Beaucoup de séries m'ont serré le cœur et mouillé les yeux au fil des années. Mais peu l'ont fait à la manière de Humans, une série qui se révèle extrêmement pertinente dans le traitement des riches sujets qu'elle aborde.
- Vous aimez l'anticipation et la thématique complexe des androïdes et de l'IA
- Vous avez aimé Real Humans et vous en voulez encore
- Vous cherchez une série riche et qui prend aux tripes
- Le sujet des androïdes exploités par l'humain ne vous intéresse pas
- Vous recherchez une série pleine d'action
- Votre cœur ne supportera pas la charge émotionnelle du show
Le veilleur d'écran[s] S03E10 📺 : Humans
Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :
Fiche technique Humans
Genre | Science-Fiction, Drame |
Réalisation | Sam Vincent, Jonathan Brackley |
Editeur | Kudos Film and Television, Channel 4 Television Corporation, AMC Studios |
Plateforme | MyCanal |
Nombre de saisons | 3 |
Nombre d'épisodes (Total) | 24 |
Classification | Tous publics |
Humans : en cas de doute, reboot
Avant d'attaquer cette chronique, il me semble de bon ton d'apporter une précision : Humans est une série américano-britannique adaptée d'une autre série, suédoise elle, Real Humans. N'ayant pas vu cette dernière je ne pourrai pas les comparer, mais les critiques à son égard sont excellentes, et si vous préférez vous laisser tenter par l'originale, qui n'a que quelques années d'ancienneté de plus, je ne pourrais assurément pas vous jeter la pierre.
Cela dit, cette adaptation proposée par AMC aux Etats-Unis, en collaboration avec Channel 4 en Angleterre, ne démérite absolument pas - ce qui reste assez rare quand l'on parle d'adaptations d’œuvres initialement créées dans d'autres pays.
Aujourd'hui terminée et composée de trois saisons de huit épisodes chacune, Humans m'a fait traverser un large panel d'émotions fortes durant sa diffusion, entre 2015 et 2018 (et même 2019, année de la triste annonce de son annulation faute d'audiences suffisantes).
Notez d'ailleurs que le show se termine sur une fin ouverte et que certaines questions restent en suspens… Toutefois, cela ne devrait absolument pas vous retenir de démarrer le voyage.
Pour tout vous dire, à l'été 2015, j'ai rapidement considéré la première saison de Humans comme ma nouveauté préférée, devant Mr Robot. De quoi capter un minimum votre attention, non ?
IA comme un problème
Humans, nous place dans un présent alternatif où l'Homme a réussi à créer des androïdes (appelés Synths) à l'apparence tout à fait humaine, pour assister les gens au quotidien. Leurs tâches sont nombreuses (accueil, compagnie, travaux manuels et souvent ingrats, etc.) et l'attitude des humains à leur égard est également assez variable, même si ces êtres synthétiques sont globalement acceptés et intégrés dans la société.
Or, vous vous en doutez probablement, certains Synths vont, pour une raison inconnue, commencer à développer une conscience propre. C'est notamment le cas de l'un des personnages principaux de la série, Anita (incarnée par l'impeccable Gemma Chan), une Synth qui a rejoint la famille Hawkins. Celle-ci est justement divisée sur la question des Synths : le père en veut, la mère n'en veut pas, quant aux enfants… Je vous laisserai découvrir ça par vous même.
Et cette dissension familiale n'est que l'une des nombreuses couches de narration que Humans utilise pour raconter son histoire et aborder les sujets que soulèvent les Synths, leur traitement, leurs droits et leur place dans la société. Aussi, bien plus qu'un simple drame familial, le show remue un riche terreau technologico-socio-politique à l'échelle nationale, où les débats font rage.
Et s'il n'y a pas (encore) d'androïdes dans notre quotidien bien réel, les sujets traités dans la série raisonnent avec les crises assez similaires que notre monde, et spécialement certains groupes de la population, traversent depuis des années.
Synths waves : music to my ears
La série suit ainsi plusieurs personnages très différents les uns des autres, qu'ils soient humains ou Synths, entrecroisant des arcs narratifs qui parviennent à rester percutants et passionnants, malgré le fait que le sujet central ne soit pas nouveau.
On appréciera également le fait que Humans évite de tomber dans un manichéisme typique, « les humains sont méchants et les Synths sont gentil ». Comme souvent, et comme dans le monde réel, les choses sont bien plus compliquées et nuancées que cela.
À ce fond riche en questionnements éthiques et en réflexions bouleversantes qui prennent aux tripes (vraiment, certains passages m'ont collé des gifles d'une intensité rare), Humans ajoute en fil rouge une part de mystère autour du réveil et de la création des Synths.
Ce mélange permet d'obtenir des épisodes conséquents, une densité renforcée par le fait qu'il n'y en ait que huit par saisons - format que j'apprécie d'ailleurs tout particulièrement.
« Humans fait partie de cette poignée de séries trop méconnues dont j'ai envie de crier l'existence et le génie sur tous les toits »
L'autre élément qui explique l'efficacité de Humans pour faire monter les larmes est à n'en pas douter le travail de son casting. Entre les interprètes d'humains, aux riches palettes émotionnelles (les parents Katherine Parkinson et Tom Goodman-Hill en tête, dont j'ai adoré l'évolution au fil des saisons) et ceux de Synths, qui arrivent à transmettre des choses intenses tout en restant parfaitement stoïques (Emily Berrington, Will Tudor et Ivanno Jeremiah sont bluffants), tous sont impeccables.
Ils sont d'ailleurs soutenus par une production de qualité, notamment côté maquillage pour les Synths, auxquels on croit vraiment.
Avant de conclure, un petit tour côté musique s'impose - vous savez peut-être comme cet élément est primordial pour moi dans les séries.
S'il ne s'agit pas de son travail qui m'a le plus marqué, je me sens tout simplement obligé de relever que la bande son de Humans été composée par le talentueux Cristobal Tapia de Veer, un nom que nous avons déjà évoqué dans les chroniques sur Utopia (les deux séries partagent d'ailleurs la présence de l'excellent acteur Neil Maskell) et Dirk Gently.
Humans fait ainsi partie de cette poignée de séries trop méconnues dont j'ai envie de crier l'existence et le génie sur tous les toits. Son sujet n'est peut-être pas très original, j'en conviens, mais le traitement qu'elle en fait et ses personnages sont tellement brillants qu'elle est devenue pour moi la référence du genre et l'un des shows les plus touchants et sensibles de ces dernières années.
- Vous aimez l'anticipation et la thématique complexe des androïdes et de l'IA
- Vous avez aimé Real Humans et vous en voulez encore
- Vous cherchez une série riche et qui prend aux tripes
- Le sujet des androïdes exploités par l'humain ne vous intéresse pas
- Vous recherchez une série pleine d'action
- Votre cœur ne supportera pas la charge émotionnelle du show
Les trois saisons de Humans sont actuellement proposées en France du côté de Canal+.
Besoin d'une nouvelle série à regarder ? Retrouvez toutes nos critiques et chroniques séries.