Soufyane Benhammouda pour Clubic
Soufyane Benhammouda pour Clubic

Dans le giron du groupe Volkswagen, Skoda suit la marche de l’électrification. Aux 100 % électriques s’ajoute une gamme d’hybrides rechargeables. C’est désormais au tour de la Skoda Octavia de porter le badge iV.

Plus aucune marque du groupe Volkswagen ne vit dans l’ombre de la maison mère. Au fil des années, chacune développe son image et gagne de plus en plus de visibilité en France. Et c’est notamment le cas de Skoda qui, avec ses produits rigoureux, intelligents et plus abordables, n’a plus à rougir de la concurrence.

C'est d'ailleurs d’autant plus vrai depuis l’arrivée en force de la marque tchèque dans le segment des voitures électriques et électrifiées. Sur ce dernier volet, Skoda s’intéresse désormais au segment inférieur : après la Superb iV, c’est désormais au tour de la nouvelle génération d’Octavia de recevoir la motorisation hybride rechargeable du groupe.

Essai-Skoda-Octavia-Combi-iV

Un coeur de Volkswagen Golf eHybrid, et bien d'autres

Best-seller de la firme de Mlada Boleslav avec plus de 6,5 millions d’exemplaires produits depuis son lancement en 1959, la Skoda Octavia arrive à sa quatrième génération. Toujours basée sur la plateforme d’une Volkswagen Golf depuis le rachat de la marque par le groupe allemand en 1966, l’Octavia suit à la trace la trajectoire de la compacte de Wolfsburg.

Sans surprise donc, la dernière génération, qui étrenne elle aussi la plateforme MQB, récupère la mécanique hybride rechargeable commune avec toutes les compactes du groupe. Il s’agit plus précisément du tandem composé du 4 cylindres 1,4 l de 150 ch pour 250 Nm, associé à un moteur électrique portant la fiche technique à un total de 204 ch pour 350 Nm. Un moteur que l’on retrouve sous les capots de l’Audi A3 TFSI e, des Cupra et Seat Leon eHybrid, ainsi que dans la Volkswagen Golf eHybrid.

L’ensemble est alimenté par une batterie de 13 kWh qui promet jusqu’à 61 km d’autonomie. Une valeur généreuse qui permet de faire descendre les indices énergétiques à 1,0 l aux 100 km pour 22 grammes d'équivalent CO2 par km. Inutile de préciser encore que cette consommation ne s’affiche jamais sur le tableau de bord mais uniquement sur une calculatrice au moment de faire les comptes à la fin du mois, dans l’éventualité où les recharges ont été réalisées régulièrement.

Pas de surprises donc en matière de consommation, d’agrément ou d’ingénierie, puisque la mécanique, ses pièces et sa gestion demeurent similaires au modèle originel. La Skoda Octavia iV, que ce soit en version berline ou Combi, sujet de notre essai, se différencie de sa version thermique au niveau des cosmétiques, sur l’équipements mais aussi sur quelques réglages de trains roulants spécifique.

Une ergonomie tout tactile complexe

L’apport d’une batterie installée à l’arrière ne grignote pas sur l’espace à bord, où les passagers arrière bénéficient d’un espace correct au niveau des genoux. En revanche, le coffre et le réservoir font fusibles, comme c’est souvent le cas sur les hybrides rechargeables. D’un volume de 640 l avec un moteur thermique, le coffre tombe ici à 490 l. Soit 150 l perdus sur la profondeur. Néanmoins, un petit espace sous le plancher a été prévu pour y ranger les câbles de recharge. Toujours ça de pris pour ne pas occuper inutilement de la place dans la soute qui conserve ses 1 067 mm de long. Le réservoir se passe de son côté de 5 l pour descendre à 40 l de volume.

À l’intérieur pas de changement par rapport aux autres déclinaisons de l'Octavia. La planche de bord est plutôt bien dessinée et le niveau de finition n’a rien à envier aux fameux standards allemands. Le combiné d’instrumentation entièrement numérique propose plusieurs affichages différents et une dalle tactile centrale reculée permet d’accéder au système d’infodivertissement.

