Ce vendredi 8 avril, une capsule Crew Dragon décollera à destination de la Station spatiale internationale pour un voyage de dix jours environ. Une première côté américain… Et le début d'un service régulier pour Axiom Space ? L'entreprise prévoit en tout cas de répéter à plusieurs reprises ces séjours privés.
C'est déjà la troisième rotation « non scientifique » en 8 mois.
Le premier vol d'une longue série
Lorsque la capsule Crew Dragon est arrivée sur le marché, la NASA a pu rétablir ses vols depuis les États-Unis vers la Station spatiale internationale, et faire passer le contingent « non russe » sur la station à quatre astronautes permanents. Moins de deux ans plus tard, le véhicule de SpaceX confirme également sa place dans le domaine du tourisme spatial, avec cette mission Axiom-1.
Bien sûr, il y avait déjà eu l'aventure, en septembre dernier, du milliardaire Jared Isaacman et sa mission « Inspiration4 »... Mais cette dernière n'avait duré que trois jours, et ne concernait pas la Station spatiale internationale. Cette fois, c'est bel et bien une entreprise spécialisée dans les voyages spatiaux qui a acheté sa mission avec SpaceX, et montré patte blanche avec la NASA pour valider un séjour de dix jours pour ses riches voyageurs. Exactement comme Space Adventures l'a fait avec les vols de la capsule Soyouz… mais à une autre échelle.
Tu m'avances 55 millions ?
En effet, là où Soyouz emmenait un seul touriste, ou exceptionnellement deux (ce fut le cas en décembre dernier avec Yusaku Maezawa et Yozo Hirano), ce premier vol Axiom comptera déjà trois passagers, accompagnés par un astronaute expérimenté. Et un deuxième est d'ores et déjà prévu d'ici six mois…
C'est donc un espoir pour tous les ultrariches rêvant d'orbite, pour un tour encore plus exclusif que dans un véhicule de Blue Origin ou dans l'avion fusée de Virgin Galactic. Ultrariches, en effet, car Axiom n'a pas caché le prix d'un tel voyage de dix jours : 55 millions de dollars. Pour le coup, tout est compris dans ce tarif, de la préparation du vol à la récupération dans l'Atlantique… même les boissons (notez que l'alcool, lui, reste probablement proscrit).
Boomer expedition
Pour ce premier voyage touristique vers l'ISS, Crew Dragon disposera toutefois d'un équipage lui aussi international. Il y a d'abord le commandant, Michael Lopez-Alegria, américano-espagnol et ex-astronaute de profession à la NASA. Axiom Space n'a pas recruté n'importe qui, puisqu'il a déjà quatre vols spatiaux à son actif, dont trois en navette et une mission longue au sein de l'ISS sur Soyouz. Il est aussi le deuxième humain à avoir passé le plus de temps en sortie extravéhiculaire (EVA) avec 67 heures « dehors » !
Avec cet hôte de choix, les trois clients d'Axiom sont Larry Connor (USA) qui a reçu la formation de pilote de la capsule, Mark Pathy (Canada) et Eytan Stibbe (Israël). Humoristiquement, la mission a déjà reçu le sobriquet de « boomer expedition »… Un espoir si vous comptiez sur une fortune tardive : Larry Connor a 72 ans cette année.
Voyage « all inclusive », vue garantie
Ce vol de presque 10 jours va donc démarrer par un décollage depuis le Centre spatial Kennedy, prévu ce vendredi à 17 h 17 (Paris) avec la capsule « Endeavour » qui a déjà volé pour les missions Demo-2 et Crew-2 en 2020 et 2021. Le transit vers la station durera environ vingt heures, et l'amarrage à la station devrait avoir lieu de façon entièrement automatisée (même si évidemment l'équipage a reçu la formation nécessaire pour agir en conséquence). Il est actuellement prévu qu'ils restent sur la station jusqu'au 17 avril, avec toutefois une incertitude liée à la météo sur le site de récupération en mer, ce qui implique une marge d'un ou deux jours.
S'il s'agit bien d'une mission de tourisme, Axiom et ses passagers ont communiqué sur « l'imposant » package scientifique que les astronautes réaliseront une fois sur l'ISS. Ils emportent en effet un ensemble de 25 expériences (et se soumettent à quelques-unes supplémentaires avant et après leur mission), à la fois pour les tenir occupés, et pour donner un sens au voyage. Plusieurs ont d'ailleurs été proposées par les touristes eux-mêmes, ce qui n'est pas une mauvaise idée.
Il y a des expériences médicales pour plusieurs groupes d'hôpitaux américains et canadiens, un dispositif holographique pour des « communications 3D », des mini-robots dont les déplacements, les assemblages et le comportement en essaim sont étudiés en 0 g, un nouvel appareil de filtration de l'air, et quelques cellules souches cancérigènes pour observer leur croissance accélérée en impesanteur et la comparer à des modèles. Les touristes ne devraient toutefois pas avoir le droit d'opérer les équipements spécifiques des expériences de l'ISS, en particulier ceux issus de la collaboration internationale (le vol leur offre accès aux modules et aux équipements de la vie à bord, néanmoins).
Que le spectacle commence !
La fusée Falcon 9 qu'ils utiliseront pour atteindre l'orbite en une petite dizaine de minutes utilise un premier étage qui en sera à son cinquième vol, et décollera depuis le pas de tir LC-39A. C'est la première fois qu'il y a deux fusées avec des capsules habitables sur les deux sites LC-39 (l'autre étant le Space Launch System, qui attend lundi prochain pour reprendre ses tests de compte à rebours) en plus d'une décennie !
SpaceX diffusera le décollage, avec une probable prise d'antenne environ 4 heures avant le lancement, lorsque les passagers arriveront pour enfiler leurs combinaisons, puis pour leur installation dans la capsule. Ce sera déjà le 13e vol de l'année pour SpaceX.
Source : Spaceflightnow