©  @SpottersMedia via Twitter
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Regroupés sous le sigle NAFO, des milliers d'internautes s'emploient depuis des mois à combattre la propagande russe sur les réseaux sociaux.

Allusion claire à NATO (version anglophone de l'OTAN), le sigle NAFO signifie North Atlantic Fella Organisation. Et sous ses airs humoristiques et bon enfant, cette communauté lutte activement contre la désinformation venue de Moscou, au point d'irriter sérieusement des officiels du Kremlin.

D'où vient la NAFO ?

Si la date précise de la création de ce groupe de shitposters n'est pas connue, ceux qui se font appeler les fellas (que l'on peut plus ou moins traduire par « gars » ou « potes » en français) font leur première apparition sur Twitter en mai dernier via un post cryptique. Attirant rapidement une audience considérable, les fellas se contentent initialement de poster des memes reprenant une photo d'un shiba très connu (qui est aussi à l'origine de l'image du dogecoin) tournant en dérision les déclarations de Vladimir Poutine et la propagande russe en général.

Mais le groupe de shitposters ne s'arrête pas là : rapidement, ses membres soutiennent l'action sur le terrain de la légion Géorgienne en Ukraine, en organisant des campagnes de dons et de merchandising permettant à celle-ci de se fournir en matériel militaire. Plus de 50 000 dollars sont ainsi récoltés.

Mais c'est le 20 juin dernier que la NAFO réalise son plus beau coup d'éclat. Plusieurs de ses membres répondent alors à un tweet de Mikhail Ulyanov, ambassadeur russe auprès de l'Agence Internationale à l'Énergie Atomique, dénonçant sa propagande. Lorsque ce dernier fait l'erreur de leur répondre, les fellas décident qu'ils ne le lâcheront plus. Chacun de ses tweets, aujourd'hui encore, voit de nombreux memes de shibas en uniformes ukrainiens se moquer de lui en réponse.

Combattre les trolls russes sur leur terrain

Si se moquer de la désinformation russe peut être relativement facile, l'action de la NAFO ne sert pas qu'à faire rire quelques internautes. Comme l'a relevé Ivana Strader, une journaliste ukrainienne, il s'agit d'une façon extrêmement efficace d'investir le terrain des réseaux sociaux, qui jusqu'alors ne présentait pas beaucoup d'opposition à l'armée de trolls du kremlin. Le ministre ukrainien de la défense a également salué leur action.

Jordan Maris, l'un des porte-parole des fellas, a expliqué dans une interview que rien n'était plus efficace que l'humour pour faire porter un message. Pour l'homme, qui travaille au parlement européen, démentir une fausse information demande bien plus de travail que d'en créer une nouvelle, et le démenti atteint rarement une audience aussi conséquente. Alors plutôt que de tenter de fact checker les comptes russes, ils se moquent d'eux. Pour lui, c'est beaucoup plus efficace. Et c'est un moyen pour beaucoup, qui se sentaient impuissants au début de la guerre, de participer à la guerre de l'information.

Plusieurs médias russes, refusant de reconnaître qu'il s'agit d'un mouvement authentique et spontané, ont qualifié la NAFO d'armée de bots. Un qualificatif qui sonne comme une reconnaissance aux yeux des fellas, mettant en lumière les effets bien réels de leur action.

Sources : WSJ, DW, Spotters