On peut tout de même regretter que l'ergonomie globale soit particulièrement confuse. Il faut cliquer sur une multitude de boutons sur le volant pour faire défiler les informations sur l’instrumentation et le fonctionnement du régulateur de vitesse est complexe pour régler la vitesse avec précision.

Aussi, il faudra obligatoirement passer par l’écran central pour changer les modes de conduite ou modifier l’intensité de la récupération d’énergie à la décélération. Des raccourcis via des boutons physiques sur la planche de bord (par exemple à la place du large bandeau tactile pour régler le son, finalement peu utile en raison de la présence d’une molette sur le volant) auraient été une bonne idée.

Un comportement (trop ?) confortable

Comme toutes les Skoda modernes qui se respectent, c’est le confort qui saute aux yeux en premier, et un toucher de route fort appréciable, malgré la présence des belles et grosses jantes de 19 pouces uniquement disponibles sur la iV (en option à 630 €). Sans se soumettre aux lois de la physique, les amortisseurs acceptent de laisser la caisse bouger afin de préserver le confort à bord. 

En revanche, l’amortissement se montre trop conciliant au fur et à mesure que la route commence à tourner. Sur le réseau secondaire, ces mouvements de caisse pourraient nouer la gorge des occupants les plus sensibles, et la conduite risque de ne pas être optimale. Question de choix donc, mais le paramétrage le plus ferme parmi les 15 réglages (!) proposés nous a semblé le plus naturel. Sans transformer l'amortissement en « bout de bois », ce réglage montre que le système a une logique inverse par rapport à ce qu'on a l'habitude de voir, avec une suspension Confort caricaturalement lâche.

Cette configuration du programme Individual (tous les autres paramètres étant restés sur des configurations Confort) a permis de mettre en lumière les qualités du châssis de l’Octavia Combi : la filtration des aspérités est correcte et on peut profiter de la direction, légère, mais offrant un bon retour dans les mains, elles-mêmes posées sur un superbe volant.

Des performances suffisantes

Dans cet ensemble plutôt calme, nous n’avons jamais éprouvé le besoin d’enclencher le mode Sport, finalement peu adapté pour une conduite portée sur les économies. Lorsque le besoin se fait sentir, les 204 ch et 350 Nm de couple répondent toujours présents, et ce quel que soit le niveau de charge de la batterie : la réserve de boost permet d’enquiller les reprises en conservant le même niveau de performance. Selon différents scénarios, nous avons donc toujours chronométré le 80-120 km/h en près de 5,5 s, soit 0,5 s de plus qu’une Cupra Leon Sportstourer eHybrid de 245 ch. À noter toutefois que, comme cette dernière, il ne faut pas abuser de la réserve de charge pour cet exercice : au bout de quatre fortes demandes, le système déclare forfait, au point d’ajouter 1,5 s de plus à l’exercice. Une éternité derrière le volant.

Avec son confort de conduite et son toucher de route serein, la Skoda Octavia Combi iV n’est pas faite pour dévaler les cols de montagne le pied à fond sur l’accélérateur. D’autant que la boîte DSG s’est montrée régulièrement paresseuse au rétrogradage, voire parfois percutante dans ses changements de pignon. Ajoutez la motricité perfectible sur chaussée humide, vous devriez vite lever de pied.

Des consommations maîtrisées, même batterie vide

Si on lève le pied, c'est aussi parce que le principe de l’hybridation dans cette formule est davantage porté sur les consommations que sur le surplus de performances grâce à l’électrification. Sur ce terrain, l’Octavia fait bonne figure grâce à un système correctement mis au point. 

Chargée à 100 % et le mode hybride activé, le break peut se targuer d’une consommation mixte moyenne de 3,6 l aux 100 km. Il faudra pour cela effectuer des passages en ville où le moteur électrique se réveillera plus souvent. Sur le réseau secondaire, la batterie pourra facilement tenir le coup sur près de 150 km selon le profil de la route. Comme toutes les voitures hybrides, les interventions de l’électrique sont plus rares sur autoroute, où l’Octavia pourra se stabiliser à près de 6,0 l aux 100 km en moyenne, avec des pics instantanés compris entre 6,5 l aux 100 km et 7,0 l aux 100 km à 130 km/h, sans interventions du moteur électrique.

