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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
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Un langage inconnu peut-il être à l'origine de grands désastres ? Dans un univers en pleine guerre avec les Envahisseurs, c'est ce que va devoir découvrir Rydra Wong, une poétesse dotée de dons particuliers. Bienvenue dans Babel 17, un roman aussi futuriste qu'onirique !
Babel 17 (1966)
Samuel R. DelanyBabel 17 est un roman publié pour la première fois aux USA en 1966. L'année de sa sortie, il récolte le prix littéraire Nebula du meilleur roman. Autant dire que ce bouquin ne fait pas les choses à moitié !
D'ailleurs, ne vous laissez pas piéger par le grand âge de ce récit. Il semble au contraire plus que jamais d'actualité à une époque où la novlangue est un phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur.
Univers très riche, personnages attachants, récit qui sort de l'ordinaire : Babel 17 a été pour moi un gros coup de cœur en ce début d'année 2020. Il m'était donc impossible de ne pas vous en parler dans votre chronique SF préférée !
“Qui est-elle donc ? C'était la même question qui le hantait.”
Il est de ces héros qui vous marquent. Pour pas mal de collègues de la rédaction, c'est la petite Callirhoé Déicoon de la Horde du Contrevent ou Caracole du même ouvrage de Damasio. Pour ma part, c'est Rydra Wong qui a ravi mon cœur dans Babel 17.Aaaaah Rydra Wong... Aussi belle qu'intelligente, cette héroïne mérite tous les éloges. Après tout, elle va bien résoudre l'un des plus grands mystères de son univers, à savoir le Babel 17. Pour ça, elle peut compter sur un don particulier qui fait d'elle l'une des plus grandes poétesses de son époque : la capacité d'apprendre et de comprendre en quelques minutes n'importe quel langage. Qui ne révérait pas d'un tel pouvoir lors des cours d'anglais du collège, n'est-ce pas ?
Je ne vous le cache pas, sa compréhension des langues cache un plus grand potentiel encore ; qui se dévoilera au fur et à mesure du roman. Quelques flash-back distillés tout au long du récit nous aideront d'ailleurs à appréhender la complexité de ce personnage. Car aussi célèbre et courtisée qu'elle soit, Rydra n'en reste pas moins seule et souvent incomprise, d'où sa plongée sans retenue dans sa chasse au Babel 17...
“Tout d'abord, général, Babel 17 n'est pas un code.”
Allez, je sens bien que vous mourez d'envie de découvrir ce qu'est exactement Babel 17, ne le niez pas ! Vous avez bien raison d'ailleurs. C'est un ennemi peu commun qui attend notre héroïne, ce qui fait l'une des forces de ce roman.Histoire de vous poser le décor, l'univers est en guerre depuis plusieurs années. L'Alliance affronte une invasion d'extra-terrestres sobrement nommés les Envahisseurs. On découvre donc les joies d'un monde qui subit de plein fouet les affres de ces affrontements : embargo, migrations massives, violences... Bref, vous n'aimeriez pas y passer vos vacances. Je vous rassure quand même, la description de la guerre reste légère. On n'assiste pas donc à la même cruauté que dans Exodes pour ne citer que lui.
La guerre interstellaire bat donc son plein quand l'armée de l'Alliance doit faire face à plusieurs attentats ravageurs sur des cibles de haute priorité. Leur seul point commun : des émissions radio en langage inconnu juste avant les attaques. Ainsi est découvert le Babel 17. Mais face à leur incompréhension de cette novlangue, les militaires doivent se résoudre à embaucher Rydra Wong, la seule à même de décoder ce langage. La boucle est bouclée. Il ne reste plus à notre héroïne à former son équipage pour partir aux commandes de son vaisseau vers le point d'origine des émissions de Babel 17.
“Il faut que j'aie trouvé un astronef et un équipage demain matin au plus tard.”
Il est souvent un fait acquis dans les livres de SF : les héros ont déjà tout un équipage expérimenté à leur disposition. J'ai donc pris une belle bouffée d'air frais lors du recrutement opéré par notre héroïne polyglotte. La nuit passée par Rydra pour mettre la main sur les futurs membres du Rimbaud est juste l'un des meilleurs moments de SF que j'ai eu l'occasion de lire de ma vie.Samuel R. Delany profite de cette course contre la montre pour mettre en place son univers. Et quel univers ! Entre le capitaine qui tient plus du lion que de l'homme, la soute remplie d'enfants mécaniciens aux ordres du patibulaire Gorille ou encore les navigateurs spectraux morts depuis belle lurette, c'est un vrai florilège de personnalités fortes qui agrémentent le vaisseau de notre belle héroïne.
La plume de Delany fait tout simplement des miracles. Rien que pour ce passage, ce roman vaut son pesant d'or. On entre ici dans de la SF teintée d'une vraie féérie, presque de la fantasy. L'équipage du Rimbaud est tout simplement beau de par son hétéroclisme. Chacun de ses membres est comme une lettre d'un mot : sans lui, rien ne fonctionne, tout est bancal. Jamais, ô grand jamais, je n'ai vu de plus bel équipage imaginaire que celui du Rimbaud. Face aux ravages du Babel 17, les braves vont d'ailleurs devoir se serrer les coudes !
“Doux Jésus, quelque chose a sauté, capitaine !”
Les Envahisseurs sont en effet prêts à tout pour protéger farouchement leur langage secret. Un saboteur - ou un sabotageur si comme moi vous adorez Hot Shots ! - va donc mettre de beaux bâtons dans les roues de nos intrépides aventuriers... Entre tentatives d'assassinat et sabotages, Rydra aura fort à faire.Heureusement, sa maîtrise croissante du Babel 17 va lui apporter un coup de pouce non négligeable. En effet, toute personne en mesure de manier ce langage voit augmenter de manière drastique ses capacités intellectuelles et physiques. Plutôt sympa, je vous l'accorde !
L'arme des Envahisseurs se retourne donc contre eux, maniée de main de maître par Rydra Wong. Tout comme l'équipage, le Babel 17 est d'une certaine beauté. Je vous rassure, vous n'allez pas assister avec ce roman à un cours complet de linguistique, ça ne serait pas aussi passionnant. Rien que d'imaginer qu'un tel langage puisse exister, on ne peut s'empêcher de frissonner. Le Babel 17 nous attire autant qu'il nous fait peur. Je vous laisse imaginer quand Rydra tombe enfin sur l'auteur des attaques contre l'Alliance. C'est juste épique !
“Voici le Boucher.”
Trahisons, meurtres, sabotages : voici le CV du Boucher, un homme qui revêt une importance capitale pour notre poétesse et le récit en lui-même. Derrière ce personnage haut en couleur se dissimule le terrible secret du Babel 17, cœur de tous les enjeux de la guerre contre les Envahisseurs.C'est par le Boucher que nous apprendrons le fonctionnement de cette fameuse langue porteuse d'un si grand pouvoir. Et quel fonctionnement ! Je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir des révélations finales qui vous attendent, c'est juste du pur régal.
Babel 17 fait partie de ces romans totalement atypiques, pourvus d'un univers hors-normes et de héros inoubliables. Les livres de ce genre sont rares, alors je ne peux que vous inciter à y jeter un œil. Surtout qu'avec seulement 200 pages au compteur, ce bouquin de SF se mange sans faim. Pour ma part, il est rentré dans mon top 10 des romans incontournables aux côté du Déchronologue ou de la Horde du Contrevent. Un vrai diamant que le poids des années n'a pas terni d'un brin !
Babel 17 est édité chez Bragelonne en version numérique EPUB, mais également en version Kindle sur Amazon.