Ubisoft est accusé de traquer les comportements des joueurs, même en mode hors-ligne. Une plainte a été déposée contre l'éditeur pour collecte illégale de données personnelles.

Joueur hors-ligne ? Ubisoft collecterait malgré tout vos données sans votre consentement… © Primakov / Shutterstock
Joueur hors-ligne ? Ubisoft collecterait malgré tout vos données sans votre consentement… © Primakov / Shutterstock

Le géant français du jeu vidéo Ubisoft, connu pour des franchises comme Assassin’s Creed, Far Cry et Prince of Persia, est aujourd’hui dans la tourmente. Alors que l'éditeur fait déjà face à un procès de harcèlement sexuel et moral, l’organisation autrichienne noyb a déposé une plainte contre l’entreprise, l’accusant de récolter des données personnelles sur ses joueurs sans leur consentement, même lorsqu'ils jouent à des jeux censés être hors-ligne.

Ubisoft : des jeux solo… mais visiblement sous surveillance

Si vous êtes un habitué des jeux Ubisoft, vous savez probablement que la majorité des titres du studio sont principalement centrés sur l'expérience solo. Pourtant, sur PC, les joueurs doivent obligatoirement se connecter à un compte Ubisoft avant de lancer leur partie, même dépourvue de fonctionnalité en ligne.

Un utilisateur a récemment fait cette découverte après avoir acquis Far Cry Primal sur Steam et tenté de le lancer sans connexion Internet. Résultat : impossible d'accéder au jeu sans être connecté et identifié sur les serveurs d'Ubisoft. Selon noyb, cette obligation permet à Ubisoft de collecter diverses informations sur les habitudes des utilisateurs en jeu.

Malgré les tentatives du plaignant pour obtenir davantage d'informations, Ubisoft a expliqué par l’intermédiaire de son service client qu’un contrôle de propriété était effectué au lancement, renvoyant ensuite à son contrat de licence et à sa politique de confidentialité. Ceux-ci stipulent que l’entreprise collecte des données personnelles « afin de vous offrir une meilleure expérience de jeu », qu’elle utilise « des outils d’analyse tiers pour collecter des informations concernant vos habitudes de jeu ainsi que celles d'autres utilisateurs et votre utilisation du produit », et qu’elle conserve des « données de jeu » ainsi que des « données de connexion et de navigation ».

Un volume impressionnant de données collectées

Conformément à l'article 15 du RGPD, l'utilisateur a découvert qu'Ubisoft collectait massivement des données telles qu'un identifiant unique, les heures de lancement et de fermeture du jeu, ainsi que la durée des sessions. Plus alarmant encore, une analyse a révélé que, sur une session de dix minutes, le jeu établissait pas moins de 150 connexions vers des serveurs externes, dont ceux de Google, Amazon et Datadog.

Selon l’Article 6(1) du RGPD, le traitement de données personnelles doit reposer sur le consentement ou être nécessaire, ce qui n’est évidemment pas le cas ici. D’autant que la propriété du jeu est déjà vérifiée via Steam et que l’existence d’une option pour jouer hors-ligne montre que cette collecte systématique n’est pas indispensable.

Pour Lisa Steinfeld, avocate chez noyb, il ne fait aucun doute que les agissements du géant français sont illégaux : « Les jeux vidéo coûtent cher, mais cela n'empêche pas des entreprises comme Ubisoft de forcer leurs clients à jouer en ligne sans raison valable, simplement pour gagner plus d'argent en suivant leur comportement. Les agissements d'Ubisoft sont clairement illégaux et doivent être stoppés ».

Face à ces pratiques jugées illégales, noyb a saisi l’autorité autrichienne de protection des données (DSB) pour demander la reconnaissance de l'infraction au RGPD par Ubisoft. L'organisation exige également l'effacement des données collectées sans base légale et l'arrêt immédiat de cette collecte. En cas de condamnation, l'éditeur risque une amende pouvant grimper jusqu'à 92 millions d’euros.

Source : Noyb

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