· S | F · Les précogs prédisent les crimes, Minority Report prédit l'avenir

Mathieu Grumiaux
Par Mathieu Grumiaux, Expert maison connectée.
Publié le 25 janvier 2020 à 11h57
SFF #5 Minority Report

Cette semaine, nous vous emmenons en 2054 aux côtés de l'organisation Precrime, des policiers qui peuvent voir les meurtres avant qu'ils se produisent. Un système parfait ? Pas forcément...

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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.

Minority Report (2002)

de Steven Spielberg

« Il n'y a pas eu un meurtre en six ans. Le système est parfait »

Une chronique dédiée au cinéma de science-fiction ne pouvait manquer d'évoquer, au moins une fois, une oeuvre de Steven Spielberg. Et pour cause, le bougre a tant marqué de son empreinte le genre depuis plus de quatre décennies, passant d'une vision naïve et idéaliste à des univers plus sombres au tournant des années 2000.

Je vous dois aussi une totale transparence : je suis un fan absolu du travail de Steven Spielberg. Il est mon réalisateur préféré, à mes yeux le meilleur en activité et, tout simplement, l'un des plus grands que cette planète ait jamais porté. Chacune de ses œuvres est un monument de mise en scène et reste pertinente à travers les années. Enfin, son influence éclabousse de son génie les nouvelles générations de cinéastes. Hum, nous voilà au clair sur le postulat de départ ; passons à l'oeuvre du jour.

Minority Report est un film sorti en 2002 et a suivi A.I. (Intelligence Artificielle), autre œuvre monumentale qui fut assez mal reçue par le public à l'époque - nous y reviendrons forcément un jour ensemble. Spielberg se tourne dès lors vers un récit plus direct, un film d'action futuriste qui lui permettra d'évacuer ses frustrations et sa colère.

« Ce n'est pas l'avenir si vous l'empêchez »

Le pitch est le suivant : en 2055, l'organisation Précrime utilise trois humains appelés précogs, capables de voir l'avenir proche, pour anticiper les meurtres et arrêter leurs auteurs avant qu'ils ne se produisent.

John Anderton, policier le plus expérimenté de la brigade et tourmenté par la perte de son fils, va être à son tour accusé d'un meurtre qu'il devrait commettre dans les prochaines heures. Il va devoir fuir ses anciens collègues et comprendre ce qui pourrait le mener à tuer un homme qu'il ne connaît pas.

Minority Report
Credits : 20th Century Fox

Spielberg n'est plus le grand enfant qu'il était au début des années 80. Son futur est sombre, sale et quasi monochrome. Avec son fidèle directeur de la photographie Janusz Kaminski, le réalisateur propose un univers aux teintes bleutées, hyper contrasté et très oppressant. La musique de John Williams, décidément très en forme a cette époque, est également très dynamique, avec de vrais morceaux de bravoure qui accentuent cette idée de fuite permanente.

« La science a volé la plupart de nos miracles »

Ce qui me frappe à chaque visionnage, c'est la vision très juste que Spielberg a du futur. Les personnages se font scanner les yeux en permanence pour se voir proposer de la publicité ciblée. Ils utilisent des sortes de tablettes tactiles pour communiquer et des véhicules qui se dirigent tout seuls sur les autoroutes. Je vous laisse faire les parallèles avec les outils et services des GAFAM qui nous entourent aujourd'hui.

En 2002, Minority Report nous donnait un avant-goût fantasmé, mais finalement très proche des technologies qui peuplent notre quotidien aujourd'hui. Le réalisateur s'était alors entouré de spécialistes pour imaginer les prochains appareils et les nouveaux usages qui allaient émerger dans les dix prochaines années. Le film n'a jamais été autant d'actualité qu'aujourd'hui lorsqu'il traite de la surveillance de masse ou qu'il évoque subtilement la disparition de la vie privée chez les individus.

« Tout le monde fuit »

Mais avant tout, Minority Report reste un sacré morceau de mise en scène, de rythme et de montage comme seul Steven Spielberg peut l'emballer. Les séquences d'action, dont une course poursuite infinie qui part des ruelles de Washington pour finir à sauter de toit en toit de voiture sur une gigantesque autoroute, sont tout simplement parfaites, lisibles et superbement découpées. Spielberg réussit également à glacer le sang lors d'une scène poisseuse chez un chirurgien aussi dérangé que sale. Même après 15 fois, ce moment me met l'estomac en vrac.

Spielberg mélange les genres, passant du film de SF pur jus à la Blade Runner en passant par le film noir. Mais c'est également à Hitchcock que le metteur en scène rend hommage dans le déroulé de l'enquête quand il se permet de citer son ami Brian de Palma sur quelques plans d'une séquence remarquable mettant en scène des araignées robots.

Minority Report
Credits : 20th Century Fox

« Vous voyez ? »

Si le postulat de base de Minority Report - à savoir le contrôle des individus jusque dans leurs intentions ou fantasmes - est traité avec profondeur, au moins un autre angle de lecture mérite le coup d'oeil : il s'agit de la mise en garde faite par Spielberg quant aux images et à leur manipulation.

