En France, une campagne est lancée contre la "technopolice" (surveillance urbaine de masse)

Benoît Théry
Publié le 22 septembre 2019 à 11h00
Une caméra de vidéosurveillance en ville
© AFP/Archives

Un mouvement associatif, La Quadrature du Net, a lancé le 16 septembre une campagne baptisée « Technopolice » appelant à lutter contre les dérives sécuritaires de certaines smart cities.

L'initiative accuse également la CNIL d'un « coupable laisser-faire ».

Dénoncer des dérives sécuritaires

Le terme de « Technopolice » désigne à la fois les dérives sécuritaires, que la Quadrature du Net entend dénoncer, et la campagne qu'elle a lancée à leur encontre le 16 septembre. Sur le site de l'association, qui surmonte son appel d'une affiche rouge et noire, on peut lire : « La Smart City révèle enfin son vrai visage : celui d'une mise sous surveillance totale de l'espace urbain à des fins de contrôle. De Nice à Valenciennes en passant par Toulouse, Saint-Étienne, Strasbourg ou Paris, la surveillance massive s'ancre dans l'urbanité ».

Face à ce que le collectif estime être des dérives sécuritaires, il dit avoir commencé à « documenter des projets, par exemple à Nice et à Marseille ». La Quadrature du Net prend notamment pour cible le maire de Nice, Christian Estrosi, qui a expérimenté la reconnaissance faciale dans sa ville en février 2019. Avant de viser la CNIL, organisme indépendant visant précisément à contrôler la légalité de ce type d'initiatives : « Après quelques réunions publiques, et après avoir rencontré la CNIL et constaté son coupable laisser-faire, nous avons lancé une première action en justice contre l'expérimentation de la reconnaissance faciale dans les lycées de la région Sud, en lien avec la Ligue des droits de l'Homme, la CGT-Educ et la fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) ».

Le site ajoute ensuite : « Ces initiatives ne font que lever le voile sur ces projets et expérimentations. Pour vraiment porter, elles doivent être démultipliées. C'est dans ce but que nous avons lancé aujourd'hui une plateforme collaborative permettant de fédérer des collectifs d'opposition ».


La CNIL sur le banc des accusés

Pourtant, l'initiative, et plus précisément l'accusation de « laisser-faire » envers la CNIL ne semble pas faire consensus. Le site spécialisé Usine Digitale prend même longuement la défense de l'organisme. On peut ainsi lire : « La CNIL indiquait tout de même qu'elle avait effectué plusieurs échanges avec la municipalité dans une logique "d'accompagnement à la conformité". (...) Par ailleurs, la CNIL a déjà refusé la mise en place d'un dispositif par cette même ville. En mars 2018, Christian Estrosi avait décidé de tester l'application israélienne "Reporty". (...) La CNIL a immédiatement réagi en exigeant l'arrêt immédiat de cette expérimentation ». Le site assure également que les dérives sécuritaires décriées par l'association ne pourraient pas être pérennisées.

Pour la Quadrature du Net, la campagne est pourtant bel et bien lancée. Cette association fondée en 2008 et sauvée par une campagne de dons fin 2014, réalise régulièrement des actions concernant les droits du numérique. À titre d'exemple, elle a pris la parole en 2018, à la signature du célèbre Article 13.


Le site de l'association détaille la campagne « Technopolice » et les renseignements que la Quadrature du Net a réunis jusque-là.

Source : La Quadrature du Net
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Commentaires (10)
Vanilla

Je rappelle à toutes fins utiles que c’est grace à la télésurveillance et aux caméras qu’on a pu retrouver assez facilement le terroriste de Strasbourg. Sans les vidéos, on aurait eu aucune idée où il était parti…

GRITI

Argument classique…
Les caméras ne l’ont pas empêché de passer à l’acte…
Plus les gens ont peur plus ils sont prêt à accepter de choses pour atténuer cette peur.
Du pain béni pour nos politiques…

wedgantilles

Le problème c’est que comme toujours il y a du pour et du contre. Et l’existence de Caméra peut permettre de résoudre des enquêtes mais aussi d’avoir une meilleur sécurité, de nombreuses constatations pouvant être faites en avance. Voir même suivre un individu qui serait recherché. C’est un outil précieux pour les forces de l’ordre.

