Le régulateur a délivré à Starlink une autorisation sur dix ans visant à fournir un accès à l'Internet fixe haut débit par satellite dans l'Hexagone.
L'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse, l'ARCEP, a publié il y a quelques jours une décision prise le 9 février 2021 qui visait à répondre à une demande émise par la société Starlink Internet Services Limited. La société américaine, rattachée à Space X, a officiellement été autorisée par le régulateur à œuvrer en France comme opérateur internet.
Starlink peut officiellement lorgner sur le marché français et ses zones blanches
La société Starlink sollicitait auprès de l'ARCEP une autorisation d'utilisation de fréquences dans les bandes 10,95-12,70 GHz (de l'espace vers la Terre) et 14-14,45 GHz (de la Terre vers l'espace). Elle l'a officiellement obtenue et pourra donc bien fournir, en France, des services d'accès à Internet haut débit, et ce sur l'ensemble du territoire qui relève de la compétence de l'autorité des télécoms française. Mais plus particulièrement dans ce que l'on appelle les « zones blanches », dépourvues de tout réseau solide.
Starlink peut désormais exploiter le marché français et proposer aux consommateurs d'installer, chez eux, de petites stations terriennes fixes, sous la forme d'une antenne dont on vous laisse juger du style. Ces stations résidentielles seront reliées, grâce à l'exploitation des deux bandes de fréquences ouvertes à Starlink, au système à satellites non-géostationnaire enregistré à l'UIT (l'Union internationale des télécommunications), sous le nom de STEAM-1.
Pour obtenir cette autorisation, Starlink a nécessairement dû accepter diverses conditions d'utilisation et se soumettre à une obligation dite de « non-interférence » vis-à-vis des autres systèmes et services qui transitent par les deux bandes de fréquences ouvertes au réseau américain, qui avait déjà obtenu les autorisations pour l'installation de trois stations terriennes en France.
À quoi peuvent prétendre les consommateurs ?
Starlink a peut-être obtenu le statut d'opérateur internet et les autorisations d'utilisation de fréquences en France, mais l'entreprise n'a pour le moment pas encore commercialement lancé ses activités en France. Ce pourrait être fait avant l'été 2021, mais sans confirmation. Pour rappel, son service n'est disponible qu'en bêta outre-Atlantique, en l'échange d'un abonnement mensuel de 99 dollars, pour un "kit" de connexion comprenant tous les éléments de l'antenne accessible contre 499 dollars.
Pour le moment, la constellation Starlink n'en est qu'à ses prémisses. SpaceX veut mettre en orbite basse quelque 12 000 satellites d'ici 2025. Pour l'heure, on en compterait autour de 1 000. Autant dire donc qu'il ne faut pas encore s'attendre à une méga-couverture. De toute façon, ce n'est pas l'objectif premier de ce réseau, pensé avant tout pour offrir de l'Internet haut débit dans des zones où la fibre aurait plus de mal à être disponible, notamment dans les zones reculées, rurales. Autrement dit, la technologie portée par l'entreprise américaine n'entre pas en confrontation avec le FttH.
En ce qui concerne les débits, la promesse faite par Starlink est de dépasser les 100 Mbit/s en descendant (voire les 150 Mbit/s), avec une latence comprise entre 20 et 40 ms. Cette semaine, Elon Musk lui-même a promis que la vitesse doublera dès cette année, pour atteindre les 300 Mbit/s et un ping de 20 ms en moyenne.
En France, Starlink devra notamment affronter la concurrence de Nordnet, une filiale d'Orange, qui compte Eutelsat comme partenaire et a récemment lancé une offre baptisée « neosat », qui pour 39,90 euros par mois (du moins jusqu'au 30 avril 2021, ensuite, le tarif pourrait repasser à 59,90 euros), offre un débit internet par satellite jusqu'à 100 Mbit/s en téléchargement, avec 150 Go priorisés tous les mois. Jusqu'à maintenant, la vitesse plafonnait à 30 Mbit/s. Le débit montant, lui, reste faible à 5 Mbit/s.
Autant dire que Starlink pourrait rapidement rameuter certains clients de Nordnet une fois son activité lancée en France. Pour cela, il faudra dépasser la gronde des Français inquiets, certains redoutant l'installation des stations relais au sol, prenant la forme de dômes pas très esthétiques en campagne.
Source : communiqué de presse