E-commerce Paris : pour Boosket, le F-commerce a un avenir

Thomas Pontiroli
Publié le 18 septembre 2012 à 17h08
Vendre sur Facebook ne fait pas consensus. Selon Patrick Robin, p-dg de l'agence 24h00, qui édite sa solution de F-commerce Boosket Shop Premium, le réseau social est un bon moyen de vendre des produits quand c'est événementiel, ponctuel.

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Bonjour Patrick Robin. Pouvez-vous d'abord nous rappeler ce qu'est Boosket, et ce qu'apporte la nouvelle version ?
Boosket a été créé en 2010 et racheté par l'agence 24h00 l'année d'après. À la base, c'était une simple solution de F-commerce qui propose de créer des boutiques en ligne sur Facebook en mode SaaS (software-as-a-service) et gratuitement. Aujourd'hui, l'objectif est d'en faire une solution multicanale car on ne peut plus satisfaire le client avec un seul point de contact.

Les principaux leviers sont le site Web, le mobile et les tablettes, les réseaux sociaux et notamment Facebook, et les comparateurs de prix dont Google Shopping. Boosket Shop Premium se veut être une solution clé en main pour gérer sa boutique sur Facebook, sa boutique en mode Web-Application mobile et ses flux produits sur Google Shopping.

Boosket Shop compte 25 000 clients dont 6 000 à 7 000 actifs dans le monde. Près de 70% sont situés hors de France, notamment en Europe, en Amérique et en Asie du Sud Est. Notre cible concerne les 119 500 e-marchands sur 120 000 qui réalisent moins de 500 commandes par mois.

Facebook est toujours présent au coeur de votre offre. Vous en avez tiré une bonne expérience avec Boosket jusqu'à présent ?
L'expérience n'est pas finie ! Sur ce point, je n'ai pas changé ma position. Le F-commerce est un élément important à inclure dans toute stratégie de social commerce. D'autres éléments existent : Pinterest, le user generated content, Twitter, les avis d'internautes, les blogs, la vidéo, les forums. Mais Facebook s'avère incontournable, de par son nombre d'utilisateurs (955 millions). Chaque français y passe 5h18 par mois en moyenne et 34% des membres suivent au moins un marchand américain.

Facebook est donc un levier marketing supplémentaire pour générer des ventes. Il ne doit en aucun cas être considéré comme un lieu de vente unique, même si 5% de nos clients ne vendent que sur ce réseau. Il serait idiot qu'une marque comme Lacoste par exemple vende tous ses produits sur Facebook. Nous, on propose plutôt une approche événementielle pour réaliser des ventes ponctuelles. Là, c'est pertinent.

Comment se concrétise une vision événementielle du F-commerce ?
Cela prend la forme d'événements lors des fêtes de fin d'année, ou de moments clés liés à l'entreprise comme des anniversaires ou des opérations spéciales. Ces événements sont davantage liés à la création. Au niveau de l'agence 24h00, nous avons des clients comme Lacoste, La Redoute ou Zadig & Voltaire et pour qui ce genre de campagne sur Facebook fonctionne très bien. Dans ce cadre, on joue plus sur l'émotion, le fait que les produits mis en avant sont en édition limitée, et on s'appuie aussi sur la viralité, aidée par le réseau.

Facebook profite-t-il surtout aux grosses sociétés que vous citez ou s'adresse-t-il aussi à de plus petits marchands ?
Lorsqu'il s'agit de petits marchés, de niches, de produits locaux, Facebook peut être intéressant pour vendre. Dans leur cas, il est plus pertinent d'ouvrir une F-boutique, tout en l'animant de façon événementielle comme pour les plus grosses sociétés. Pour eux, le réseau social est une manière de se faire connaître à moindre frais, plutôt que de se perdre sur la Toile. De plus, ils auront des fans très concernés. Ils seront certes en nombre limité, mais ils constitueront souvent un socle solide. C'est la force d'un réseau social.

Facebook ne sera donc jamais un véritable canal de vente en l'état actuel ?
Ce qui est important, ce n'est pas le lieu de la transaction, mais le lieu de la décision. Et celle-ci peut très bien être prise sur Facebook. Utilisé comme un objet marketing, il peut parfois se transformer en canal de vente. Et puis si on socialise bien son site, en intégrant par exemple l'Open Graph et le bouton F-connect, on peut très bien bénéficier du réseau sans même y posséder de page fan. Il ne faut pas résumer le F-commerce à la commande et au paiement sur Facebook.

La première fois, on s'était plantés car on croyait au paiement sur le réseau même. Finalement, on peut très bien remplir son panier sur Facebook et migrer vers un environnement tiers, sécurisé, afin d'effectuer la transaction. N'est-ce pas ce qui se produit très souvent, après tout, lorsqu'on réalise un achat sur Internet ?

Quels sont les freins naturels au F-commerce ?
Souvent, les gens confondent la protection des données personnelles et la sécurité des données sur Facebook. Ça n'est pas parce que plusieurs polémiques ont éclaté sur la gestion des données personnelles sur le réseau que les transactions financières ne seraient pas sécurisées.

Ensuite, il y a un simplement manque de confiance dû à un manque de maturité. C'était déjà la même chose il y a 15 ans avec les achats sur Internet. Après, il y a un analyste qui a déclaré que le F-commerce, c'était comme déranger deux amis en train de boire un verre dans un bar pour leur vendre un produit. Cette idée est stupide, on entendait déjà la même rengaine dans les années 1990.
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