Le groupe de lanceurs d'alerte Distributed Denial of Secrets (DDoSecrets) aurait déjà dévoilé 5,8 To de données concernant les administrations et entreprises russes depuis le début de la guerre en Ukraine.
Le groupe DDoSecrets mène une cyberguerre contre Poutine, qui, malgré sa propre armée de hackers, risque d'en souffrir. Plus de 6 millions de documents russes ont été publiés sur le site du groupe, qui permet aux utilisateurs de télécharger des torrents d'informations volées.
Quelles sont les données concernées ?
DDoSecrets vise les administrations russes et ses institutions, telles que les agences nucléaires et pétrolières de l'État Rosatom et Transneft, mais aussi la banque centrale, le ministère de la Culture, des services judiciaires, l'Église orthodoxe, etc. Beaucoup d'entreprises du domaine de l'énergie, du gaz et du pétrole sont attaquées, car elles représentent un intérêt stratégique majeur et appartiennent à des oligarques proches de Poutine. Ces données serviront, maintenant ou plus tard, à prouver l'étendue de la corruption dans le pays.
Plus intéressant encore, DDoSecrets a divulgué 817 GB de données sur Roskomnadzor, l'agence de censure des médias et technologies. Ces fuites ont révélé que l'agence a ordonné la destruction de tout article qui mentionnerait « l'attaque » ou « l'invasion » russe en Ukraine. Ainsi, le collectif et les hackers anonymes qui fournissent ces informations mènent une résistance civile numérique sans précédent contre le gouvernement russe. Cette cybermobilisation internationale change réellement le visage de la guerre.
Cybermilitants anti-guerre
Le groupe DDoSecrets se revendique « neutre » bien que dernièrement, son positionnement soit franchement anti-russe. À noter que DDoSecrets est un hub qui reçoit ses informations grâce à des hackers anonymes : par conséquent, l'orientation des publications dépend grandement des informations reçues. Un membre du groupe a cependant affirmé que si DDoSecrets recevait des données « de l'autre bord » (c'est-à-dire, concernant l'Ukraine), ils pourraient très bien les publier.
Ce militantisme pro-transparence et anti-gouvernement semble être l'héritage de WikiLeaks, devenu quasi-inactif depuis l'arrestation de Julian Assange. Le gouvernement américain n'est pas fan de DDoSecrets, qui a publié des données du FBI et d'autres forces de police américaines dans le passé. Cependant, dans le contexte actuel du conflit, le groupe semble avoir carte blanche pour ce qui est d'extraire les données confidentielles russes. Reste à espérer que les citoyens russes puissent eux-mêmes contourner la censure et trouver un accès à ces données.
Pourquoi la Russie n'a-t-elle pas encore banni YouTube ?
Source : The Verge