Cette démarche de Jack Dorsey intervient alors qu’Elon Musk s’associe à des journalistes conservateurs pour publier ce qu’il dénomme les « Twitter Files ». Leur objectif est de lever le voile sur les anciennes pratiques exercées au sein de Twitter et de dénoncer la corruption, selon le milliardaire, de ses anciens dirigeants.
La réponse de Dorsey aux « Twitter Files »
Les journalistes de mèche avec Musk ont publié des documents internes et des échanges d’e-mails entre les employés de Twitter, démontrant comment la modération était mise en pratique sur la plateforme, et sur quelles bases. Jack Dorsey reconnaît par exemple que la suspension du compte de Donald Trump était « une bonne chose pour les affaires de l'entreprise publique à l'époque, mais une mauvaise chose pour Internet et la société ».
En revanche, le fondateur de Twitter dénonce la manière dont ces dossiers sont révélés, et explique qu’il aurait été plus judicieux qu’ils « soient publiés à la manière de Wikileaks, avec beaucoup plus d’avis et d'interprétations à prendre en compte ». En effet, des anciens employés de Twitter, cités dans l’affaire, sont désormais victimes d’attaques et de cyberharcèlement.
« Il n'y avait pas de mauvaise intention ou d'intentions cachées, et tout le monde a agi en fonction des meilleures informations dont nous disposions à ce moment-là », assure-t-il. Il continue : « Les attaques actuelles contre mes anciens collègues pourraient être dangereuses et ne résolvent rien. Si vous voulez des reproches, dirigez-les vers moi et mes actions, ou leur absence ».
Selon Dorsey, Internet doit absolument être ouvert et échapper au contrôle des gouvernements
Dorsey explique en outre que selon lui, « les réseaux sociaux doivent être résistants au contrôle des entreprises et des gouvernements », que « seul l'auteur original peut supprimer le contenu qu'il produit », et enfin, que « la modération est mieux mise en œuvre par un choix algorithmique ». À l’époque, il estimait que l’introduction en Bourse de Twitter lui permettrait d’échapper au contrôle des gouvernements et d’instaurer ces principes. Ce ne fut toutefois pas le cas, ce qui justifie son départ de la société car il « ne convenait plus à l’entreprise ».
Afin de soutenir l’ouverture d’Internet, Dorsey annonce qu’il va accorder des subventions en espèces et en actions à des équipes d'ingénieurs travaillant sur les réseaux sociaux et les protocoles de communication privés, sur le bitcoin et sur un système d'exploitation mobile réservé au web. Il va également donner 1 million de dollars chaque année à Signal, qui résiste au contrôle gouvernemental.
En amont, Dorsey travaille au développement de Blue Sky, un réseau social en open source ; dans son billet de blog, il vante également les mérites de Mastodon. Il se prononce en faveur « d'une norme technologique de base pour faire des réseaux sociaux une partie intégrante de l'internet », un élément essentiel « pour la capacité de la conversation publique à servir véritablement le peuple, ce qui permet de responsabiliser les gouvernements et les entreprises ».