Cette semaine, nous allons découvrir ce qui est l’une des séries majeures de SF du XXe siècle : Fondation. Un formidable voyage de plusieurs centaines d’années créé par Isaac Asimov, le grand pape de la science-fiction moderne.
Clubic aime la science, Clubic aime l'avenir, Clubic aime la science-fiction. Avec · S | F · nous vous partagerons régulièrement nos recommandations dans le domaine de l'imaginaire : littérature, bande dessinée mais aussi films...
Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
Fondation (2009)
Isaac Asimov
Il est de ces romans qui nous marquent à vie, laissant une trace indélébile dans l’esprit tant ils nous subjuguent. Vous savez, ce genre de livre que vous citez sans même y réfléchir quand on vous demande quel est votre bouquin préféré.
Pour ma part, je pense souvent au Déchronologue, qui m’a mis une grande claque par sa qualité. Il y a aussi la Horde du Contrevent, certes moins orienté SF, mais tout aussi bon. Je vais maintenant devoir rajouter Fondation à ma liste.
J’ai en effet décortiqué avec avidité le premier tome de ce cycle, gagnant du prix Hugo de la « meilleure série de science-fiction de tous les temps », rien que ça ! Un trophée qui peut sembler pompeux, mais au final très largement mérité.
« Je vais travailler au projet du docteur Seldon, à l’université de Trantor. »
L’Empire Galactique. Planète Trantor. Bienvenue au cœur de l’humanité. L’espèce humaine est la maîtresse incontestée de l’espace connu. L’Homme a conquis les étoiles, colonisé chaque planète où il était possible de poser le pied. Cet univers n’est pas loin de l’utopie tant il brille des mille feux de la richesse et de la connaissance.
Nous commençons nos premiers pas dans l’œuvre d’Asimov aux côtés de Gaal Dornik, un simple mathématicien qui débarque pour la première fois sur Trantor. Il est ici pour rencontrer Harry Seldon, un éminent docteur qui a inventé une nouvelle science, la psychohistoire. Jusque là, rien de bien folichon me direz-vous…
Mais qu’en serait-il si je vous disais que la psychohistoire permet de prédire mathématiquement l’avenir ? Et que cette science à priori loufoque indique avec précision l’effondrement total de l’Empire d’ici 300 ans, suivi d’une période de barbarie durant plusieurs dizaines de milliers d’années ? C’est ce que prévoient les calculs du docteur Seldon. Sympathique programme, n’est-ce pas ?!
« Voilà mon projet : mes trente mille hommes, avec leurs femmes et leurs enfants, se consacrent à la préparation d’une Encyclopedia Galactica. »
Face à une chute inéluctable et l’entrée dans une ère de ténèbres, Hari Seldon propose un remède qui devrait permettre de réduire drastiquement la durée de la période trouble : réunir toutes les connaissances humaines dans une immense encyclopédie, l’Encyclopedia Galactica. La charge en reviendra aux générations des 300 prochaines années de créer ce gigantesque recueil, seul phare de connaissances au sein des ténèbres de la barbarie.
Sauf que l’Empereur ne le voit évidemment pas de cet œil. Il accepte la création du projet, mais exile notre brave docteur au fin fond de l’espace, sur la planète Terminus. En cas d’échec, l’image de l’Empire sera sauve. Et en cas de réussite, le dirigeant récoltera tous les lauriers. La politique dans toute sa splendeur !
Car finalement, c’est là toute l’histoire du cycle de Fondation. Dans ces romans, il n’y a pas de sabres laser, d’aliens tentaculaires ou même de batailles spatiales épiques. Tout est axé sur la politique. Attendez, ne fuyez pas, la suite vaut vraiment le coup !
