On aurait du mal à voir un humain pour l'échelle... © SpaceX
On aurait du mal à voir un humain pour l'échelle... © SpaceX

Le gigantesque chantier du nouveau site de lancement de SpaceX à Boca Chica (Texas) n'a pas empêché les équipes de réussir les premiers tests avec un prototype de Super Heavy, l'étage qui devrait propulser les futurs vaisseaux Starship vers l'orbite.

Il reste encore beaucoup à faire avant l'essai orbital.

Le cigare du pharaon

Les travaux progressent sur le site de Boca Chica. Les résidents de la région peuvent à présent observer la gigantesque tour de support, érigée pour soutenir les opérations avec Super Heavy et Starship sur leur table de lancement… Cette dernière fait plus d'une centaine de mètres de haut. Lentement, la titanesque tuyauterie et les grands réservoirs au sol arrivent sur le site et sont installés, alors que le ballet des grues joue une danse élégante avec les équipes qui coulent du béton. Deux ans après les premiers sauts du prototype StarHopper (conservé sur place), le site a changé d'échelle.

Et pour s'en rendre compte, il suffisait d'observer ces derniers jours les essais avec le prototype de Super Heavy « BN3 ». 69 mètres de haut, 9 de diamètre et un nouveau support structurel. Rappelons que Super Heavy, c'est le premier étage qui portera le véhicule Starship jusqu'à la frontière de l'espace et à mach 6, pour que ce dernier puisse ensuite s'injecter en orbite. Super Heavy est un étage réutilisable, prévu pour se poser à terre ou sur l'une des futures plateformes consacrées de SpaceX.

Si elle ne relève plus de la science-fiction, cette vue d'artiste a encore quelques semaines ou mois d'avance. © SpaceX.
Si elle ne relève plus de la science-fiction, cette vue d'artiste a encore quelques semaines ou mois d'avance. © SpaceX.

Dans la nuit de lundi à mardi, l'exemplaire BN3 a donc pour la première fois rempli ses réservoirs et passé l'étape d'une mise à feu statique. Mais il ne s'agissait que d'une petite étape, car seuls 3 moteurs étaient installés…

Moteurs en grande série

En effet, les équipes d'Elon Musk se sont enfin fixées sur le nombre total de moteurs Raptor qui permettront à Super Heavy de grimper à travers l'atmosphère : 33 unités ! C'est plus que les 27 moteurs Merlin 1D de Falcon Heavy, et plus également que sur feu le lanceur géant soviétique N1… Toutefois SpaceX dispose d'une maîtrise exhaustive des lanceurs utilisant des groupes de moteurs.

L'exemplaire BN3, qui ne volera pas mais devrait continuer à servir à des tests de remplissage de réservoirs et de compte à rebours fictifs, ne devrait pas recevoir l'ensemble des 33 unités… Reste qu'Elon Musk a évoqué la possibilité d'un test avec 9 Raptor. La capacité de l'entreprise a produire et livrer des moteurs fusée fiables et puissants déterminera d'ailleurs le futur immédiat du programme.

Une drôle de gestion des risques…

Le lancement de Super Heavy, qui plus est avec un Starship (l'exemplaire SN20 est pressenti) n'est toutefois pas à attendre dans les prochaines semaines. Le planning a pris du retard, ce qui n'est pas une grande surprise étant donné l'ampleur du programme et des travaux.

Logiquement, c'est la zone de lancement orbitale qui concentre le plus d'efforts. Or, il reste encore à préparer la table de lancement, une large part de la tuyauterie et de l'équipement… Et les autorités américaines, même si la probabilité est faible, pourraient venir jouer les trouble-fête. En effet, les médias américains ont révélé la semaine dernière que SpaceX construisait sa grande tour « à ses propres risques », n'ayant pas reçu l'approbation de la FAA au moment de son assemblage sur le site. L'agence gouvernementale n'a pas pu terminer son étude d'impact environnemental que les travaux avaient déjà démarré. Il ne manquerait plus qu'un démontage soit obligatoire…