Or, alors que la consommation explose dans la plupart des hybrides rechargeables lorsque la batterie est vide, le système développé par Volkswagen enregistre des valeurs intéressantes. Dans ce cas, il faudra compter sur une surconsommation moyenne de l’ordre de 2,0 l aux 100 km, avec une valeur finale de 5,6 l aux 100 km. Pour cause, des interventions bien plus courtes du moteur électrique, qui ne pourra rien faire de plus au delà des 60-70 km/h.

Très logiquement, la surconsommation sera maitrisée sur autoroute où le système fonctionne de manière similaire, avec un peu plus d’1 l aux 100 km. En revanche, il faudra éviter de fouler les centres ville avec la batterie vide : on y perd tout l’intérêt d’une mécanique permettant d’y rouler sans brûler une goutte d’essence. Ici, la consommation grimpera de manière significative.

Autonomie et recharge de la Skoda Octavia iV

Comme d’habitude donc, préférez un mode de conduite entièrement électrique en jouant le jeu de la recharge avec l’Octavia hybride rechargeable. Avec la batterie à 100 %, elle nous a permis de faire une boucle mixte (avec un passage à 130 km/h) de 45 km avant de déclarer forfait. Dans le cadre d’une recharge effectuée sur une prise domestique au prix en vigueur, cela représente un plein à 2,09 € et un coût d’utilisation de 4,60 € pour 100 km.

Côté recharge, l'Octavia iV embarque un système AC d'une puissance de 3,6 kW via sa prise Type 2. Il faudra compter 5 heures d'immobilisation sur une prise domestique (limitée à 2,3 kW) et 3 heures 30 avec une Wallbox ou toutes autres solutions de recharge capable de délivré au minimum 3,6 kW de puissance.

Atteindre la consommation annoncée, c'est possible

Au delà des considérations du portefeuille, c’est la recharge qui permettra de faire baisser la moyenne des consommations. En prenant en compte un trajet quotidien de 40 km par jour ouvré effectué en mode électrique, et selon notre consommation moyenne de 6,0 l aux 100 km au terme de cet essai, il ne faudra pas parcourir plus de 200 km en mode thermique pour conserver une moyenne mensuelle de 1,11 l aux 100 km. Ce qui, dans ce scénario, représenterait un coût d’usage direct de 5,47 € pour 100 km en prenant en compte le prix des pleins de carburant et d’électricité. Ça, c’est si vous faites le jeu de la recharge.

Néanmoins, de nombreux acheteurs se ruent sur les hybrides rechargeables pour leur image « deux voiture en une », mais aussi pour tous les avantages fiscaux qu’elles peuvent représenter pour les entreprises et particuliers (exonération de TVS, carte grise gratuite selon les endroits, bonus de 1 000 €, possibilité d’entrer dans les futures ZFE, …), et ce sans se soucier de la recharge. En résulte alors de la déception avec des consommations parfois disproportionnées.

Prendre la route sans recharger, une erreur ?

Le planning de notre essai nous laissant toute la latitude d’explorer la plupart des situations, nous avons décidé d’effectuer le trajet des vacances avec cette technologie. Le scénario : un départ de « dernière minute » sans prendre le temps de recharger la batterie du break Skoda, en faisant un aller par la route nationale, et un retour par l’autoroute. Soit un total de 1 265 km comprenant les différents trajets sur place.

Sur routes de montagne la Skoda Octavia Combi iV a affiché une moyenne de 5,7 l aux 100 km, entre Lyon et Nice par la Route Napoléon, alors qu’elle ne disposait d’aucune charge dans la batterie, hormis les quelques kWh définis par le constructeur. 

