Les déploiements ont commencé pour un public ciblé, et les premiers retours utilisateurs sont unanimes concernant la qualité du service. À quoi s'attendre alors que la constellation doit encore croitre avant une commercialisation globale ?
Le tarif, en tout cas, ne semble pas rebuter les utilisateurs d'Amérique du Nord.
Une soucoupe pas volante
C'est un imposant carton de presque un mètre de long sur la moitié de large que reçoivent les premiers utilisateurs du réseau Starlink, pour 499 dollars (et 99 dollars d'abonnement mensuel). Dans le « package » de SpaceX, c'est bien l'antenne et son trépied qui prennent le plus de place.
L'installation est conçue pour être facile à mettre en place, et une fois alimentée, l'antenne se positionnera seule pour détecter les satellites. Elle est reliée par un long câble dual Ethernet-power (plus de 20 mètres), qui se raccorde à l'alimentation fournie. Il suffit ensuite de relier l'élégant petit boitier routeur à la même alimentation. Une fois configuré, ce dernier émet en Wi-Fi.
Selon les utilisateurs, la mise en œuvre de la première connexion prend entre une et quinze minutes, après quoi les délais sont beaucoup plus courts si le système est fixe avec une vue du ciel dégagée (cela varie si vous vous promenez avec dans une forêt de pins, car oui évidemment, certains ont testé). Dans la lignée des produits Tesla, la réflexion sur le design utilisateur est au rendez-vous ici.
Mieux que rien
Pour le début de cette phase bêta publique, nommée « Better than Nothing » (Mieux que rien), une majorité de commentaires sont dithyrambiques. Les utilisateurs n'hésitent pas à poster leurs tests sur différentes plateformes, en particulier sur Reddit.
Et en effet, le système se déploie vite. Les débits mesurés dépassent généralement les 100 Mbps (12,5 Mo/s, download), ce qui s'établit dans la fourchette haute de ce que SpaceX présente dans sa documentation destinée aux bêta-testeurs. Les latences, elles, évoluent entre 30 et 45 ms, ce qui, sans atteindre les meilleures performances des réseaux terrestres, permet théoriquement aux « starlinkiens » de jouer en réseau dans de très bonnes conditions. Comme le précise Ars Technica, ces caractéristiques sont supérieures à celles que proposent les concurrents actuels des autres services satellitaires comme ViaSat ou HughesNet (moins de 25 Mbps en download, 3,3 Mbps en upload et une latence entre 640 et 730 ms).
Fini les zones blanches
Il faut cependant noter que peu de terminaux sont entrés en service pour le moment. Elon Musk annonce que plusieurs milliers de boitiers seront déployés d'ici la fin du mois… Mais SpaceX semble pour le moment favoriser les utilisateurs dont le profil correspond le mieux au service Starlink actuellement disponible : des communautés isolées, mal desservies par les opérateurs américains ou n'ayant tout simplement jamais eu accès au haut débit. L'objectif, même s'il a parfois été mal compris en France, n'est pas d'entrer en compétition avec la Fibre.
Réservé pour l'heure à quelques états américains du Nord (Idaho, Michigan, Minnesota, Montana, Oregon, Washington et Wisconsin), le service Starlink est encore amplement sujet à des coupures de réseau lorsque l'antenne « saute » d'un satellite à un autre. Pour certains bêtatesteurs cela n'a représenté des déconnexions que de quelques secondes (transparentes en streaming de vidéo ou en navigation) mais pour d'autres cela a vite constitué un problème. Un utilisateur en Idaho a ainsi rapporté qu'il ne pouvait se connecter au portail de Star Citizen, ou passer un appel en vidéo durant plus de quelques minutes sans déconnexion/reconnexion.
Pour SpaceX, cette bêta permet aussi à Starlink d'occuper le terrain, en attendant que la couverture satellitaire proposée soit plus dense. En effet, si la plupart des médias relèvent bien qu'il y a plus de 800 satellites en orbite, ils oublient qu'il n'y en a environ que 500 à 530 effectivement actifs et à leur emplacement définitif dans le grand « maillage » que SpaceX tend à réaliser autour de la Terre pour une couverture idéale. Un meilleur maillage et d'éventuelles communications inter-satellites permettront donc de réduire les latences.
Les profits sont pour plus tard
Quoi qu'il en soit, les utilisateurs cibles ne récriminent pas pour le tarif du matériel de Starlink. Sur Reddit, l'un d'eux explique même « pour un smartphone qui m'a coûté 1 000 dollars, je peux bien investir 500 dollars sur un matériel de cette qualité ».
Ajoutons que pour plusieurs observateurs spécialisés des réseaux, la technologie d'antenne à commande de phase (phased array antenna en anglais) que distribue SpaceX est probablement vendue à perte, à moins d'une exceptionnelle percée sur les composants et l'assemblage en chaîne de ces produits. Mais il ne faut pas oublier que pour un client du service, ce sont aussi 1 188 dollars d'abonnement qui sont déboursés chaque année. De quoi rapidement transformer les quelques milliers d'utilisateurs du bêta-test en investisseurs sur ce nouveau réseau ? D'ici la fin de l'année, la plus grande source de revenus pour Starlink restera… La défense américaine.
Source : Ars Technica, PC Mag