© Fairphone
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Le Néerlandais Fairphone considère que l'Union européenne va dans le bon sens en ce qui concerne l'augmentation de la durée de vie des batteries et appareils. Mais sa dirigeante souhaite que Bruxelles aille encore plus loin.

Il y a quelques jours, la Commission européenne a annoncé avoir lancé une analyse d'impact initiale destinée à réfléchir à la future réglementation en matière d'économie circulaire. Celle-ci concerne la durée de vie des batteries et pièces de rechange des smartphones et tablettes, que Bruxelles souhaite plus durables. Fairphone, le fabricant de mobiles plus équitables d'un point de vue environnemental, salue l'initiative européenne, mais appelle à davantage d'efforts.

Une politique plus stricte pour dissuader les fabricants d'utiliser d'autres pièces et appareils pour contourner la future réglementation

La P.-D.G. de l'entreprise néerlandaise, Eva Gouwens, se dit ravie de « voir que l'UE envisage de pousser les fabricants de smartphones et de tablettes à fournir des pièces de rechange et à améliorer la durée de vie des batteries des téléphones ». Bruxelles estime qu'une politique de fabrication des produits plus respectueuse de l'environnement (et selon ses critères) pourrait en effet aider à réduire l'impact climatique du marché de la téléphonie mobile de 25 %.

« L'industrie des smartphones doit renoncer à la course au toujours plus compact et privilégier un design intelligent et durable plutôt qu'un design mince », ajoute la dirigeante, pour qui les propositions faites par l'Union européenne marquent un bon début. Elle n'oublie pour autant pas qu'il reste des aspects à améliorer.

« L'UE devrait faire pression pour imposer à la fois des batteries durables et des batteries en tant que pièces de rechange, et non l'un ou l'autre comme elle le recommande actuellement. » Fairphone prend l'exemple des écrans flexibles, qui, selon la firme, ne devraient pas être exemptés de ces règles. En effet, « les fabricants pourraient commencer à les utiliser pour contourner les exigences », prévient Eva Gouwens.

Mettre fin aux obstacles entre les réparateurs et les usagers

Eva Gouwens aborde très judicieusement l'évolution attendue du modèle économique de la réparation d'appareils. Elle rappelle ainsi que les fabricants peuvent aujourd'hui réclamer aux réparateurs de s'enregistrer et de payer des frais pour accéder aux informations et notices de réparation, ce qui crée un obstacle à des offres de réparation à la fois peu coûteuses et rapides. « Si les réparations deviennent trop coûteuses et prennent trop de temps pour le consommateur moyen, la plupart éviteront probablement de réparer leurs propres appareils et opteront pour l'achat d'un nouvel appareil », ajoute-t-elle. Difficile d'aller contre son raisonnement.

Fairphone le rappelle à juste titre : 75 % des émissions de CO2 sont faites au moment de la production des mobiles. Si d'aventure, l'utilisateur parvient à multiplier par deux la durée de vie de son smartphone, alors la production devrait chuter à terme. Pour le moment, on en est loin, mais il n'est pas interdit de rêver.

Autre solution : les réparations que l'on peut faire soi-même. Cela passe par des batteries remplaçables et une assistance logicielle renforcée, ce qui aiderait les utilisateurs à préserver leurs appareils et à prolonger la durée de vie d'un smartphone de deux à trois ans, conformément au souhait de la Commission européenne.

« Nous exhortons l'UE de mettre en place des règles du jeu équitables et ambitieuses, et l'industrie électronique de suivre notre exemple et d'appliquer nos enseignements pour changer la façon de faire les choses. Nous espérons également que ces projets seront mis en œuvre dans le reste du monde », appelle Eva Gouwens. Une bouteille jetée dans un vaste océan, mais qui sait.