« Alors comme ça, les voilà revenus à l’âge du pétrole et du charbon ? »
Il est temps de faire un petit bond dans le temps. À l’instar de la série Cal de Ter – que je vous recommande vivement – Fondation est émaillé de sauts rapides dans l’histoire. On se retrouve ainsi 50 ans après le début de notre histoire, loin du siège de l’Empire. Hari Seldon est décédé. L’auteur laisse la place à d’autres personnages qui vont œuvrer à sauver l’humanité et ses connaissances. En fait non, oubliez le coup de l’encyclopédie, ce n’est que de l’enfumage. Le vrai projet Fondation est bien plus ambitieux. Il vise tout simplement à reconstruire de zéro l’Empire Galactique.
Le déclin a d’ailleurs commencé en périphérie de l’espace connu. Les routes commerciales sont coupées, les planètes sont de plus en plus isolées. Les rebellions éclatent de partout. Seule Terminus prospère grâce à l’héritage de Seldon. Ses dirigeants usent et abusent de stratégies pour éviter l’envahissement par les royaumes voisins, légèrement sur les crocs car ne sachant plus maîtriser l’énergie atomique.
Tout au long des pages, on assiste à un véritable jeu du chat et de la souris entre les divers protagonistes. Complots et intrigues sont au centre du roman d’Asimov. Moi qui ne suis pourtant pas fan de ce genre de récits, je dois dire que j’ai été bluffé par le talent du romancier. On avale les pages sans même s’en rendre compte tellement c’est bien écrit, parfaitement structuré. C’est un combat de paroles qui se mène à un rythme effréné dans un seul but : empêcher la chute du dernier bastion civilisé de l’humanité.
« Je m’émerveille tous les jours , Hardin, de voir comment la religion de la science à réussi à s’imposer. »
Pour éviter une attaque acharnée des voisins désireux de s’approprier sa technologie nucléaire, les dirigeants de Terminus vont devoir surmonter une première « crise Seldon ». Ces périodes sont à chaque fois marquées par de grands bouleversements, tous prévus par la psychohistoire mais inconnus des pontes de la Fondation actuelle.
On en vient donc à chaque fois à se demander si le coup d’état fomenté par l’un ne va pas tout mettre en l’air ou si le complot d’un autre est vraiment une bonne idée. Plus d’une fois j’ai retenu mon souffle en croisant les doigts pour qu’une manœuvre audacieuse ne parte pas en sucette galactique. Le suspense est quasi-permanent dans Fondation, c’est du génie !
C’est d’autant plus génial qu’on n’a finalement que peu d’informations sur les personnages. L’auteur reste volontairement vague dans leur description. Ils ne sont que de petits rouages d’un plan bien plus grand. Leurs actions – ou inactions – sont pourtant cruciales pour fonder le Second Empire. De la création d’une religion basée sur la science à la mise en place d’un royaume de princes marchands un siècle plus tard, nul doute que vous serez happé par ce roman !
« Il se produira d’autres crises quand la puissance de l’argent aura décliné, comme c’est aujourd’hui le cas de celle de la religion. À mes successeurs de résoudre ces problèmes, comme je viens de régler celui qui nous occupe aujourd’hui. »
En lisant le premier tome du cycle de Fondation, vous serez amené à faire un magnifique voyage de 150 ans dans le temps et l’espace. Ce n’est pourtant que le prélude à de nombreuses autres aventures qui se dérouleront sur plusieurs siècles, jusqu’à l’avènement d’un Second Empire plus stable et solide que le premier.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de me lancer dans la suite de cette série, mais une chose est sûre : elle vaut le coup d’œil. Asimov manie les mots et surtout le scénario d’une main de maître, c’en est magique !
Vous auriez tort de ne pas lire Fondation au moins une fois dans votre vie. Vous y verrez la SF d’un autre œil, loin des poncifs actuels du genre. Rien que pour ça, ça vaut le coup. Sur ce, je vous dis à très bientôt pour une nouvelle chronique. Spoiler : la prochaine histoire que je viendrais vous compter sera très… caustique !
Fondation (2009) est édité chez Folio SF en version papier. Il est aussi disponible sur 7Switch en version EPUB et sur Amazon en version Kindle.