Spécialiste de l'image, Technicolor s'intéresse également à la façon dont celle-ci est perçue par le spectateur. Suscite-t-elle réellement une émotion chez ce dernier ? Pour répondre à cette question, le français a élaboré un dispositif capable d'interpréter la réponse émotionnelle d'un individu à un contenu vidéo donné. Il prend la forme d'un petit capteur placé à l'intérieur de la main, grâce auquel un logiciel nourri aux algorithmes est capable de déterminer l'intensité de l'émotion ressentie de façon instantanée et continue. Issu de l'univers médical, le capteur exploite pour ce faire différents paramètres allant du rythme cardiaque à la sudation.
Au CES, il présentait le résultat de ses travaux sous forme d'une démonstration en direct. Le cobaye s'équipe du capteur et s'assoie face à un ordinateur portable sur lequel tourne une vidéo composée de multiples extraits de publicité. Bébés, chatons, ours blancs qui tombent d'un immeuble, jolies filles, les contenus sont différents, et à même de constituer des stimuli émotionnels, même si l'utilisateur n'en est pas conscient. « On est au delà du ressenti, le système fait appel au cerveau reptilien »., explique un des représentants de la firme. Comme avec un détecteur de mensonges, il serait donc difficile de tricher.
L'ordinateur qui trace les émotions affiche une courbe en temps réel qui, à la fin du processus, est transcrite sous forme d'histogrammes. Ainsi, on sait immédiatement quelles sont les séquences qui provoquent une émotion chez le sujet. Et comme on pouvait s'y attendre, les résultats varient selon les individus : il suffit par exemple que de jolies jeunes filles apparaissent à l'écran pour que le palpitant émotionnel de ces messieurs s'agite.
Technicolor indique avoir déjà conduit des tests à plus grande échelle, en mesurant par exemple les réactions des spectateurs au cours d'une projection. La scène finale de De rouille et d'os révèle ainsi un pic émotionnel chez le spectateur, mais avec des niveaux qui varient selon l'âge, le sexe, voire la catégorie socio-professionnelle.
De quoi dresser des profils type, à même d'aider les producteurs de programme dans l'optimisation des effets recherchés ? C'est dans cette direction que regarde Technicolor en premier lieu même si d'autres domaines sont sans doute à explorer, comme la publicité, ou la recommandation de programmes, avec la possibilité de suggérer des films à même « d'émouvoir » le concerné. Plusieurs studios auraient d'ores et déjà fait part de leur intérêt pour cette solution. En revanche, s'il est possible de mesurer l'intensité de l'émotion, la nature de cette dernière - s'agit-il d'attirance, de répulsion, d'empathie ? - échappe encore aux algorithmes.