Une étude révèle qu'avec quelques astuces, les services de livraison de repas peuvent permettre aux consommateurs de réduire leur apport énergétique avec une redoutable efficacité.
Entre la mise en avant de produits moins caloriques ou de plus petites proportions, les solutions semblent simples, mais nécessitent un engagement actif de la part de nombreux acteurs qui va à l'encontre des habitudes acquises ces dernières années.
Une obésité en forte progression
Les applications telles qu'Uber Eats ou Deliveroo sont devenues incontournables dans les agglomérations dans lesquelles elles sont disponibles. En effet, rien qu'au Royaume-Uni, leur utilisation a augmenté de 55 % depuis 2015, et un peu moins de la moitié de la population les utilise régulièrement. Évidemment, les habitudes alimentaires ont été grandement affectées, et la restauration rapide, par exemple, est devenue beaucoup plus accessible. Mais cela ne vient évidemment pas sans poser un problème... de taille.
En effet, pour l'Organisation mondiale de la Santé, ces services seraient notamment responsables d'une crise de l'obésité au Royaume-Uni, celui-ci étant en passe de devenir le pays le plus touché d'Europe. Ce constat n'est pas du goût de l'organisation britannique Nesta, qui a parrainé les travaux du Dr Filippo Bianchi dans le cadre d'une étude présentée au Congrès européen sur l'obésité.
Celle-ci a consisté à concevoir une application de livraison fictive, qui a ensuite été présentée à 23 783 participants sélectionnés de manière aléatoire. Il leur a été demandé de choisir un repas comme ils le feraient normalement, et le nombre de calories a été mesuré au moment de la validation du panier. Toutefois, cette application a subi quelques modifications qui ont permis d'obtenir des résultats plus que probants.
Les applications de livraison, des acteurs majeurs de la lutte contre la malbouffe ?
En présélectionnant par défaut des portions plus petites, en mettant en avant des aliments moins caloriques et en affichant clairement l’apport des repas, l'application a conduit les participants à réduire, en moyenne, leur apport calorique de 15 % lors de la commande. Pour le Dr Bianchi, il s'agit d'une « preuve de concept encourageante que de petites modifications dans les applications de livraison pourraient aider de nombreuses personnes à identifier et à choisir des aliments plus sains ».
Et l'enjeu est de taille, puisque des études suggèrent que les plats à emporter contiennent en moyenne au moins 1 000 kcal, soit plus de la moitié de l'apport énergétique journalier recommandé pour un adulte. Dans l'étude du Dr Bianchi, le groupe de contrôle a même commandé des repas contenant près 1 400 kcal.
Cependant, le chercheur est très confiant : « L'essai d'initiatives similaires avec de vrais restaurants et de vraies entreprises de restauration a permis d'améliorer la qualité des aliments ». Avant d’ajouter : « Les applications de livraison pourraient toucher des millions de personnes et nous aider à choisir des options alimentaires plus saines ». Pas sûr que ce soit la priorité de certains pour le moment…
Source : The Guardian