La reconnaissance faciale c’est une autre problématique sans doute, mais on ne peut pas non plus dire qu’il faut arrêter et ne pas mettre de caméra du tout non plus. Il y a une sorte de juste milieu à trouver.

Imagions un usage simple et utile de ces caméras, admettons qu’elles soient reliés à un système pour les plaques d’immatriculation qui permettrait la détection de véhicule volé, ou recherché, ce qui pourrait être une grande aide là encore pour résoudre des affaires.

Les caméras ne sont pas le problème, c’est ce qu’il va y avoir derrière.

keyplus

de toute façons le maillon faible de la répression contre les délinquants en France c est le systeme judiciaire
je preferais une reforme en profondeur de celui ci : trop de juge trop d’avocat pas assez de bagnes et prisons

KlingonBrain

On ne peut pas raisonner en tenant compte uniquement du coté positif d’une technologie. Il est impératif de tenir compte aussi (et surtout)de ses dangers.

Par exemple, on imagine sans peine les dégats qu’auraient fait ces technologie pendant la seconde guerre mondiale contre la résistance. Une résistance que les nazi appelaient “des terroristes”.

Une chose importante qu’il faut comprendre sur la démocratie, c’est qu’elle est basée sur un subtil équilibre des pouvoirs entre trois parties : le peuple, la justice et le pouvoir politique. Le moindre déséquilibre peut engendrer des conséquences catastrophiques.

L’actualité récente a montre que les technologie semblent etre bien plus utilisée contre des manifestants que pour empecher des attententats terroristes.

wedgantilles

C’est un constat sacrément raccourci. Le code pénal a sûrement besoin d’être revu, mais on est loin d’avoir assez d’avocats et de juge. Quand on voit le temps nécessaire avant que certaines affaires soit jugées effectivement il y a un manque flagrant humain et financier aussi pour faire rendre la justice.

KlingonBrain

Il faut arreter avec cette légende urbaine issue d’une réflexion simpliste. Les pays qui ont un système judiciaire très dur n’ont pas pour autan de bons chiffres en matière de criminalité.

Le problème de la France est d’ailleurs bien plus grave. Faute de pouvoir apporter une réponse aux problèmes économiques et sociaux, la criminalité explose. Et le système judiciaire est complètement dépassé en terme d’hommes et de moyens.

Les prisons ont par ailleurs démontré leur capacité à etre de vraies usines à fabriquer des délinquants endurcis et moralement décomplexés. C’est un vrai cercle vicieux.

Je vous suggère l’étude de l’histoire de la Mafia italienne qui est riche d’enseignement sur la génèse de la délinquance.

Cela vous aidera à comprendre pourquoi une lutte contre la délinquance efficace ne passe pas juste par une surenchère dans la réponse pénale.

Blackalf

Personnellement j’ai une autre vision de la chose, pour avoir été en litige pendant 15 ans (oui, quinze ans) avec l’assurance d’une grande surface suite à un accident survenu dans un de leurs magasins et qui a laissé un handicap permanent à ma femme gif

Pour être exact, nous avons été en accord plus ou moins amiable pendant près de 8 ans, l’assurance ayant ensuite tenté de couper court, nous avons alors déposé plainte auprès du tribunal du commerce, et le procès a duré + de 5 ans (+ 2 années complètes après que le jugement ait été rendu, rien que pour calculer notre indemnité) pour ce qui n’était au fond qu’une petite affaire pas bien grave paf

Et ce que je peux dire, c’est qu’il n’a pas été question d’un manque de moyens, mais uniquement de manoeuvres procédurières, d’expertises et contre-expertises, de reports d’audiences sur la demande de la partie adverse, d’absences d’avocats lors de réunions de conciliation qui étaient alors annulées, etc…, etc…

Alors je ne doute pas que la situation soit identique en ce qui concerne les tribunaux pénaux, certains avocats profitant de toutes les possibilités que leur offre le système pour retarder les choses neutre

keyplus

sincèrement pour la petite délinquance y a t il réellement besoin de juges? le policier peut tres bien avoir double casquette

keyplus

les prisons dépendant aussi du systeme judiciaire il est normal qu elle soit aussi inefficace
ensuite quand on compare deux pays il faut tout comparer et prendre pays avec meme niveau de vie et redistribution sociale et la comparer en ne jouant que sur le parametre systeme judiciaire et celui de la France est inefficace et ne marche plus car trop laxiste

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