Tout était prêt, les astronautes étaient harnachés dans leur capsule, et la fusée prête à rugir. Mais à 2 minutes du décollage, un équipement lié à l'allumage des moteurs empêche le lancement de la mission Crew-6. Cela reste un cas assez rare, alors que se passe-t-il avant la prochaine tentative de vol ?
Le long entraînement avec les procédures entre en jeu.
Crew-6, pas pour aujourd'hui
C'est un message radio à toutes les équipes, qui a dû générer un soupir de déception à Stephen Bowen, Warren Hoburg, Andrey Fedyaev et Sultan Al-Neyadi, à l'intérieur de leur capsule Crew Dragon Endeavour. Le fameux « Hold Hold Hold » est en effet un message qui stoppe immédiatement le compte à rebours. Dans le cas d'une mission comme Crew-6, dont le décollage doit être précis à la seconde, il implique que la tentative de vol n'aura pas lieu.
Voilà ce qu'il s'est passé ce matin du 27 février à 7 h 43, 2 minutes et 14 secondes avant l'allumage prévu des moteurs de Falcon 9, à la suite d'un problème technique. Les valeurs des capteurs ne permettaient pas aux équipes d'avoir la certitude que les niveaux du mélange TEA-TEB (qui sert à allumer les moteurs-fusées) étaient conformes à l'attendu. Cela présente un risque d'allumage instable ou partiel, et c'est une condition bloquante, l'annulation du vol est une question de sécurité. « Hold Hold Hold » est un message radio qui est diffusé en même temps aux astronautes, aux équipes au sol, à la NASA à Houston et au centre de contrôle de SpaceX à Hawthorne, en Californie.
Restez assis et gardez vos ceintures
Il s'agit ensuite d'assurer la sécurité du matériel, mais surtout des quatre astronautes présents à bord : ils sont toujours assis sur plusieurs énormes réservoirs d'ergols, remplis et refroidis.
Durant environ 40 minutes, ils restent assis dans leurs sièges en faisant très attention à leurs mouvements. En effet, si l'ordinateur de bord ou les équipes au sol détectent un problème important, le système d'éjection d'urgence est toujours armé et prêt à embarquer Crew Dragon dans un petit vol à couper le souffle, avec une grosse accélération pour l'emmener loin du site de lancement. Il s'agit donc de garder les casques fermés, les pieds sur les cale-pieds, les communications ouvertes, et ce jusqu'à ce que les deux étages de Falcon 9 soient purgés, et que les lignes d'apport des ergols soient, elles aussi, à vide.
Tout le monde recommence jeudi
Le système d'urgence est ensuite désarmé, et les équipes du Centre spatial Kennedy reprennent les véhicules qui vont les amener au site de lancement (10 minutes de route). Le bras d'accès amovible pour l'équipage est placé à côté de la capsule, au sein de laquelle les occupants ont pu ouvrir leurs casques et gants. Il suffit ensuite d'ouvrir l'écoutille et de ramener tout ce petit monde au sol par l'ascenseur, puis de ramener les combinaisons et le matériel au centre de préparation des astronautes.
Un inventaire est mené dans la journée, tandis que d'autres équipes s'occupent du problème sur la fusée. En cas de problème important, cette dernière peut d'ailleurs être basculée à l'horizontale et transférée dans son hangar en moins d'une demi-journée.
En théorie, pour rejoindre l'ISS, plusieurs fenêtres de tir se succèdent ainsi, toutes les 24 ou 48 heures. Une autre s'ouvre ce 28 février, mais la météo en Floride (mais aussi au large dans l'océan Atlantique, où la capsule doit pouvoir amerrir en cas de problème lors du vol) se dégrade. SpaceX et la NASA ont donc décidé que la prochaine tentative pour Crew-6 aura lieu ce jeudi 2 mars à 6 h 34 (heure de Paris). Avec cette fois, pour l'équipage, un trajet vers l'ISS plutôt que vers le Centre spatial Kennedy…