membre.
L'araignée augmente la pression artérielle à travers des valves afin de contrôler indépendamment chacune de ses pattes. Elles se tendent lorsque la pression augmente, et se replient lorsque la pression diminue. C'est pour cela d'ailleurs que les araignées mortes ont les membres repliés : la pression artérielle chute après la mort.
C'est cette fonction que les scientifiques cherchent à exploiter. En insérant une tige dans le système d'une araignée morte puis en y insufflant de l'air, les chercheurs de l'Université de Rice ont réussi à tendre ses pattes. Le cadavre de l'araignée a donc été converti en pince, grâce à un tube qui gonfle et dégonfle le système activant ses membres.
La supériorité technique des insectes
De manière générale, les insectes et autres arachnides présentent une supériorité technique dans certaines situations que les scientifiques n'arrivent pas toujours à répliquer. Leur toute petite taille leur permet par exemple de réaliser des travaux très fins et précis, et leur robustesse, leur rapidité et leur souplesse sont également des avantages indéniables.
Ces différents atouts pourraient grandement bénéficier au développement de techniques de microtechnologie et à l'élaboration de travaux microscopiques. Ainsi, plutôt que de chercher sans succès à les imiter, certains scientifiques ont décidé d'utiliser directement des corps d'insectes.
L'araignée par exemple peut soulever 1,3 fois son poids et répéter ce mouvement environ 700 fois avant de commencer à se dégrader. Le cadavre est utilisable environ 1000 fois avant de se déshydrater. En outre, l'araignée peut agripper de nombreux matériaux différents grâce à l'adhésif en micro poils qui recouvre ses pattes.
À terme, les pinces-araignées pourraient être utilisées pour assister de petits travaux précis et minutieux, avec l'avantage d'utiliser une ressource naturelle biodégradable et peu coûteuse.
Source : IEEE Spectrum