Sur place, en bénéficiant d’une prise de recharge domestique, il était possible de faire le plein d’électricité pour la journée suivante. Sur les routes de bord de mer l'Octavia a fait montre d'une autonomie de 55 km. C’est au retour sur l’autoroute que la consommation s’est montrée moins bonne, avec une moyenne de 7,0 l affichée sur l’écran. Au terme de ce périple, l’Octavia Combi enregistrait une consommation globale de 5,36 l aux 100 km, avec des évolutions entièrement électriques et gratuites dans notre cas et, précisons le, bien aidé par un réseau secondaire favorable.

Prix de la Skoda Octavia Combi iV

La Skoda Ocatvia Combi iV ouvre son catalogue avec la finition Ambition qui embarque tout le nécessaire technologique en matière de confort et de sécurité. Au dessus se trouve la version Sportline qui, comme son nom l’indique, se veut plus dynamique dans ses présentations extérieure et intérieure. Mais on note aussi l’apparition du détecteur de fatigue, de l’éclairage d’ambiance à LED ou du volant Sport chauffant. La version Style gagne de son côté des sièges avant chauffants, une sellerie spécifique, un système Bluetooth rSAP LTE et différentes améliorations esthétiques plus raffinées.

  • Skoda Octavia Combi iV Ambition : 37 910 €
  • Skoda Octavia Combi iV Business : 39 290 €
  • Skoda Octavia Combi iV Sportline : 41 320 €
  • Skoda Octavia Combi iV Style : 41 330 €

Fiche technique Skoda Octavia Combi iV :

  • Dimensions L x l x h : 4,69 m x 1,83 m x 1,47 m
  • Empattement : 2,68 m
  • Volume du coffre : de 490 l à 1 555 l
  • Poids à vide : 1 620 kg
  • Nombre de places : 5
  • Moteur thermique : 4 cylindres essence turbo
  • Cylindrée : 1 395 cm3
  • Puissance thermique : 150 ch 
  • Couple thermique : 250 Nm 
  • Moteur électrique : synchrone dans la boîte
  • Puissance électrique : 116 ch
  • Couple électrique : 330 Nm 
  • Capacité de la batterie : 13 kWh 
  • Temps de recharge sur secteur : 3h30 (en AC à 3,6 kW)
  • Puissance totale cumulée : 204 ch
  • Couple total cumulé : 350 Nm
  • Transmission : traction 
  • Pneus/roues : Goodyear Eagle F1 225/40 R19
  • Consommations (WLTP) : 1,1 l/100 km
  • Autonomie (WLTP) : 61 km (85 km en ville)
  • CO2 (WLTP) : 22 g/km
  • Consommation constatée : 6,0 l/100 km
  • Autonomie constatée : 50 km
  • 0-100 km/h : 7,5 s
  • Vitesse maximale : 220 km/h

Faut-il craquer pour la Skoda Octavia Combi iV ?

Douce, confortable, bien finie et finalement pas excessive en termes de consommation de carburant, l’Octavia iV est une bonne surprise et cumule les éloges. Pas piégeuse si on ne joue pas le jeu de la recharge, elle gagne toutefois à être branchée régulièrement pour tirer le meilleur de sa technologie.

Et pour mieux enfoncer le clou, elle affiche une grille tarifaire aussi douce que sa suspension. Disponible à partir de 37 910 € (36 810 € pour la berline) dans son niveau de finition Ambition déjà correctement équipé, elle grimpe à 41 330 € dans le niveau Style de notre modèle d’essai (40 230 € en berline). Il n’y a guère que la Renault Megane Estate e-Tech, la Kia Ceed SW PHEV pour se mettre en face. N’oublions pas non plus la nouvelle Peugeot 308 SW Hybrid, qui débute à 37 800 € avec sa version hybride rechargeable de 180 ch.

Si les SUV ont bien plus le vent en poupe aux yeux des professionnels ou des particuliers, les breaks n’ont pas dit leur dernier mot auprès d’une frange de la population plus attirée par un format plus mesurés. Certes, à n’en pas douter, c’est auprès des professionnels qu’elle pourra trouver son succès, mais les familles auraient donc tort de ne pas se pencher sur cette Octavia Combi.