Que fait John Anderton tout au long de ses journées ? Il analyse les images récupérées dans l'esprit des précogs pour ensuite les disséquer et trouver les éléments qui lui permettront de trouver la personne qui commettra le crime et l'endroit où il se déroulera. Il cherche donc le point de montage qui lui donnera la bonne information, de la même manière que Steven Spielberg cherche le bon raccord pour concevoir ses séquences.

Le réalisateur profite de Minority Report pour nous parler de son métier... et du rapport de notre société à l'image. Les images sont-elles fiables ? Ne sommes-nous pas en permanence confrontés à des images manipulées, détournées ou tout simplement fausses ? Sommes-nous prisonniers des images ? À travers l'enquête de John Anderton, Minority Report alertait un public qui découvrait à peine Internet et n'avait pas encore conscience du pouvoir que l'image allait prendre dans les années à venir.

Jusqu'à la fin du film, Spielberg joue avec notre réflexion et avec nos certitudes. Je me suis toujours demandé si le dernier acte était réel ou une simple manipulation. Sommes-nous vraiment sûrs que cette conclusion n'est pas une simple rêverie?

Minority Report est un excellent film de SF et, à mes yeux, peut-être l'un des meilleurs ces deux dernières décennies. Sous ses airs de blockbuster d'été avec Tom Cruise (excellent comme à son habitude) à l'affiche, Minority Report est un film bien plus complexe et important dans l'oeuvre de Steven Spielberg. Que vous veniez pour le scénario, l'ambiance ou tout simplement pour le grand spectacle, Minority Report vous fera passer un excellent moment et doit se faire une place de choix chez tous les amateurs de science-fiction au cinéma. Un classique, tout simplement.

Minority Report est disponible en DVD, Blu-Ray et en version numérique chez 20th Century Fox et en VOD sur Amazon Prime Video.
Minority Report Affiche

Mathieu Grumiaux
Par Mathieu Grumiaux
Expert maison connectée

Journaliste pour Clubic, je couvre essentiellement les sujets concernant la maison connectée et les objets connectés, mais aussi les dernières nouvelles de l'industrie du streaming vidéo, entre autres sujets. Je suis également l'actu d'Apple, marque qui m'accompagne depuis mon premier iPod mini en 2005 (ça ne nous rajeunit pas…)

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Commentaires (10)
Vinks

« Il n’y a pas eu un meurtre » serait mieux je pense. Car des « mettre » je ne sais pas ce que c’est.

serged

« Il n’y a pas eu un mettre en six ans. Le système est parfait », mais pas l’orthographe…

Sinon ne pas oublier la nouvelle originale du génial Philip K. Dick !

Mathieu_G

Votre capacité d’analyse est digne de Precrime ! Et c’est corrigé ! :wink:

setsunakawa

Vous pourriez corriger les fautes ? :confused:

GRITI

J’ai beaucoup aimé ce film mais je ne l’ai pas vu depuis plusieurs années. Cela pourrait être l’occasion de ressortir le DVD. Histoire de faire un // avec notre quotidien et le futur qui se dessine. Merci pour le sujet sur ce film.

Stylite

Faire un texte sur une œuvre tirée d’un auteur de SF majeur (P.K. Dick) dont les textes ont donné vie à des films comme Blade Runner, Total recall, The Truman show, L’agence, le génial -opinion toute personnelle- A scanner darkly et tant d’autres (liste dans le lien), plus les séries (Le maître du haut château entre autre) sans arriver à citer cet auteur c’est assez remarquable ! Mais la lecture n’est sans doute hélas pas votre fort et sincèrement vous m’en voyez désolé !
Le lien vers wiki néanmoins pour votre gouverne et peut-être la découverte de cet auteur ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Philip_K.Dick#Adaptations_au_cin%C3%A9ma_et%C3%A0_la_t%C3%A9l%C3%A9vision

_Ludo

WTF, pourquoi tant d’énervement ? Personne n’a giflé K. Dick ici !

Le fait est que ce film n’est pas tiré mais basé sur le bouquin éponyme de ce génial auteur, que nous avons évoqué le fait d’en parler mais que l’angle adopté par la chronique et par le chroniqueur (Spielberg et le futur, pour la faire courte) ne rendait pas cela absolument nécessaire… un chronique n’est pas un wiki, loin s’en faut.

PS : Une semaine sur deux cette chronique est dédiée à la littérature SF…

Merci malgré tout pour ton message de soutien :wink:

GRITI

Je ne savais pas que The Truman show et l’Agence étaient tirés/inspirés de K. Dick…

Wen84

@GRITI : Et pourtant, c’est bien le cas. C’est inspiré du temps désarticulé, après c’est loin d’etre une copie. Il y a juste l’element principale qui est repris.

GRITI

Inspiré du temps désarticulé…L’Agence ou The Truman Show?

Petite anecdote sur mon visionnage de L’Agence. Quand je l’ai regardé, je ne connaissais absolument rien de l’histoire. Etant fan de la trilogie Bourne, j’ai cru que c’était un film sur la CIA (d’où le titre). Surtout que sur l’affiche ils courent comme s’ils fuyaient des méchants (ou des pseudo gentils).
Ce qui fait que tout le long du film, je cherchais une explication rationnelle à ce qui se passait. Quand j’ai enfin compris qu’en fait le film n’avait rien à voir avec ce que je me m’étais imaginé…
Je ne sais pas si c’est lié à ce contexte, mais j’ai adoré ce film !!!

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